FICHE QUESTION
11ème législature
Question N° : 42549  de  M.   Gaillard Claude ( Union pour la démocratie française-Alliance - Meurthe-et-Moselle ) QE
Ministère interrogé :  éducation nationale, recherche et technologie
Ministère attributaire :  éducation nationale
Question publiée au JO le :  06/03/2000  page :  1386
Réponse publiée au JO le :  14/08/2000  page :  4818
Rubrique :  enseignement
Tête d'analyse :  établissements
Analyse :  violence. lutte et prévention
Texte de la QUESTION : M. Claude Gaillard appelle l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie sur une méthode qui a été expérimentée dans un établissement scolaire privé afin de lutter contre les conflits entre collégiens : l'instauration d'élèves « médiateurs » volontaires qui interviennent dès qu'une bagarre éclate. Ceux-ci invitent les protagonistes à venir s'expliquer dans une salle prévue à cet effet afin de régler le problème à l'amiable. Les deux enseignantes qui sont à l'origine de cette « médiation par les pairs », fortement sensibilisées au problème des élèves en grande difficulté, ont promu une méthode ludique pour former les jeunes à la médiation et ainsi contribuer à les responsabiliser. Elles proposent elles-mêmes des stages en établissements (privés ou publics) à l'intention des enseignants ou éducateurs. On remarquera que les élèves médiateurs estiment que cette approche est également très profitable pour eux-mêmes et leur a permis dans certains cas de résoudre des conflits avec leurs propres parents ou de dépasser des sarcasmes suscités par un handicap. Cette expérience a obtenu le premier prix du club européen de la santé à Bruxelles et bénéficie du soutien de la Fondation de France. Il demande si des mesures sont également prévues en faveur de ce type d'approche afin de lutter contre la violence en milieu scolaire.
Texte de la REPONSE : L'expérience d'élèves médiateurs menée dans un établissement scolaire privé afin de lutter contre les conflits entre collégiens est intéressante et originale. Le ministère de l'éducation nationale a pour sa part engagé une action expérimentale similaire intitulée « élèves, acteurs de prévention » qui s'est déroulée de juillet 1997 à juillet 1999. L'action qui a débuté en juillet 1997 par une première réunion du groupe de pilotage constitué de chefs d'établissement, de médecins, de formateurs, de conseillers principaux d'éducation, d'infirmières et d'enseignants, a été poursuivie en septembre 1997 par le lancement d'un appel à candidature auprès de cinq académies sensibles : Aix-Marseille, Créteil, Lille, Lyon et Versailles qui a permis d'impliquer deux à trois établissements par académie intéressés par cette action. Au total, quatorze lycées ont participé à cette action (un LEGT, huit lycées polyvalents et cinq lycées professionnels). Les membres du groupe de pilotage ont suivi les équipes des quatorze établissements concernés au cours de 3 visites organisées en mars 1998, novembre 1998 et avril 1999. Par ailleurs, quatre stages ont eu lieu pour accompagner cette action dans son déroulement. Le ministère de l'éducation nationale a confié à M. Ballion (Robert), sociologue, directeur de recherche au CNRS, le soin de rédiger un rapport d'évaluation sur le bilan des effets de cette action expérimentale. Les points essentiels qui se dégagent de cette étude sont les suivants : dans les lycées où l'action « élèves, acteurs de prévention » s'inscrit dans une démarche de politique globale d'éducation à la santé et à la citoyenneté au sein du projet éducatif de l'établissement, son impact sur le climat et la qualité de vie dans l'établissement est très positif. Sa réussite dépend de l'existence d'un véritable projet d'établissement et d'une équipe cohérente et organisée, de l'implication forte du chef d'établissement, de la composition large du groupe de pilotage (des référents adultes bien intégrés dans la communauté et participant activement aux actions) et de la perception claire par les adultes de la dimension des élèves acteurs de prévention ; même l'action d'« élèves, acteurs de prévention » même si elle ne peut porter à elle seule tous les mérites d'une diminution des actes de violence, de l'absentéisme et d'une amélioration des résultats scolaires, contribue néanmoins à cet effet d'ensemble. Elle est en effet au coeur de la politique de prévention menée par ces établissements pour lutter contre l'échec scolaire, l'exclusion et les conduites à risques ; dans ces établissements l'attitude des élèves s'est améliorée. Ils sont plus responsables et continuent de bâtir leur personnalité tout en aidant leurs pairs. Ils sont, sous la tutelle des adultes référents, animateurs, organisateurs d'actions, diffuseurs et multiplicateurs de messages de prévention. De plus, c'est par leur engagement dans la cogestion des actions de prévention qu'ils ont obtenu la reconnaissance de leurs pairs ; toutefois, la mise en oeuvre d'une participation des élèves dans une action mal définie et mal contrôlée peut donner lieu à des dérives. Compte tenu de ces considérations, on peut estimer que le bilan est globalement positif et que, quel que soit le degré de réussite de l'action dans tous les établissements, elle a suscité un grand intérêt de la part des élèves. C'est pour cela que le ministère de l'éducation nationale compte l'étendre à d'autres établissements.
UDF 11 REP_PUB Lorraine O