Rubrique :
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défense
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Tête d'analyse :
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armement
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Analyse :
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SNPE. production d'octogène. maintien. Sorgues
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Texte de la QUESTION :
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M. Georges Sarre attire l'attention de M. le ministre de la défense sur la décision, dont la presse s'est récemment fait l'écho, de la Société nationale des poudres et explosifs (SNPE) d'arrêter la production d'octogène de son usine de Sorgues (Vaucluse), pour cause de non-rentabilité ; décision d'autant plus préoccupante que le produit chimique en question est précisément l'initiateur de la réaction atomique de nos bombes A. A cet égard, le porte-parole de la SNPE, confirmant cette décision, indiquait récemment avoir « prévenu notre client » (à savoir l'Etat) et « constitué des stocks », « pour ne pas le prendre de court » avant de préciser qu'« à plus long terme », la SNPE travaillait « sur de nouvelles molécules qui se substitueront à l'octogène », tout en prévoyant « dans l'intervalle » de « requalifier » des produits étrangers - autrement dit, de les mettre aux normes requises chez nous. Il s'inquiète d'une telle décision dictée par un souci d'économie discutable, compte tenu, d'une part, de l'enjeu ultime (à savoir le maintien de notre indépendance nationale en matière de nucléaire militaire) : compte tenu, d'autre part, du coût conséquent impliqué par les projets actuels de la direction de la SNPE (qu'il s'agisse de la « requalification » de produits étrangers, de la réorientation de l'entreprise vers la chimie civile, ou de son implantation sur les marchés étrangers, nord-américains notamment) ; compte tenu, enfin, des prévisions de résultat net de la SNPE qui, même révisées à la baisse en raison des 25 millions de francs de perte attendus cette année dans la branche défense, n'en dégagera pas moins vraisemblablement quelque 115 millions de francs en 2000. Dans ce contexte, il lui demande donc de faire au plus tôt le point de ce dossier. Il lui demande notamment de préciser comment l'Etat accueille cette décision de la SNPE de mettre un terme à sa production d'octogène, et quelles en sont les conséquences, à court et moyen termes, sur la crédibilité de notre outil de dissuasion et notre indépendance nationale en la matière.
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Texte de la REPONSE :
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L'arrêt de la production d'octogène, programmé en même temps que celle de la tolite au sein de l'établissement SNPE de Sorgues, s'inscrit dans le cadre du plan de rationalisation des activités matériaux énergétiques du groupe. Conformément aux dispositions du code du travail, ce plan a fait l'objet d'une procédure légale d'information et de consultation du comité central d'entreprise et des comités d'établissement concernés entre les mois de juin et d'août 2000. Il répond à la nécessité d'adapter les capacités industrielles de cette branche d'activités de SNPE aux besoins des marchés de défense qui se sont considérablement réduits depuis une quinzaine d'années, surtout dans le domaine des poudres et explosifs militaires. Cette démarche s'inscrit également dans une perspective de consolidation, tant sur le plan national, avec le projet annoncé de rapprochement des activités correspondantes et de propulsion solide des groupes SNECMA et SNPE, qu'au plan européen, afin d'assurer la pérennité et la compétitivité d'un secteur industriel durement touché. L'octogène et la tolite sont des produits aux applications diverses qui pourront sans difficulté être approvisionnés pour celles qui le requerront, par exemple en Norvège et en Pologne. Le besoin très limité en octogène pour l'armement nucléaire français ne justifiait pas qu'une ligne de production soit conservée sur le territoire national. C'est pourquoi, au regard des différentes solutions existantes permettant de pallier, à court ou à long terme, les conséquences prévisibles pour nos programmes d'armement, le ministère de la défense a autorisé SNPE à arrêter sa production d'octogène, dès lors que les stocks nécessaires auront été constitués. Ces mesures permettent de ne pas affecter la crédibilité de notre force de dissuasion nucléaire. De plus, la substitution à l'octogène français, pour certaines applications, d'autres explosifs de base, nécessitera dans la plupart des cas de simples homologations des nouvelles sources d'approvisionnement sans qu'il soit besoin de procéder à des requalifications d'un coût plus important. Par ailleurs, le groupe SNPE a mené depuis sa création une politique de diversification sur les marchés civils et notamment une stratégie de développement externe basée sur des acquisitions ou des prises de participations sur des marchés ciblés, lui permettant d'occuper de solides positions industrielles et commerciales, gages de ses résultats actuels et de son développement futur sur les créneaux qu'il a investis. Ainsi, le groupe SNPE a poursuivi en 1999 sa stratégie de croissance dans la chimie fine et a développé sa présence sur les marchés étrangers, notamment en entrant dans le périmètre de consolidation des sociétés américaines VanDeMark-Vanchem et MPS. Malgré des disponibilités financières limites, ces décisions d'investissement ont été prises au vu de perspectives de retour favorables pour le groupe SNPE, notamment au regard de l'importance majeure que représente le marché américain pour la chimie fine, et plus généralement de l'exigence de relations de proximité exprimée de plus en plus fréquemment par ses clients dans le monde. Ces décisions ne remettent pas en cause la nécessité de chercher à rétablir l'équilibre économique des activités à dominante militaire de cette entreprise publique.
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