Texte de la REPONSE :
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Globalement, les pays candidats à l'adhésion ont connu, au cours de ces dix dernières années, une forte réorientation de leurs échanges commerciaux en direction de l'Union européenne. En moyenne, deux tiers de leurs importations proviennent en effet des Etats membres, cette proportion pouvant même aller, dans le cas de la Pologne, jusqu'à 75 %. A titre de comparaison, 68 % des importations françaises, 52 % des importations allemandes et 47 % des importations britanniques proviennent d'un Etat membre de l'Union européenne. Cette réorientation des exportations des pays candidats vers l'Union européenne s'est accompagnée, d'un point de vue sectoriel, d'une modification de la nature et de la structure des échanges. Si le commerce inter-branche continue de dominer les échanges entre les deux zones, le commerce intra-branche a en effet sensiblement progressé, notamment dans les pays les plus avancés dans la transition. Par ailleurs, la spécialisation sectorielle des pays candidats à l'adhésion est également en mutation rapide. Longtemps dominées par les secteurs intensifs en main-d'oeuvre et en matières premières, les économies des pays d'Europe centrale et orientale doivent aujourd'hui faire face à une forte diminution de leurs avantages comparatifs dans les industries traditionnelles et connaissent parallèlement une croissance sensible de leurs échanges dans les secteurs à plus forte valeur ajoutée. Ils se rapprochent ainsi de plus en plus nettement des caractéristiques commerciales des pays membres de l'Union européenne. Ce rapprochement des processus de production et des structures des échanges a été accompagné et renforcé sur le plan juridique afin de préparer au mieux l'élargissement de l'Union. Le volet commercial des accords d'association conclus entre l'Union européenne et chacun des pays candidats au cours de la première moitié des années 90 organise en effet l'ouverture progressive et asymétrique d'une zone de libre-échange avec les pays de l'Europe centrale et de l'Ouest. La libéralisation des échanges commerciaux, déjà largement engagée, sera donc quasiment achevée au moment de l'adhésion. L'Union a ainsi déjà éliminé ses restrictions quantitatives et ses droits de douane sur tous ses produits industriels et accordé le traitement national en matière de services. De leur côté, les pays candidats bénéficient de dispositions plus souples leur permettant de maintenir des restrictions sur les échanges de biens (jusqu'en 2001) et de services (jusqu'en 2004 pour les services financiers), les échanges agricoles faisant quant à eux l'objet de concessions mutuelles spécifiques et limitées. La part de marchés moyenne de l'Allemagne dans les pays candidats à l'adhésion est supérieure à 27 % alors qu'elle ne s'élève qu'à 18 % en intra-communautaire. Elle est ainsi, sur l'ensemble de la zone, trois fois plus présente que l'Italie, quatre fois plus que la France et près de sept fois plus que le Royaume-Uni. Les pays candidats à l'adhésion à l'Union européenne ne constituent toutefoispas, dans le domaine commercial, une zone totalement homogène. La proximité géographique et la persistance de liens historiques donnent en effet à chacun une spécificité propre. Deux groupes peuvent ainsi être distingués. Le premier regroupe l'ensemble des pays où la présence commerciale allemande est largement dominante. Comprenant la République tchèque, la Slovaquie, la Pologne, la Hongrie et, dans une moindre mesure, la Lituanie, cette zone, située au nord de l'Europe centrale, a en fait renforcé au cours de ces dernières années des liens économiques et commerciaux forts et anciens qui existaient déjà avant même la chute des régimes communistes. Dans l'ensemble des pays, la part de marchés de l'Allemagne, qui oscille en moyenne entre 20 et 40 %, est en effet deux fois plus élevée que la plus importante de celle que son plus proche concurrent européen. Un deuxième groupe rassemble quant à lui les pays où, compte tenu de l'éloignement géographique de l'Allemagne, la présence économique des Etats européens est plus équilibrée. Avec des parts de marché variant entre 10 et 15 %, les entreprises allemandes sont, sur l'ensemble de cette zone, encore très présentes mais sont concurrencées de manière beaucoup plus manifeste. Au nord, la Lettonie et plus encore l'Estonie se singularisent ainsi par une forte orientation de leur commerce avec la zone scandinave (jusqu'à 45 % de ses importations dans le cas de l'Estonie). Au sud, l'Italie a su profiter de sa proximité avec la Slovénie, la Roumanie et Malte pour renforcer, avec près de 20 % de parts de marché, sa présence commerciale dans la région. Alors qu'elle se situe au cinquième rang européen dans la zone intracommunautaire, l'Italie constitue en effet, en Europe, le deuxième partenaire commercial des pays candidats à l'adhésion. De même, le poids des liens historiques avec Chypre et Malte permet au Royaume-Uni de maintenir, tout au moins avec les candidats méditerranéens, une position commerciale de bon niveau (11 % de part de marchés à Chypre, 10 % à Malte). Au cours de la dernière décennie, la France a réalisé des progrès importants en multipliant par sept ses exportations à destination des pays candidats à l'adhésion. Celles-ci dépassent désormais 50 milliards de francs. Parallèlement, le développement moins rapide des importations (quadruplement au cours de la décennie 90) a permis à la France de dégager un excédent commercial croissant avec ces pays (plus 11 milliards de francs en 1999, contre un déficit de 2,6 milliards de francs en 1990). Toutefois, avec 6 % de parts de marché en Europe centrale et orientale, la France demeure encore en deçà de son potentiel. Sa part de marché dans les pays candidats à l'Union européenne demeure en effet modeste à la fois par rapport aux résultats qu'elle obtient à l'intérieur même de l'Union européenne (plus de 10 % de part de marchés) et par rapport aux performances que réalisent ses principaux partenaires, notamment l'Allemagne (27 %) et de l'Italie (9 %). Ce constat général mitigé ne doit toutefois pas cacher des variations sensibles selon le pays considéré. La France est ainsi correctement positionnée en Pologne et en Roumanie avec environ 7 % de parts de marché. Elle occupe, avec 5 % de parts de marché, une place honorable en République tchèque, en Bulgarie, en Hongrie et à Chypre. A l'inverse, elle est moins bien placée en Slovaquie et dans les pays baltes (environ 3 %). Quant à la situation de la Slovénie et de Malte, où les parts de marché de la France sont élevées (respectivement 12 % et 16 % en 1999), elles relèvent d'une logique particulière. L'implantation de Renault en Slovénie et celle de ST Microelectronics à Malte expliquent en effet à elles seules respectivement la moitié et les trois quarts des exportations françaises vers ces deux pays. (Voir tableau dans J.O. correspondant)
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