FICHE QUESTION
11ème législature
Question N° : 36114  de  Mme   Aubert Marie-Hélène ( Radical, Citoyen et Vert - Eure-et-Loir ) QE
Ministère interrogé :  aménagement du territoire et environnement
Ministère attributaire :  aménagement du territoire et environnement
Question publiée au JO le :  18/10/1999  page :  5961
Réponse publiée au JO le :  29/11/1999  page :  6819
Rubrique :  animaux
Tête d'analyse :  nuisibles
Analyse :  martres, belettes et putois. classement
Texte de la QUESTION : Mme Marie-Hélène Aubert attire l'attention de Mme la ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement sur trois espèces inscrites sur la liste nationale des espèces susceptibles d'être classées nuisibles dans les départements, la martre (Martes martes), la belette (Mustela nivalis) et le putois (Mustela putorius). Ces trois petites espèces carnivores ne commettent pas de dégâts suffisants sur les activités agricoles ou forestières, pour répondre aux critères de classement nuisible. Il s'agit en fait de carnivores prédateurs intégrés aux écosystèmes dont les densités de population varient avec celles de leurs espèces proies. La belette est essentiellement spécialisée sur la capture des campagnols. Son rôle est donc favorable aux activités agricoles. De même pour le putois avec les surmulots et les rats musqués dont les dégâts sont considérables ou pour la martre qui capture des écureuils considérés comme gênants par certains forestiers. Ces trois espèces sont méconnues, peu étudiées en France et leur classement en nuisibles peut être dangereux pour leur survie si l'on ajoute le piégeage en période de reproduction, sans limites de prises, à la mortalité naturelle, au tir pendant la chasse, à la destruction par les véhicules ou à la diminution des espaces naturels favorables qui les hébergent (forêts naturelles, haies, zones humides). Aujourd'hui, les notions modernes d'écologie démontrent que le piégeage ne règle pas les problèmes. Cela reste une méthode alibi qui permet aux chasseurs d'éliminer des concurrents et aux autorités de montrer qu'elles font quelque chose. De plus en plus de personnes reconnaissent le rôle positif des prédateurs dans les écosystèmes. Ils limitent les pullulations de rongeurs, éliminent les animaux malades et les charognes. Il est donc légitime de ne pas confier la gestion de faune sauvage uniquement à une minorité de chasseurs. Elle lui demande si elle entend entreprendre des démarches pour retirer la martre, la belette et le putois de la liste nationale des espèces susceptibles d'être classées nuisibles.
Texte de la REPONSE : La ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement a pris connaissance, avec intérêt, de la question relative au classement de la martre, de la belette et du putois dans la liste nationale des espèces susceptibles d'être nuisibles. L'article R. 227-5 du code rural dispose que le ministre chargé de la chasse établit, après avis du Conseil national de la chasse et de la faune sauvage, une liste nationale d'espèces susceptibles d'être classées nuisibles au niveau départemental. Chaque année, le préfet détermine, en application de l'article R. 227-6 du code rural, parmi les espèces figurant sur la liste nationale, celles qu'il convient de classer nuisibles dans le département, en fonction de la situation des différentes espèces, caractérisées par leurs effectifs et leur évolution, et pour un motif tiré soit de la préservation de la santé et de la sécurité publiques, soit de la prévention de dommages importants aux activités agricoles, forestières et aquacoles, soit enfin de la protection de la flore et de la faune. Le classement d'une espèce nuisible permet aux propriétaires et ayants droit de procéder à des destructions préventives d'individus de ces espèces pour prévenir les dommages qu'ils pourraient occasionner. Ces destructions s'opèrent dans un cadre réglementaire précis mis en oeuvre par le préfet du département. Elles n'ont pas pour but l'éradication locale de l'espèce mais son maintien à des effectifs compatibles avec l'exercice d'activités humaines ou avec la conservation d'autres espèces, dans des territoires où les équilibres naturels ont été perturbés par l'homme et où la réduction des effectifs de prédateurs peut s'avérer momentanément nécessaire. La liste nationale a été établie en fonction des données connues sur les problèmes posés par ces espèces, au niveau de l'ensemble du pays, vis-à-vis des activités humaines et des équilibres biologiques. Ce dispositif réglementaire permet un classement adapté aux circonstances locales. Il est compatible avec les prescriptions internationales et communautaires. Il ne me semble pas opportun de soustraire de la liste nationale la martre, la belette et le putois qui localement sont susceptibles de poser des problèmes. Afin d'orienter l'action des préfets lors de la fixation annuelle de la liste des espèces nuisibles dans le département, la ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement leur a demandé par circulaire de veiller à asseoir leurs décisions sur des études scientifiques en leur rappelant qu'en l'absence d'informations fiables, le principe de précaution s'imposait. De ce fait, les trois espèces citées par la question ne seront classées nuisibles que lorsque ce sera totalement justifié. La ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement a également demandé aux préfets de mettre en oeuvre la concertation la plus large possible avant d'arrêter leur décision.
RCV 11 REP_PUB Centre O