FICHE QUESTION
12ème législature
Question N° : 1044  de  M.   Hugon Jean-Yves ( Union pour un Mouvement Populaire - Indre ) QOSD
Ministère interrogé :  coopération
Ministère attributaire :  coopération
Question publiée au JO le :  01/02/2005  page :  885
Réponse publiée au JO le :  02/02/2005  page :  495
Rubrique :  Français de l'étranger
Tête d'analyse :  prise en charge
Analyse :  volontaires internationaux en entreprises. accidents de travail
Texte de la QUESTION : M. Jean-Yves Hugon appelle l'attention de M. le ministre délégué à la coopération, au développement et à la francophonie sur la situation suivante : le 19 juin 2004, un jeune homme - à cette époque volontaire international en entreprise au Cameroun - était victime d'un très grave accident de voiture ; le véhicule appartenait à la société qui l'employait, filiale d'un important groupe français pour le compte duquel il était salarié. Son amie, également VIE au Cameroun, s'est chargée de toutes les démarches médicales et administratives sur place. Elle n'a pu que constater le manque de soutien manifeste des représentants de notre pays sur place. Ni M. le consul de France à Douala, ni le chef du poste expansion économique assurant la responsabilité administrative des VIE ne l'ont accompagnée dans ses démarches. Le représentant du groupe ne lui a, quant à lui, assuré aucun soutien que ce soit lors des démarches administratives (expertise du véhicule, établissement du procès-verbal, déménagement des effets personnels) et aurait même entravé l'enquête menée par la brigade de Kribi - localité proche du lieu de l'accident - en cachant le véhicule (fait confirmé dans le procès verbal établi par la gendarmerie). Il lui demande si le consulat de France doit assistance aux VIE, sous quelle forme ; quelle est la personne mandatée pour aider la famille ou les proches dans les méandres juridiques d'un pays étranger ; si, lors des réunions d'information organisées pour les VIE avant leur départ, ces questions sont abordées ; si les véhicules mis à la disposition des VIE sont correctement assurés et pourquoi la responsabilité civile souscrite ne couvre-t-elle pas les accidents dus à l'utilisation des véhicules à moteurs.
Texte de la REPONSE :

PRISE EN CHARGE DES VOLONTAIRES INTERNATIONAUX EN ENTREPRISE

M. le président. La parole est à M. Jean-Yves Hugon, pour exposer sa question, n° 1044.
M. Jean-Yves Hugon. Monsieur le ministre délégué à la coopération, au développement et à la francophonie, le 19 juin 2004, un jeune homme, à cette époque VIE au Cameroun, était victime d'un très grave accident de voiture. Le véhicule appartenait à la société qui l'employait, filiale d'un important groupe français pour le compte duquel il était salarié.
Son amie, également VIE au Cameroun, s'est chargée de toutes les démarches médicales et administratives sur place, compte tenu de la gravité de la situation puisque ce jeune homme est aujourd'hui tétraplégique. Or elle n'a pu que constater le manque de soutien manifeste, voire l'inaction ou l'indifférence des représentants de notre pays au Cameroun. Ni M. le Consul de France à Douala, ni le chef du poste d'expansion économique assurant la responsabilité administrative des VIE ne l'ont accompagnée dans ses démarches.
Le représentant de l'employeur ne lui a, pour sa part, assuré aucun soutien à l'occasion des démarches administratives - expertise du véhicule, établissement du procès-verbal, déménagement des effets personnels. Il aurait même entravé l'enquête menée par la brigade de Kribi, localité proche du lieu de l'accident, en cachant le véhicule. Ce fait a été confirmé dans le procès-verbal établi par la gendarmerie.
De plus, aucune des personnes précitées n'a, à ce jour, pris de nouvelles de l'état de santé de son ami. Aucune non plus n'a répondu aux courriers qui leur ont été adressés par les parents du jeune homme.
