FICHE QUESTION
12ème législature
Question N° : 10949  de  Mme   Robin-Rodrigo Chantal ( Socialiste - Hautes-Pyrénées ) QE
Ministère interrogé :  commerce extérieur
Ministère attributaire :  commerce extérieur
Question publiée au JO le :  27/01/2003  page :  439
Réponse publiée au JO le :  14/04/2003  page :  2936
Rubrique :  commerce extérieur
Tête d'analyse :  Slovaquie
Analyse :  développement. perspectives
Texte de la QUESTION : Mme Chantal Robin-Rodrigo appelle l'attention de M. le ministre délégué au commerce extérieur sur la difficile percée des entrepreneurs et investissements français sur le marché slovaque. En effet, il apparaîtrait que la France n'arriverait qu'au 7e rang des investisseurs étrangers en Slovaquie. Pourtant, depuis son indépendance au début de la dernière décennie, cet Etat avait noué de bonnes relations avec notre pays sur le plan économique. Pour exemples, le groupe France Télécom y aurait pris d'emblée une option sur l'opérateur téléphonique local (Slovenské telekomunikacie), et Danone se serait intéressé de près au secteur agroalimentaire hérité de l'ère postcommuniste. Toutefois, la présence commerciale et financière de la France y est visiblement encore beaucoup trop faible. Elle lui demande donc de lui faire le point sur ce dossier, de lui indiquer les mesures qu'il entend prendre afin d'asseoir la présence commerciale et financière de la France en Slovaquie, et de lui préciser s'il entend mener une politique incitative à destination des PME et PMI françaises dans le but de les encourager à s'intéresser et à investir ce marché.
Texte de la REPONSE : Le marché slovaque est réduit et très concurrentiel, tant en termes de niveaux de prix que de qualité des produits. Si l'image des entreprises et des produits français était moins bonne que celle des produits allemands lors de la création de la Slovaquie en 1993, la France est désormais reconnue comme un partenaire de tout premier plan. Cette évolution est illustrée par une très forte progression de nos exportations vers la Slovaquie ces deux dernières années, ainsi que par l'envolée de nos investissements. Entre 1993 et 2000, nos exportations ont en effet été multipliées par cinq et, entre 2000 et 2001, leur taux de progression a même été de 39,5 %, la France venant en tête des pays européens pour le taux de progression de ses exportations vers la Slovaquie. Sur l'année 2002, cette progression s'est d'ailleurs poursuivie à un rythme élevé (19,5 %). Notre balance commerciale, qui était largement déficitaire, s'est pratiquement rééquilibrée en 2001 et, pour l'année 2002, nos échanges sont devenus largement excédentaires pour la France, avec un taux de couverture de 132 % (source Douanes slovaques). La France voit ainsi ses ventes croître plus vite que celles de l'Italie ou de l'Allemagne. La part de marché de la France en 2002 atteint 4,4 %, ce qui la place au cinquième rang des exportateurs et même au quatrième si l'on traite à part le cas de la Russie qui exporte essentiellement du pétrole et du gaz naturel sur un marché totalement captif. Les quatre premiers produits exportés sont, par ordre décroissant : les véhicules automobiles (12,4 % des ventes), les équipements automobiles (6,2 %), les préparations pharmaceutiques (5,3 %), puis les produits agrochimiques (3,4 %). Par ailleurs, le dynamisme du secteur agroalimentaire mérite d'être relevé. Au-delà de la croissance des exportations françaises dans les industries agricoles et alimentaires (+ 20 %), c'est tout le secteur agricole, sylvicole et de la pêche qui augmente fortement (+ 44 % au premier semestre 2002, contre 7,3 % d'augmentation entre les premiers semestres 2000 et 2001). Durant la période 1993-2000, les flux annuels d'investissements français sont restés modestes, la Slovaquie n'étant jusqu'alors guère ouverte aux investissements directs extérieurs, même si le Groupe France Telecom est entré en 1997 à hauteur de 35 % dans le capital de Globtel, lors de sa création. Ce n'est que courant 2000 que le Gouvernement de M. Dzurinda, succédant à celui de M. Meciar, a défini une politique d'attraction des investissements directs extérieurs. Les années 2001 et surtout 2002 ont ainsi été marquées par une très forte augmentation des investissements directs extérieurs français en Slovaquie, qui se situaient auparavant en-deçà de la moyenne des investissements français dans la zone. Les opérations les plus représentatives réalisées en 2001 par les groupes français ont été celles de : Carrefour, qui a ouvert trois nouveaux hypermarchés ; Banques populaires