FICHE QUESTION
12ème législature
Question N° : 1001  de  M.   Rivière Jérôme ( Union pour un Mouvement Populaire - Alpes-Maritimes ) QOSD
Ministère interrogé :  intérieur
Ministère attributaire :  intérieur
Question publiée au JO le :  21/12/2004  page :  10107
Réponse publiée au JO le :  22/12/2004  page :  11270
Rubrique :  étrangers
Tête d'analyse :  reconduite aux frontières
Analyse :  réglementation. statistiques
Texte de la QUESTION : M. Jérôme Rivière appelle l'attention de M. le ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés locales sur la question de la mise à exécution des arrêtés préfectoraux de reconduite à la frontière notifiés par la voie postale. Cette catégorie d'actes représente la grande majorité des décisions de reconduite à la frontière prises par l'ensemble des préfets et représente le terme de la procédure au cours de laquelle un étranger a sollicité un titre de séjour qui lui a été refusé. Or ces décisions ne semblent devoir recevoir un éventuel commencement d'exécution que si le hasard provoque un contrôle d'identité de l'intéressé sur la voie publique. Pour tous les autres, aucune mesure d'exécution ne semble entreprise. Cette situation semble préoccupante, tellement elle marque le défaut d'effectivité de ces décisions régaliennes et en discrédite la portée vis-à-vis des personnes qui se maintiennent en toute illégalité sur notre territoire. Pourtant, il s'agit là de la seule mesure dont sont destinataires les très nombreux étrangers déboutés définitivement de leur demande de reconnaissance du statut de réfugié politique. Le Président de la République a rappelé, il y a peu, l'importance d'un examen rapide des demandes d'asile afin, notamment, que les étrangers qui ne bénéficieront pas à l'issue de la procédure du statut de réfugié n'aient pas commencé à installer leur vie privée et familiale en France. Mais peu importe que l'OFPRA et la CRR statuent en six mois si, à l'issue, la seule réponse de l'État consiste à adresser un courrier prescrivant une mesure de reconduite que, par ailleurs, ses services ne tenteront pas de mettre à exécution. Même s'il a noté avec un vif intérêt les récentes déclarations du ministre sur son objectif d'augmenter le nombre de reconduites à la frontière effectives, il souhaiterait connaître les mesures concrètes envisagées pour commencer de mettre à exécution les arrêtés préfectoraux de reconduite à la frontière qui ne sont pas assortis de placement en rétention administrative lors de leur édiction et qui sont simplement notifiés par la voie postale. À cet égard, il souhaiterait connaître le nombre annuel d'arrêtés préfectoraux de reconduite à la frontière ainsi notifiés par la voie postale par l'ensemble des préfectures de métropole et leur taux d'exécution.
Texte de la REPONSE :

EXÉCUTION DES ARRÊTÉS PRÉFECTORAUX
DE RECONDUITE À LA FRONTIÈRE

M. le président. La parole est à M. Jérôme Rivière, pour exposer sa question, n° 1001, relative à l'exécution des arrêtés préfectoraux de reconduite à la frontière.
M. Jérôme Rivière. Madame la ministre déléguée à l'intérieur, il y a deux ans et demi, le Gouvernement, soutenu par sa majorité, a engagé une politique très volontariste en matière de lutte contre l'immigration clandestine. Toutefois, comme je suis régulièrement interpellé sur les résultats et les procédures mises en oeuvre, je souhaite vous interroger sur la mise à exécution des arrêtés préfectoraux de reconduite à la frontière notifiés par la voie postale.
Cette catégorie d'actes représente la grande majorité des décisions de reconduite à la frontière prises par l'ensemble des préfets et représente le terme de la procédure au cours de laquelle un étranger a sollicité un titre de séjour qui lui a été refusé.
