FICHE QUESTION
11ème législature
Question N° : 51180  de  M.   Le Roux Bruno ( Socialiste - Seine-Saint-Denis ) QE
Ministère interrogé :  affaires européennes
Ministère attributaire :  affaires européennes
Question publiée au JO le :  25/09/2000  page :  5452
Réponse publiée au JO le :  25/12/2000  page :  7312
Rubrique :  propriété intellectuelle
Tête d'analyse :  brevets
Analyse :  brevets européens. traduction en français. maintien
Texte de la QUESTION : M. Bruno Le Roux souhaite attirer l'attention de M. le ministre délégué chargé des affaires européennes sur le risque de voir disparaître la traduction en langue française des brevets européens. Revenant sur le compromis négocié en juin 1999 avec les professionnels, le Gouvernement s'apprêterait à signer un accord intergouvernemental mettant fin à l'obligation de traduction des brevets européens en français. Ce compromis permettait d'assurer la traduction de la « partie signifiante » de la description du brevet nécessaire à la compréhension de l'invention et la réduction de 50 % du coût de la traduction. Le nouveau dispositif envisagé laisserait le choix entre les trois langues officielles (allemand, français, anglais). Le risque est ainsi grand de voir l'anglais s'imposer et les deux autres langues se marginaliser. L'Académie des sciences morales et politiques et le Conseil supérieur de la propriété industrielle ont émis des avis défavorables à ce projet d'accord, soulignant les risques de disparition de l'utilisation de la langue française pour le dépôt des brevets européens favorisant les grands groupes au détriment de nombreuses petites et moyennes entreprises obligées de faire traduire à leurs frais les brevets. Il lui demande quelle sera finalement la position défendue par la France lors du sommet de Londres du 16 octobre 2000.
Texte de la REPONSE : L'honorable parlementaire a bien voulu appeler l'attention du ministre délégué chargé des affaires européennes sur la question de la traduction des brevets européens en français. Le coût élevé du brevet européen constitue un frein à l'innovation et à la compétitivité européenne. C'est la raison pour laquelle la France a lancé en juin 1999 une conférence intergouvernementale visant à modifier la convention de Munich sur le brevet européen, avec pour objectifs, d'une part, la réduction des coûts supportés par les inventeurs lorsqu'ils ont recours à l'office européen des brevets et, d'autre part, l'amélioration de la sécurité juridique des brevets. Un groupe de travail a été mandaté pour faire des propositions visant à diminuer de moitié les frais liés aux traductions, qui représentent le premier poste de dépense dans la procédure d'obtention d'un brevet européen. Les travaux de ce groupe ont révélé que la proposition française de limiter les exigences de traduction à la seule production d'une traduction partielle n'était pas soutenue par les autres délégations. En revanche, il s'est dessiné un mouvement en faveur de l'abandon complet des exigences de traduction, pour peu que le brevet soit disponible en anglais. Un tel dispositif était bien évidemmment inacceptable au regard de la politique de défense de la langue française. Aussi le Gouvernement a-t-il donné instruction à notre délégation au sein de la conférence intergouvernementale de s'y opposer. Cette attitude ferme a permis l'adoption d'un compromis plus satisfaisant au regard des deux impératifs qui ont guidé notre démarche : l'amélioration de la compétitivité européenne et la défense de la langue française. En effet, l'accord additionnel facultatif issu des travaux du groupe prévoit désormais un régime fondé sur les trois langues de travail de l'office européen des brevets, dont le français. Cet accord offre les garanties souhaitées pour la préservation de la place du français. Il prévoit que tout pays peut continuer à exiger la traduction des revendications, partie la plus significative du fascicule du brevet. En outre, selon l'interprétation souhaitée par la France, il ménage la possibilité pour les Etats qui le souhaitent de faire assurer la traduction du fascicule du brevet à leurs propres frais. Pourtant, en dépit de ces garanties, l'accord suscite, dans les milieux intéressés, de nombreuses interrogations voire des inquiétudes auxquelles le Gouvernement est très sensible. Aussi, à la conférence intergouvernementale qui s'est tenue les 16 et 17 octobre 2000 à Londres, notre délégation conduite par le sécrétaire d'Etat à l'industrie a annoncé qu'elle ne pouvait à ce jour envisager la signature de l'accord proposé. Le Gouvernement entend poursuivre ses consultations, en sollicitant toutes les parties intéressées : parlementaires et élus, entreprises et chercheurs, avocats, conseils en propriété industrielle, académies. C'est à la lumière de ces résultats que le Gouvernement arrêtera sa position à l'égard de l'accord, au plus tard le 30 juin 2001.
SOC 11 REP_PUB Ile-de-France O