Je me suis longuement entretenu avec ce jeune homme, ses parents et son amie et je suis aujourd'hui dans l'impossibilité de répondre aux nombreuses interrogations qui sont les leurs et que je vous transmets.
Dans le cas d'un tel accident, le consulat de France doit-il assistance aux VIE et sous quelle forme ?
Quelle est la personne mandatée pour aider la famille ou les proches de la victime dans les méandres juridiques d'un pays étranger ?
Lors des réunions d'information organisées pour les VIE avant leur départ, surtout dans les pays en voie de développement, ces questions sont-elles abordées ?
Les véhicules mis à la disposition par les entreprises engageant des VIE sont-ils correctement assurés ?
Pourquoi la responsabilité civile souscrite pour les VIE ne couvre-t-elle pas les accidents dus à l'utilisation des véhicules à moteurs ?
Vous comprendrez, monsieur le ministre, l'indignation et la colère des proches de ce jeune, qui attendent de votre part des réponses précises à ces questions.
M. le président. La parole est à M. le ministre délégué à la coopération, au développement et à la francophonie.
M. Xavier Darcos, ministre délégué à la coopération, au développement et à la francophonie. Monsieur le député, vous m'interrogez à juste titre sur la situation du jeune Nicolas Bouilhol, victime le 19 juin 2004 d'un grave accident de la route qui l'a rendu tétraplégique, alors qu'il était employé comme volontaire international en entreprise au Cameroun. C'est là évidemment un drame humain dont j'ai pris connaissance, tardivement d'ailleurs, avec une grande émotion, et auquel mes services apportent désormais la plus vive attention.
Je comprends donc parfaitement votre souhait de connaître, les règles qui président à l'assistance des victimes en pareil cas. Pour répondre précisément à ces justes interrogations, je suis en mesure de détailler les conditions de prise en charge de Nicolas Bouilhol à la suite à son accident.
Par télégramme diplomatique du 19 juin 2004, le consulat général de France au Cameroun informait les services du ministère des affaires étrangères de l'accident de circulation survenu le matin même à M. Nicolas Bouilhol. Il n'y a donc pas eu de délai.
Selon ces informations - mais nous sommes à Paris et nous ne pouvons pas savoir ce qui se passe exactement dans le monde -, notre compatriote a été immédiatement accompagné dans un hôpital à Edéa et pris en charge dans un service médical dirigé par le Dr Montagut, qui lui a administré les premiers soins et a organisé son transfert en ambulance vers l'hôpital général de Douala. Il y est arrivé à treize heures et a subi des examens complémentaires. Le Dr Vogelsperger, médecin-conseil de notre poste diplomatique, a été informé de la situation et s'est assuré auprès de l'hôpital général de la prise en charge correcte de l'accidenté.
M. Bouilhol a souhaité attendre avant de prévenir lui-même sa famille en France, pour ne pas inquiéter ses parents.
Le dimanche 20 juin 2004, l'agent de permanence de la direction FAE s'est mis en relation avec le consul général de Douala, M. Ferré, pour s'informer de la situation. Il lui a été précisé que M. Bouilhol avait été rapatrié la veille au soir par avion médicalisé affrété par AXA Assistance, admis au CHU de Poitiers le dimanche matin, et que la famille était informée.
S'agissant de la question plus large de l'assistance aux VIE, monsieur le député, je veux vous apporter la réponse suivante.
En cas d'accident, le Consulat de France doit porter l'assistance consulaire aux ressortissants français sans toutefois se substituer aux compagnies d'assurance. Il doit se tenir informé de la situation et s'assurer que nos ressortissants sont correctement pris en charge localement par une structure médicale et que le relais est pris par leur assurance.
Vous le savez, les VIE sont liés par un contrat à UBIFRANCE, établissement public à intérêt commercial sous tutelle de la direction générale du Trésor et de la politique économique, qui assure la médiation avec l'entreprise. UBIFRANCE, que j'ai interrogé, m'a transmis les éléments de réponse suivants.