Or ces décisions ne semblent recevoir un éventuel commencement d'exécution que si le hasard provoque un contrôle d'identité de l'intéressé sur la voie publique. Pour tous les autres, aucune mesure d'exécution ne semble entreprise. Cette situation est préoccupante, tant elle marque le défaut d'effectivité de ces décisions régaliennes et en discrédite la portée vis-à-vis des personnes qui se maintiennent en toute illégalité sur notre territoire.
Pourtant, il s'agit là de la seule mesure dont sont destinataires les très nombreux étrangers déboutés définitivement de leur demande de reconnaissance du statut de réfugié politique. Le Président de la République a rappelé, il y a peu, l'importance d'un examen rapide des demandes d'asile afin, notamment, que les étrangers qui ne bénéficieront pas, à l'issue de la procédure, du statut de réfugié n'aient pas commencé à installer leur vie privée et familiale en France. Mais peu importe que l'OFPRA et la CRR statuent en six mois si, à l'issue de ces décisions, la seule réponse de l'État consiste à adresser un courrier prescrivant une mesure de reconduite que, par ailleurs, ses services ne tenteront pas de mettre à exécution.
J'ai bien sûr noté avec un vif intérêt les récentes déclarations du ministre de l'intérieur, dont l'objectif est d'augmenter le nombre de reconduites à la frontière effectives. Mais je souhaiterais connaître les mesures concrètes entreprises pour exécuter les arrêtés préfectoraux de reconduite à la frontière qui ne sont pas assortis de placement en rétention administrative lors de leur édiction et qui sont simplement notifiés par la voie postale. Je souhaiterais également connaître le nombre annuel d'arrêtés préfectoraux de reconduite à la frontière ainsi notifiés par voie postale ainsi que leur taux d'exécution.
M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée à l'intérieur.
Mme Marie-Josée Roig, ministre déléguée à l'intérieur. Monsieur le député, vous vous préoccupez des conditions d'exécution des arrêtés préfectoraux de reconduite à la frontière, lorsque ces arrêtés sont notifiés par voie postale.
La notification, qu'elle soit faite par voie administrative ou par voie postale, permet à l'étranger concerné de faire un recours en annulation devant le tribunal administratif. Il dispose pour cela de sept jours lorsque l'arrêté lui a été notifié par voie postale. Le tribunal administratif statue alors dans un délai de soixante-douze heures à compter de sa saisine.
La notification par voie postale permet donc de purger les recours. Elle empêche l'étranger placé en rétention de retarder sa reconduite à la frontière en saisissant le tribunal, ce qui rendrait l'éloignement plus difficile. C'est une procédure rapide. Dès la prise de ces mesures de reconduite à la frontière, qu'elles soient notifiées par voie administrative ou par voie postale, les préfectures procèdent à l'inscription systématique des intéressés au fichier des personnes recherchées. C'est cette inscription qui va permettre la mise à exécution de ces arrêtés par les services compétents.
Il existe donc de bonnes raisons, monsieur le député, pour notifier les arrêtés par voie postale. C'est un procédé efficace pour agir dans le sens que nous souhaitons tous.
Pour répondre, par ailleurs, à votre question sur le nombre d'arrêtés préfectoraux notifiés par voie postale, je peux vous préciser qu'au cours des neuf premiers mois de l'année 2004, ils ont constitué 44,32 % de la totalité des arrêtés préfectoraux de reconduite à la frontière, soit 18 564 sur 41 879. Ce taux était de 47,31 % en 2003 et de 48,53 % en 2002. Comme vous pouvez le constater, ils sont en légère diminution.
Vous m'interrogez enfin sur le taux d'exécution des arrêtés préfectoraux de reconduite à la frontière. Ce taux est vraisemblablement inférieur pour les mesures notifiées par voie postale, mais cela reste difficile à préciser car il n'est pas tenu compte des modalités de notification dans le recensement des mesures exécutées. Ce qui est certain, en revanche, c'est qu'il serait plus difficile d'exécuter les arrêtés de reconduite s'ils n'étaient pas tous notifiés dès que possible.
