Texte de la QUESTION :
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M. Guy Lengagne appelle l'attention de M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie sur la mise en place d'un mécanisme de défense monétaire en Asie de l'Est. Ce mécanisme permettrait aux banques centrales des pays signataires, grâce à un accord dit de swaps, de s'échanger des blocs de devises en cas d'attaques spéculatives sur la monnaie de l'une d'entre elles. Le principe, initié et proposé par le Japon aux dix pays de l'Association des nations du Sud-Est Asiatique (ASEAN) ainsi qu'à la Chine et à la Corée du Sud, a été entériné le 6 mai dernier par les ministres des finances de ces pays. Ce mécanisme de défense monétaire, qui mobilisera plusieurs dizaines de milliards de dollars afin de protéger la zone des crises financières et de l'explosion de bulles spéculatives, concrétise pour la première fois une plus grande coopération économique entre les pays de la région de l'Asie de l'Est. Aussi il souhaiterait connaître sa position sur ce sujet.
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Texte de la REPONSE :
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Les ministres des finances des pays de l'Association des nations du Sud-Est asiatique (Asean), de la Chine, du Japon et de la Corée du Sud, réunis le 7 mai 2000 en marge de l'assemblée annuelle de la Banque asiatique de développement, à Chiang Mai, ont lancé ce qu'il est convenu d'appeler l'initiative de Chiang Mai. Cette initiative comprend plusieurs volets : la création d'un mécanisme d'entraide mutuelle. Les ministres des finances ont décidé d'élargir un accord multilatéral d'échanges de devises en vigueur depuis 1977 entre les banques centrales des cinq Etats fondateurs de l'Asean, destiné à résoudre des difficultés temporaires de balance de paiements et à lutter contre des attaques spéculatives. Cet accord a été étendu à Brunei en mai 2000 et devrait intégrer ultérieurement la Birmanie, le Cambodge, le Laos et le Vietnam. Le principe d'une extension à la Chine, à la Corée du Sud et au Japon a été acté à Chiang Mai. Les modalités pratiques de fonctionnement de cet accord élargi (montant total des réserves engagées, partage du financement, conditions d'accès, processus de décision) ne sont pas encore fixées, mais une étude a été confiée sur ce sujet au secrétariat de l'Asean ; le renforcement du mécanisme de surveillance au niveau régional mis en place en 1998 et qui permet aux ministres des finances de se réunir régulièrement (deux fois par an) pour discuter de façon confidentielle de la situation économique et des politiques économiques de chaque pays de la région ; la création d'un réseau d'institutions de recherche et de formation des hauts fonctionnaires, des échanges d'experts en finances publiques et politique monétaire. Cette initiative est positive dans la mesure où, à l'instar du processus qui a abouti à l'Union économique et monétaire en Europe, elle se place résolument dans le cadre du système de Bretton-Woods. En effet, un système de coopération régionale est indissociable d'un dispositif de prévention des crises où le Fonds monétaire international (FMI) joue un rôle central. Le mécanisme d'entraide mutuelle en cours de finalisation a en effet pour objectif de compléter le soutien des institutions financières internationales, notamment celui du FMI. On est donc très loin du concept de Fonds monétaire asiatique initialement avancé par le Japon lors des assemblées annuelles du FMI de la Banque mondiale à Hong-Kong à l'automne 1997, qui visait a contrario à supplanter le FMI, et sur lequel Américains et Européens avaient exprimé de fortes réserves. L'initiative Chiang Mai participe de la volonté des pays asiatiques de renforcer les mécanismes existant en matière de coopération monétaire et économique depuis la crise asiatique de 1997. Celle-ci a montré, en effet, les limites de politiques d'ancrage sur le dollar peu en ligne avec les fondamentaux des économies et souligné les interdépendances des économies asiatiques. La recherche de la stabilité monétaire et d'un système de change soutenable qui permette de stabiliser les taux de change et de stimuler les investissements en Asie, et dans le monde, est un objectif que nous partageons tous.
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