Natexis, qui est entré dans le capital de Ludova-Banka, à hauteur de 10 % ; Plastic Omnium, équipementier automobile, qui a investi 60 millions d'euros sur le site de Lozorno, à proximité de l'usine VW de Bratislava ; Société Générale, qui, de par l'acquisition de la Komercni Banka tchèque, est également devenue maîtresse de son réseau bancaire en Slovaquie ; Bongrain, qui a acquis 100 % de la fromagerie slovaque I. Wittmann de Zvolen ; Bacou-Dalloz, producteur d'équipements de sécurité, qui a investi dans l'équipement de sa nouvelle usine de Partizanske, en Slovaquie centrale. C'est en 2002 que la présence française a atteint une réelle prépondérance en Slovaquie : déjà présent depuis une dizaine d'années en Slovaquie via sa filiale de stockage gazier, Pozagas, Gaz de France (GDF) vient d'acquérir une place de premier choix avec l'achat en mars 2002 de 24,5 % de l'opérateur gazier SPP. Troisième groupe slovaque par son chiffre d'affaires (1 525 millions d'euros en 2001), SPP est un opérateur de premier rang en Europe centrale et cet investissement est le plus important jamais réalisé par GDF à l'étranger. Le groupe français dispose désormais de deux représentants au directoire de SPP, qui joue un rôle essentiel dans l'économie slovaque ; Electricité de France (EDF) vient aussi d'obtenir en mai 2002 un succès important en achetant 49 % de l'entreprise de distribution d'électricité du centre de la Slovaquie, SSE. Cette société, dont le siège est à Zilina, dessert en électricité 1,6 million d'habitants ainsi que d'importantes industries fortement consommatrices d'énergie, comme le producteur d'aluminium Slovalco, les principaux producteurs de ferroalliages, ceux de papiers-cartons, et de nombreuses industries mécaniques et chimiques. L'aboutissement de cette acquisition vient de se concrétiser le 4 novembre 2002 par la nomination du représentant d'EDF comme président du directoire de SSE. L'année 2002 a ainsi été marquée par plusieurs opérations emblématiques d'entreprises françaises en Slovaquie qui confortent l'image positive de la France dans ce pays. De plus la présence française vient de trouver une nouvelle visibilité avec l'annonce par PSA du choix de Trnava, ville moyenne située à 40 km de Bratislava, pour sa prochaine usine de montage en Europe centrale. Il s'agit d'un investissement de 700 millions d'euros pour une capacité de 300 000 véhicules par an à partir de 2006. Les créations indirectes d'emploi seront très nombreuses et toute la région devrait en bénéficier. Nous devrions être actuellement en termes réels le deuxième pays investisseur étranger en Slovaquie derrière l'Allemagne et devant les Etats-Unis, l'Autriche et les Pays-Bas. Les flux financiers relevés par la Banque centrale ne nous reconnaissent cependant pas cette place, car la plupart de nos investissements ne se font pas directement depuis la France mais depuis des pays tiers. De plus, le groupe PSA a récemment annoncé qu'il choisissait la Slovaquie pour y implanter une usine de produits de véhicules d'entrée de gamme. Cet investissement va permettre d'accroître considérablement la position de la France et de ses investisseurs en Slovaquie. Le ministre délégué au commerce extérieur a eu l'occasion de rencontrer le Président ainsi que plusieurs ministres slovaques lors du déplacement qu'il a effectué dans ce pays au mois de décembre 2002. Une importante délégation d'entreprises françaises l'accompagnait à cette occasion, principalement composée de PME-PMI. Les entreprises ont pu nouer des contacts et des partenariats dans ce cadre. La Mission économique assure l'interface avec les autorités gouvernementales et locales pour soutenir les entreprises et filiales françaises dans leurs démarches (préparation de grands contrats, montage d'offsets, négociations liées aux privatisations, organisations de rencontres entre hommes d'affaires français, slovaques et élus locaux). Ainsi, grâce aux efforts accomplis, la France a fortement augmenté sa part de marché et sa présence ces deux dernières années. En outre, les entreprises françaises et les produits français sont désormais présents dans l'ensemble des secteurs de l'économie slovaque. La présence française est constituée de 170 filiales qui emploient près de 21 500 salariés. Les injections de capitaux, les transferts de technologies, les partenariats noués, les emplois créés, le développement des ventes de produits de qualité se conjuguent pour conforter l'image de la France et des entreprises françaises.
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