FICHE QUESTION
11ème législature
Question N° : 3122  de  M.   Loncle François ( Socialiste - Eure ) QG
Ministère interrogé :  affaires étrangères
Ministère attributaire :  affaires étrangères
Question publiée au JO le :  05/12/2001  page : 
Réponse publiée au JO le :  05/12/2001  page :  8846
Rubrique :  politique extérieure
Tête d'analyse :  Moyen-Orient
Analyse :  situation politique
DEBAT :

PROCHE-ORIENT

    M. le président. La parole est à M. François Loncle, pour le groupe socialiste.
    M. François Loncle. Samedi et dimanche, en Israël, de nouveaux attentats kamikazes, des actes de terrorisme que rien ne peut justifier ont soulevé indignation et horreur. J'ajouterai désolation et désespérance parce que le cycle infernal de la violence conduit Israël et les Palestiniens au bord de la guerre, parce que tout processus de négociation et a fortiori tout processus de paix sont totalement bloqués, parce que le Premier ministre israélien fait désormais du président Arafat une cible. C'est une stratégie qui risque d'engendrer les pires conséquences.
    Qui va arrêter cette escalade de la haine et ces carnages ? Comment nous contenter de déclarations de principe, comme si l'on pouvait aujourd'hui sérieusement croire à la reprise d'un quelconque dialogue alors que les deux camps basculent vers l'affrontement ?
    La communauté internationale, si ce terme veut encore dire quelque chose, semble impuissante. Au contraire de la position partiale adoptée, hélas, par les Etats-Unis, peut-on espérer, monsieur le ministre des affaires étrangères, que les Nations unies, que l'Union européenne, que la France s'expriment fortement et proposent des pistes, des issues qui apaiseraient les passions et mettraient fin à cet engrenage tragique ? (Applaudissements sur quelques bancs du groupe socialiste et du groupe Radical, Citoyen et Vert.)
    M. le président. La parole est à M. le ministre des affaires étrangères.
    M. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères. Monsieur le député, au Proche-Orient, l'horreur nourrit l'horreur, la vengeance alimente la vengeance. Je le constate avec une infinie tristesse et aussi une grande amertume parce que cela fait des mois et des mois que la France le dit, que les Européens le disent. Malheureusement, les choses continuent à se dérouler comme dans une tragédie sur laquelle on n'aurait pas de prise. Mais on ne peut pas accepter ce sentiment d'impuissance face à ce qui s'annonce et qui peut être pire que ce qui se passe aujourd'hui.
    En réalité, il faudrait avoir le courage de reconnaître que le mouvement Hamas lutte autant contre l'Autorité palestinienne que contre Israël. Le programme du Hamas est de détruire Israël, alors que le programme de l'Autorité palestinienne est d'instaurer un Etat palestinien à côté d'Israël. Donc, le courage politique voudrait qu'Israël et l'Autorité palestinienne s'associent pour lutter ensemble contre ce terrorisme dont on voit la cruauté, dont on voit la violence. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe socialiste et du groupe Radical, Citoyen et Vert.) Il faudrait qu'ils prennent la tête de ce mouvement. Mais à ce moment-là, il faudrait pouvoir dire à l'Autorité palestinienne : « Parlez à votre peuple, dites-lui que nous allons faire cela ensemble et que cela conduira à un Etat palestinien viable qui existera à côté de l'Etat d'Israël. » (Applaudissements sur divers bancs du groupe socialiste et du groupe Radical, Citoyen et Vert.) Ce serait la seule façon de sortir de cet engrenage abominable, de cette fuite en avant dont je crains, d'après ce que nous savons des décisions à venir, qu'elle ne fasse que s'aggraver.
    Il faut que, du monde entier, vienne une réaction pour dire : « Non, vous vous trompez, vous devez modifier ces réflexes ! » Même si on peut les comprendre à un moment donné, sous le coup de la peine, devant ces morts et ces blessés supplémentaires : plus de mille maintenant, Israéliens et Palestiniens.
    Nous, Français, devons consacrer tous nos efforts, en Europe et au sein de la communauté internationale, à essayer de faire passer ce message. Même si ce n'est pas cela qu'on entend, même si ce n'est pas cela qui s'annonce, je crois que c'est cela notre rôle, maintenant. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe socialiste, du groupe communiste et du groupe Radical, Citoyen et Vert.)

SOC 11 REP_PUB Haute-Normandie O