FICHE QUESTION
12ème législature
Question N° : 104145  de  Mme   Poletti Bérengère ( Union pour un Mouvement Populaire - Ardennes ) QE
Ministère interrogé :  santé et solidarités
Ministère attributaire :  santé et solidarités
Question publiée au JO le :  19/09/2006  page :  9759
Réponse publiée au JO le :  16/01/2007  page :  637
Rubrique :  santé
Tête d'analyse :  dépression
Analyse :  traitements. perspectives
Texte de la QUESTION : Mme Bérengère Poletti attire l'attention de M. le ministre de la santé et des solidarités sur la dépression. En effet, une étude récente vient de démontrer les effets particulièrement positifs de la kétamine. L'étude réalisée auprès de personnes « ayant une dépression résistante aux traitements conventionnels ont été traitées et soulagées en un temps aussi bref qu'environ deux heures avec une seule injection intraveineuse de kétamine ». L'étude précise que « les traitements habituels prennent environ huit semaines ou plus pour exercer leurs effets chez des patients résistants et de quatre à six semaines chez des patients plus réceptifs, ce qui est un défaut majeur de ces médicaments ». Cette première étude examinant les effets de la kétamine utilisée en très petites doses indique également que les effets secondaires peuvent être importants en cas de prise trop importante (hallucinations, euphories...) ». La capacité de traiter la dépression rapidement pourrait avoir des implications majeures en santé publique et, selon les chercheurs, cette découverte démontre l'importance de développer de nouvelles classes d'antidépresseurs. Aussi il lui serait agréable de connaître la position du Gouvernement quant à cette étude, d'une part, et, de savoir s'il envisage de favoriser la recherche sur une nouvelle classe d'antidépresseurs, d'autre part.
Texte de la REPONSE : Les recherches menées sur les effets de la kétamine dans le traitement de la dépression sont nombreuses et font l'objet de parutions régulières. Cette substance est actuellement utilisée dans plusieurs médicaments indiqués comme agents anesthésiques et réservés à l'usage hospitalier. Elle est par ailleurs classée sur la liste des produits stupéfiants. En outre, la kétamine fait l'objet d'un suivi régulier par le biais des procédures de vigilance de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) étant susceptible d'être impliquée dans des mécanismes de soumission chimique (anesthésie avec risques d'amnésie partielle). Les résultats de l'étude menée auprès de personnes ayant une dépression résistante aux traitements conventionnels sont intéressants, éventuellement susceptibles de constituer la première étape du développement d'une nouvelle génération de médicaments antidépresseurs. Néanmoins, compte tenu du stade très préliminaire de ces études et du profil de sécurité particulier de la substance (produit stupéfiant), il y a lieu d'être particulièrement prudent sur les éventuels débouchés thérapeutiques pouvant en résulter. Ainsi, un processus de développement de plusieurs années doit être mené avant d'aboutir à un produit pharmaceutique susceptible d'obtenir une autorisation de mise sur le marché (AMM). Celui-ci comprend une phase de développement préclinique comprenant des études pharmacologiques et toxicologiques, suivie des études cliniques chez l'homme. A l'issue de ce processus, une AMM ne peut être accordée à un produit pharmaceutique qu'après l'évaluation de sa qualité, de son efficacité et de son innocuité, et de l'appréciation de son rapport bénéfice/risque. En tout état de cause, il semble à ce jour qu'aucun laboratoire pharmaceutique n'ait fait état de sa volonté de revendiquer de nouvelles indications dans le traitement de la dépression pour la kétamine. Dans ce contexte, les autorités sanitaires nationales ne disposent pas de compétence pour contraindre une firme pharmaceutique à promouvoir des recherches et le développement de nouveaux produits pharmaceutiques.
UMP 12 REP_PUB Champagne-Ardenne O