FICHE QUESTION
11ème législature
Question N° : 986  de  M.   Hermier Guy ( Communiste - Bouches-du-Rhône ) QG
Ministère interrogé :  emploi et solidarité
Ministère attributaire :  emploi et solidarité
Question publiée au JO le :  10/12/1998  page :  10232
Réponse publiée au JO le :  10/12/1998  page :  10232
Rubrique :  emploi
Tête d'analyse :  chômeurs
Analyse :  revendications
DEBAT : M. le président. La parole est à M. Guy Hermier.
M. Guy Hermier. Madame la ministre de l'emploi et de solidarité, les chômeurs se font de nouveau entendre. La semaine dernière, ils étaient plus de 20 000 dans les rues de Marseille. Demain, ils manifesteront nombreux à Paris à l'appel des associations de chômeurs.
Nous le savons tous, ce qu'ils veulent avant tout, c'est du travail. C'est pourquoi nous avons soutenu les mesures du Gouvernement qui ont permis un premier reflux du chômage, comme la loi contre les exclusions qui doit être maintenant intégralement appliquée. Force est cependant de constater qu'aujourd'hui des centaines de milliers de chômeurs, de RMIstes, de sans-droits continuent de vivre dans des conditions insupportables. Nombre d'entre eux et leurs organisations ont choisi de refuser l'intolérable plutôt que de s'y résigner. Nous partageons ce choix, qui reçoit un large soutien dans l'opinion.
Madame la ministre, que le Gouvernement ne joue pas la montre contre un mouvement porteur d'une si forte exigence sociale et de dignité ! Surtout, qu'il n'espère pas étouffer le cri des chômeurs par un recours à la force et d'inadmissibles violences policières, comme celles de lundi dernier à Marseille, dont a été notamment victime mon ami Joël Dutto, vice-président du conseil général ! Ce serait une faute politique grave ! Les chômeurs ne comprennent pas pourquoi les allocations exceptionnelles, la prime de Noël, qui ont été possibles l'an dernier, ne le sont pas à nouveau cette année.
Nous vous demandons avec force de prendre sans attendre les mesures d'urgence qui s'imposent pour répondre à cette légitime attente, comme nous continuons à vous demander un relèvement significatif des minima sociaux qui permette à tous de vivre dignement. Madame la ministre, quand les «sans», les sans-emploi, sans-logement, sans-papiers, sans-droits, frappent à la porte de notre société, c'est un devoir pour la gauche de savoir les entendre et de répondre à leur appel ! (Applaudissements sur les bancs du groupe communiste.)
M. le président. La parole est à Mme la ministre de l'emploi et de la solidarité.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Croyez bien, monsieur le député, que le Gouvernement entend et comprend les chômeurs, même lorsqu'ils s'expriment difficilement et parfois rudement parce que leur situation, souvent intolérable, les a amenés à la marge de l'exclusion et qu'ils ont le sentiment d'avoir perdu leur dignité, cumulant les difficultés financières, de santé, familiales et autres. C'est bien parce que le Gouvernement entend les chômeurs qu'il a fait de la lutte contre le chômage sa priorité numéro un. Aujourd'hui, la relance de la croissance, les emplois-jeunes et la réduction de la durée du travail commencent à porter leurs fruits (Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République et du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance), mais ceux qui sont aujourd'hui sur le bord de la route ressentent encore plus durement leur situation à un moment où le chômage baisse.
Depuis le vote de la loi contre les exclusions tout a été mis en place pour que la voix des chômeurs soit entendue. Nous recevons les organisations syndicales et les associations de chômeurs. Elles sont actuellement représentées dans les comités de liaison de l'ANPE. De plus, et je tiens à le redire au groupe auquel vous appartenez, nous avons fait paraître la quasi-totalité des textes d'application de la loi contre les exclusions. Déjà 10 000 jeunes sont aujourd'hui dans le programme TRACE, 60 000 chômeurs de longue durée ont été reçus pour un nouveau départ vers l'emploi et la qualification...
M. Jean-Michel Ferrand. Baratin !
Mme la ministre de l'emploi et de la solidarité. ... et ils seront 800 000 l'année prochaine. Nous travaillons actuellement sur trois dossiers majeurs.
S'agissant, d'abord, de la précarité, je négocie cette semaine avec les organisations patronales et syndicales pour augmenter l'indemnisation des chômeurs. C'est un point important.
S'agissant ensuite des mesures d'urgence, je veux répéter ici devant l'Assemblée nationale que la quasi-totalité des commissions d'action sociale d'urgence sont en place et qu'il y a partout de l'argent pour répondre à l'urgence, dans les Bouches-du-Rhône comme ailleurs.
Enfin, nous travaillons actuellement avec le Premier ministre sur la revalorisation des minima sociaux, qui doit avoir lieu à la fin de l'année.
Le Gouvernement a le souci permanent de faire de l'emploi la priorité numéro un, car c'est la bonne réponse au chômage, et de faire appliquer la loi contre les exclusions. Mais s'il a pris ses responsabilités en sortant la quasi-totalité des textes dans les domaines de l'endettement, du logement, de l'emploi, de la santé, il convient maintenant que l'ensemble des collectivités locales - je pense aux élus des conseils régionaux, généraux et municipaux - à côté des associations, nous aident à faire de cette loi une vraie avancée contre l'exclusion et contre le chômage. C'est aussi cela que nous disent les chômeurs, à Marseille et ailleurs. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste.)
COM 11 REP_PUB Provence-Alpes-Côte-d'Azur O