Rubrique :
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langue française
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Tête d'analyse :
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défense et usage
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Analyse :
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institutions communautaires
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Texte de la QUESTION :
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M. Jean Charroppin appelle de nouveau l'attention de M. le ministre délégué chargé des affaires européennes sur la place effective de la langue française au sein des institutions européennes et de son incontestable et inquiétant recul, malgré les dénégations apportées par le gouvernement français. En particulier, de nombreux observateurs ont noté que seule la langue anglaise était désormais utilisée lors des conférences de presse et par la commission européenne dans ses documents les plus importants, spécialement pour les événements à forte portée médiatique comme ce fut le cas le 21 novembre dernier concernant les travaux consacrés aux Balkans. Une telle attitude est contraire aux principes de pluralité affichés par l'Union européenne et, d'une manière générale, on assiste à l'imposition forcée de l'anglais comme langue prioritaire, favorisant en réalité très largement les anglophones aux concours d'emplois à la commission, bien que la grande majorité des cadres parlent généralement l'allemand et le français mieux que l'anglais. Cette évolution est d'autant plus incompréhensible que ces fonctionnaires européens d'origine britannique imposent de fait une vision différente, sinon hostile, à la construction européenne communément admise par l'ensemble des autres partenaires. A présent, il convient de mettre fin à cette évolution qui s'opère au détriment des autres cultures européennes et de rééquilibrer et de limiter l'omnipotence des britanniques dans certains secteurs d'action actuellement essentiels pour la construction européenne. Les faits étant ainsi établis en parfaite contradiction avec les principes édictés par les institutions européennes, il lui demande les mesures qu'il entend prendre afin de remédier à cette situation.
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Texte de la REPONSE :
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L'honorable parlementaire a bien voulu appeler l'attention du ministre délégué chargé des affaires européennes sur la place croissante de la langue anglaise dans la communication de la Commission européenne, dans le recrutement des fonctionnaires européens et sur l'influence qu'aurait cette évolution sur les politiques menées par cette institution. Un examen détaillé de la situation actuelle laisse apparaître un bilan plus nuancé et plus encourageant. Ainsi, s'agissant des contacts avec la presse, un suivi quotidien des points de presse permet de constater que le français est largement utilisé en salle de presse. Plusieurs commissaires et le porte-parole du président de la Commission utilisant notre langue, de même que nos six compatriotes qui exercent les fonctions de porte-parole d'un commissaire. De nombreuses questions sont posées en français, auxquelles il est systématiquement répondu dans notre langue. S'agissant du recrutement au sein de la Commission, notamment celui des administrateurs, aucune information ne permet de penser que les anglophones soient indirectement privilégiés. Ainsi, lors des concours de recrutement des agents de catégorie A lancés en 1999 dont les résultats ont été diffusés en 2000, les lauréats français constituaient 17 % de l'effectif total ; ils étaient légèrement plus nombreux que les Allemands et deux fois plus nombreux que les Britanniques. Les Espagnols étaient également plus nombreux que les Britanniques. Il n'y a donc pas de dominance d'une région de l'Europe sur l'autre au sein de la Commission. L'honorable parlementaire peut être confiant dans la détermination du Gouvernement à defendre la place du français et du plurilinguisme dans les institutions européennes et à tout mettre en oeuvre pour que cette place soit maintenue dans l'Union élargie.
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