FICHE QUESTION
11ème législature
Question N° : 72207  de  M.   de Villiers Philippe ( Députés n'appartenant à aucun groupe - Vendée ) QE
Ministère interrogé :  justice
Ministère attributaire :  justice
Question publiée au JO le :  28/01/2002  page :  419
Réponse publiée au JO le :  29/04/2002  page :  2226
Rubrique :  professions judiciaires et juridiques
Tête d'analyse :  avocats
Analyse :  aide juridictionnelle. indemnisation
Texte de la QUESTION : M. Philippe de Villiers attire l'attention de Mme la garde des sceaux, ministre de la justice, sur les préoccupations exprimées par l'ensemble des barreaux français concernant les projets de réforme judiciaire initiés par le Gouvernement. De nombreux avocats s'inquiètent de l'avenir de l'institution judiciaire dans notre pays. Malgré une grande mobilisation des avocats de France, fin 2000, en faveur d'une réforme de l'accès au droit et de l'aide juridictionnelle, aucune avancée significative n'a eu lieu. Le Gouvernement s'était engagé le 18 décembre 2000, à présenter un projet de réforme pour le 15 septembre 2001 au plus tard. Ce projet de réforme devait être examiné avant la fin de la législature. L'avant-projet de loi réformant l'aide juridictionnelle n'apporte aucune réponse satisfaisante aux préoccupations exprimées et le projet de décret n'a pas été diffusé. Cette situation suscite inquiétude et mécontentement des avocats de France. Il lui demande quelle est la position de son ministère face à ces préoccupations et quelle sera la suite donnée aux propositions faites par toute la profession.
Texte de la REPONSE : La garde des sceaux, ministre de la justice, assure l'honorable parlementaire de l'attention qu'elle porte aux préoccupations exprimées par les avocats qui oeuvrent dans le cadre de l'aide juridique afin de permettre aux citoyens un égal accès au droit et à la justice. Elle s'est engagée, aux termes du protocole d'accord signé le 18 décembre 2000 avec les organisations professionnelles représentant les avocats, sur des actions immédiates ainsi que sur la refonte du système de l'aide juridique. Cet accord a été respecté sur les deux points. En premier lieu, les engagements financiers sont réalisés : la gratuité de la copie des pièces pénales est entrée en vigueur dès 2001, et la rémunération de l'aide à l'intervention de l'avocat qui assiste le détenu au cours de la procédure disciplinaire en relation avec sa détention est prévue dans la loi de finances pour 2002, n° 2001-1275 du 28 décembre 2001. Cet accord a prévu également, au titre de l'aide juridictionnelle, une revalorisation importante des barèmes de rétribution des avocats dans les procédures les plus fréquemment couvertes par l'aide juridictionnelle ; pour 2001 et 2002, cette mesure constitue un effort budgétaire de 53,36 MEUR (soit 350 MF), ce qui représente une progression de 60 % des crédits consacrés à l'aide juridictionnelle de 1997 à 2002 et une augmentation de la rétribution des avocats de 25 % en moyenne. En second lieu, la refonte de l'aide juridique a fait l'objet d'un projet de loi déposé le 20 février dernier sur le bureau du Sénat, à l'élaboration duquel ont été associées les organisations professionnelles représentant les avocats. En effet, à la suite du dépôt, le 10 mai 2001, du rapport de la commission de réforme de l'accès au droit et à la justice, présidée par M. Paul Bouchet, président d'ATD-Quart Monde, des réunions de travail ont été organisées avec la profession sur les propositions émises par la commission. La discussion a été ouverte, dans le cadre de groupes de travail organisés au cours des mois de juin et juillet, autour de cinq thèmes : qualité et information, rémunération, simplifications administratives, questions institutionnelles et assurance de protection juridique. Chacun des partenaires devait déposer une contribution écrite afin que celle-ci soit intégrée aux travaux d'élaboration du projet législatif. Tant le délai de remise de certaines contributions que l'hétérogénéité des positions exprimées à l'issue des premières discussions ont empêché la chancellerie de finaliser le projet de loi dans de brefs délais. Ce projet de loi contient un grand nombre d'avancées pour nos concitoyens : il élargit la population éligible à l'aide juridictionnelle, afin de permettre à toutes les personnes dont les revenus sont insuffisants d'avoir accès à la justice ; il simplifie radicalement les procédures d'octroi de l'aide ; il s'engage dans une démarche de qualité des prestations de tous les intervenants ; enfin, il améliore l'architecture institutionnelle pour permettre un réel accès au droit. S'agissant de la question de la rétribution des auxiliaires de justice, le projet de loi pose le principe de leur rémunération, qui se substitue à la notion de rétribution. Cette modification n'est pas seulement symbolique ; elle marque une rupture avec le dispositif actuel et s'affirme comme le corollaire nécessaire à l'amélioration du système de l'aide juridictionnelle. La réforme du système actuel des unités de valeur relève, pour sa mise en oeuvre, du niveau réglementaire. Des discussions ont eu lieu de décembre 2001 à mars 2002 avec les représentants des instances et organisations représentant la profession d'avocat sur les modalités d'application du projet de loi. Toutefois, il faudra attendre l'adoption de celui-ci pour envisager définitivement ces mesures.
NI 11 REP_PUB Pays-de-Loire O