En tant qu'organisme gestionnaire de la formule VIE par délégation de l'État, UBIFRANCE assure le suivi des événements survenant en cours de mission VIE, en collaboration avec le réseau des missions économiques, les VIE à l'étranger étant placés sous la responsabilité du chef de mission économique, et, en cas de nécessité, avec l'organisme en charge de l'assistance et du rapatriement de l'ensemble des VIE. Le point de contact au sein d'UBIFRANCE, pour l'entreprise, le volontaire et/ou sa famille, est le département VIE-CIVI qui, pour information, dispose d'un conseiller juridique dédié aux VIE depuis septembre 2004, c'est-à-dire depuis l'affaire qui vous préoccupe et qui a provoqué cette reprise en main.
Le statut du VIE et les informations relatives à sa protection sociale sont présentés aux volontaires à l'occasion des journées d'intégration mensuelles obligatoires organisées par UBIFRANCE. Le cabinet Labalette, avec lequel UBIFRANCE a signé un contrat groupe pour la protection sociale des VIE, intervient lors de ces journées pour présenter, dans le détail, la couverture sociale dont bénéficient les VIE et répondre aux questions des volontaires concernant les modalités de prise en charge en cas de maladie ou d'accident. Un guide de gestion à l'usage des volontaires est remis aux participants lors de ces journées d'intégration. Une brochure détaillant la protection sociale est fournie aux VIE par le cabinet Labalette.
L'assurance des véhicules mis à la disposition des VIE relève de la responsabilité des entreprises accueillant les volontaires.
Le contrat groupe de protection sociale auquel sont affiliés les VIE ne comprend pas les assurances liées à la vie privée - automobile et/ou habitation. Le cabinet Labalette précise systématiquement ce point aux VIE lors des journées d'intégration, et rappelle l'importance, pour ces derniers, de souscrire une assurance responsabilité civile.
Voilà monsieur le député, la réponse de fond que je devais à la représentation nationale pour expliquer la situation, sans la légitimer ou la justifier. C'est la réponse que donnent le ministère des affaires étrangères et UBIFRANCE.
Mon collègue François Loos, ministre délégué au commerce extérieur, qui a la tutelle d'UBIFRANCE, a écrit au père de Nicolas Bouilhol pour l'assurer du suivi de son dossier d'indemnisation.
Mais, votre question le prouve, en matière d'aide aux victimes, nous devons encore continuer à travailler. Le Gouvernement s'est très sérieusement attelé à ce chantier. La plupart de nos dispositifs sont en cours de modernisation et d'amélioration, sous l'impulsion de Nicole Guedj, secrétaire d'État aux droits des victimes. Sachez que, dans le domaine qui est le mien, je me suis mobilisé pour faire en sorte que nos ambassades et consulats soient peut-être plus présents lorsque se produit un drame humain. En tout cas, je vous assure de ma vigilance. Les dysfonctionnements que vous avez dénoncés ne se reproduiront pas, même si cela ne change rien pour ce jeune homme qui est désormais tétraplégique, alors qu'il voulait rendre service à des populations qui avaient besoin de lui.
M. le président. La parole est à M. Jean-Yves Hugon.
M. Jean-Yves Hugon. Je vous remercie, monsieur le ministre, de toutes ces précisions. Le lieu ne se prête pas à la polémique, et d'ailleurs ce n'est pas ce que veulent les proches de Nicolas Bouilhol. Mais je vais leur transmettre ces éléments de réponse ; et je crois qu'ils seraient très sensibles au fait que vous-même, ou Mme Nicole Guedj, leur proposiez de les recevoir, éventuellement en ma présence. Je vous en remercie à l'avance.
M. le président. Mes chers collègues, je vous indique que M. le secrétaire d'État aux transports et à la mer est retenu quelque temps encore au Sénat. Je vais donc suspendre la séance.

UMP 12 REP_PUB Centre O