FICHE QUESTION
11ème législature
Question N° : 50575  de  M.   Paillé Dominique ( Union pour la démocratie française-Alliance - Deux-Sèvres ) QE
Ministère interrogé :  affaires étrangères
Ministère attributaire :  affaires étrangères
Question publiée au JO le :  11/09/2000  page :  5191
Réponse publiée au JO le :  30/10/2000  page :  6217
Rubrique :  politique extérieure
Tête d'analyse :  Birmanie
Analyse :  droits de l'homme
Texte de la QUESTION : Le leader des démocrates birmans Aung San Suu Kyi - Prix Nobel de la Paix - a été interpellée par la police et les forces de sécurité de son pays, le 24 août. En réaction, le gouvernement belge vient de décider que le contrat de TotalFinaElf couvrant une année à partir du 1er septembre et en principe 2 fois renouvelable ne sera pas reconduit. Il a en outre pris l'initiative que dorénavant lors de la rédaction de toutes les offres pour la fourniture de biens et de services aux administrations fédérales, des critères éthiques seront pris en compte afin que les contrats signés par des entreprises qui soutiennent des régimes dictatoriaux soient exclus. M. Dominique Paillé demande à M. le ministre des affaires étrangères de lui préciser sa position à l'égard des régimes totalitaires et notamment de la Birmanie.
Texte de la REPONSE : La situation en Birmanie est préoccupante. La crise, ouverte après que la junte birmane a bafoué les résultats des élections de 1990, remportées par la ligue nationale pour la démocratie (LND) de Mme Aung San Suu Kyi, reste aiguë. Le dialogue entre la junte au pouvoir et l'opposition ne se noue pas et les violations des droits de l'homme persistent. La France et l'Union européenne demandent la levée des entraves à la liberté de circulation et d'expression de Mme Aung San Suu Kyi. L'Union européenne a adopté, en octobre 1996, une position commune qui prévoit notamment des mesures restrictives à l'encontre de la Birmanie et de ses dirigeants : embargo sur les armes ; suspension des visites bilatérales de haut niveau ; suspension de l'aide non humanitaire et de la coopération militaire ; restrictions en matière de visas. Constatant l'absence d'évolution positive à Rangoun, l'Union européenne a décidé, le 11 avril dernier, de renforcer ce dispositif en apportant des restrictions supplémentaires au régime de délivrance des visas et en décidant un gel des avoirs détenus à l'étranger par les dirigeants birmans. La situation en Birmanie fait l'objet d'une condamnation constante de la communauté internationale, notamment au sein de la commission des droits de l'homme des Nations-Unies. Sa 56e session a adopté, en avril dernier, à l'initiative de l'Union européenne, une résolution sur la situation des droits de l'homme en Birmanie. S'agissant du travail forcé, la France et ses partenaires européens ont sanctionné le recours par la Birmanie à de telles pratiques en suspendant les avantages préférentiels dont bénéficiaient, en matière de tarifs douaniers (schémas de préférence généralisée), les produits originaires de ce pays. La conférence internationale du travail a adopté, en 1999, des sanctions à l'encontre de la Birmanie pour les mêmes raisons (suspension du bénéfice des programmes de coopération et de la participation aux réunions de l'OIT). Tout en prenant en compte la mission à Rangoun effectuée en juin par le bureau international du travail, la 88e session de la conférence a adopté de nouvelles mesures qui entreront en vigueur le 30 novembre si la Birmanie ne se conforme pas aux recommandations de l'OIT. Estimant qu'une approche uniquement fondée sur les sanctions serait contreproductive, la France est ouverte aux initiatives susceptibles de contribuer à faire progresser la Birmanie sur la voie de la démocratisation et de la réconciliation nationale. Elle apporte son plein soutien à la mission de bons offices de M. Razali Ismail, envoyé spécial du secrétaire général des Nations-Unies pour la Birmanie, qui tente d'engager un dialogue constructif avec les autorités birmanes. Elle encourage les pays de l'ASEAN à jouer de leur influence pour tenter d'infléchir la situation à Rangoun. L'Union européenne s'est montrée elle-même disposée à entamer un dialogue significatif avec Rangoun. Une première mission de la troïka s'était rendue à Rangoun en juillet 1999 afin de faire valoir les préoccupations européennes s'agissant des droits de l'homme et de la démocratie et de tenter de faciliter l'établissement d'un dialogue entre les parties. Une seconde mission, qui devait avoir lieu fin octobre, ne pourra pas se faire, suite à la demande birmane de la reporter. Le ministre des affaires étrangères a cependant pris l'initiative de rappeler instamment au PDG de la société Total la vigilance de la France quant au respect des droits de l'homme en Birmanie. La France continuera d'oeuvrer sans relâche, à titre bilatéral comme au sein de l'Union européenne, en faveur de la restauration de la démocratie et du respect des droits de l'homme en Birmanie.
UDF 11 REP_PUB Poitou-Charentes O