C'est ainsi que Dominique de Villepin a fixé les nouveaux objectifs à atteindre en matière d'éloignement, pour l'année 2005, à 20 000 mesures exécutées - toutes catégories de mesures confondues - et non à un pourcentage par rapport aux arrêtés prononcés par les préfets.
Soyez assuré, monsieur le député, que les arrêtés préfectoraux de reconduite à la frontière, qu'ils soient notifiés par voie administrative ou par voie postale, représentent un des outils essentiels de la politique engagée par le Gouvernement pour lutter contre l'immigration irrégulière.
L'amélioration de l'exécution des mesures d'éloignement passe ainsi par une forte mobilisation de l'ensemble des services territoriaux de police et de gendarmerie, sous l'autorité des préfets de département. Elle n'est pas, contrairement à ce que vous craignez, la conséquence d'interpellations sur la voie publique liées au hasard, mais le résultat d'une action menée de façon organisée et déterminée pour assurer le respect de la loi.
Je voudrais d'ailleurs rappeler que l'exécution des arrêtés préfectoraux de reconduite à la frontière a progressé, entre le 1er janvier et le 30 novembre 2004, de 39 % par rapport à la même période de 2003. J'ajoute que le Conseil d'État a précisé, dans un arrêt récent, que l'absence d'exécution d'un arrêté préfectoral de reconduite à la frontière de plus d'un an, si elle fait obstacle au placement en rétention, ne prive pas d'effet cet arrêté et ne fait pas obstacle à son exécution d'office. Cette décision vient renforcer le bien-fondé de la procédure de notification des arrêtés par voie postale.
Le problème que vous soulevez, monsieur le député, n'est pas propre à la France. Il est attentivement suivi au plan européen avec les pays concernés, notamment la Grande-Bretagne, l'Italie, l'Espagne, l'Allemagne et la Belgique. À cet égard, des formules de retours groupés - assortis, bien sûr, d'une assistance humanitaire - ont été décidées dans le cadre de la politique commune, particulièrement nécessaire dans ce domaine.
Vous pouvez le constater, monsieur le député, aucun moyen légal n'est négligé pour assurer le respect des textes sur l'éloignement des étrangers en situation irrégulière. Cette orientation sera poursuivie avec détermination. Les premiers résultats sont déjà là, mais c'est dans la durée que nous atteindrons notre objectif, qui est bien de dissuader les candidats à l'immigration illégale. Nous ne devons donc pas faire preuve de pessimisme, mais, bien au contraire, redoubler nos efforts et ne pas craindre d'afficher les résultats obtenus.
M. le président. La parole est à M. Jérôme Rivière.
M. Jérôme Rivière. Je vous remercie pour cette réponse, madame la ministre déléguée. J'avais moi-même relevé le caractère volontariste de la politique du Gouvernement, soutenu par sa majorité, en matière de lutte contre l'immigration clandestine. Mon seul souci concerne ces décisions notifiées par voie postale, dont le taux d'exécution, vous l'avez reconnu vous-même, est difficile à apprécier. Il est vrai qu'une augmentation générale de 39 % est un excellent résultat à porter au crédit de notre majorité. Dans le cas des arrêtés notifiés par voie postale, toutefois, l'inscription au fichier des personnes recherchées ne me paraît pas une solution suffisante. Il conviendrait de réfléchir, avec les députés de la majorité, à des mesures plus volontaristes, en ayant recours, par exemple, aux services des renseignements généraux, qui pourraient trouver ainsi un nouveau volet d'activité. Au-delà de ce délai de dix jours - si on ajoute le délai de soixante-douze heures à celui de sept jours -, une fois les recours purgés, nous devons rechercher le moyen de rendre plus efficace notre politique de reconduite à la frontière.

UMP 12 REP_PUB Provence-Alpes-Côte-d'Azur O