FICHE QUESTION
11ème législature
Question N° : 59498  de  Mme   Helle Cécile ( Socialiste - Vaucluse ) QE
Ministère interrogé :  justice
Ministère attributaire :  justice
Question publiée au JO le :  02/04/2001  page :  1910
Réponse publiée au JO le :  25/06/2001  page :  3719
Rubrique :  droit pénal
Tête d'analyse :  atteintes à la personnalité
Analyse :  imputations diffamatoires à l'égard de chefs d'Etat étrangers. article 36 de la loi du 29 juillet 1881. abrogation
Texte de la QUESTION : Mme Cécile Helle souhaite attirer l'attention de Mme la garde des sceaux, ministre de la justice, sur l'article 36 du code pénal français issu de la loi de 1881 sur la presse. Cet article permet aux chefs d'Etat français et étrangers de se prévaloir de protection ou d'immunité dans le cas où ils se sentent offensés par un article de presse ou un ouvrage rendu public. S'il apparaît que les présidents successifs de l'Etat français n'aient jamais eu recours à cet article, il n'en est pas de même de certains chefs d'Etat de pays non démocratiques, trouvant là un prétexte légal pour museler et étouffer toute liberté d'expression. Pour éviter ce recours abusif et dangereux, elle aimerait savoir dans quelle mesure une modification du code pénal sur ce point précis est envisageable.
Texte de la REPONSE :

La garde des sceaux, ministre de la justice, fait connaître à l'honorable parlementaire qu'il n'est pas actuellement envisagé d'abroger les dispositions de l'article 36 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse réprimant l'offense envers les chefs d'Etats étrangers. Cette disposition a été récemment modifiée par la loi du 15 juin 2000 renforçant la protection de la présomption d'innocence et les droits des victimes, qui a supprimé la peine d'un an d'emprisonnement auparavant encourue. Par ailleurs, si une jurisprudence ancienne a considéré que les personnes poursuivies du chef de ce délit ne pouvaient juridiquement, comme en matière de diffamation, invoquer l'exceptio veritatis à titre de moyens de défense, il demeure que les tribunaux jugent l'infraction non constituée si les propos contestés ne constituent pas un abus du droit de libre expression. Ce délit de presse doit en effet être interprété au regard des dispositions constitutionnelles et conventionnelles qui garantissent la liberté d'expression dans une société démocratique. Dans ces conditions, pour reprendre les exemples cités par l'honorable parlementaire, il n'apparaît pas que le fait de rappeler qu'un dirigeant ou un ex-dirigeant d'un Etat étranger se serait rendu coupable de comportements que condamne la communauté internationale, et qui peuvent d'ailleurs faire l'objet de procédures judiciaires, puisse constituer le délit prévu par l'article 36 de la loi du 29 juillet 1881. Il convient enfin d'indiquer, d'une part, que la 17e chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Paris, par un jugement du 25 avril 2001 frappé d'appel, a estimé que les dispositions de l'article 36 de la loi précitée étaient incompatibles avec les principes d'égalité des armes et de liberté d'expression tels qu'énoncés  par les articles 6 et 10 de la Convention européenne des droits de l'homme, et d'autre part que la Cour européenne des droits de l'homme, saisie d'une requête contestant l'article 36 précité, ne s'est pas encore prononcée à ce jour.

 

SOC 11 REP_PUB Provence-Alpes-Côte-d'Azur O