SUSPENSION DES CONTRATS
TERRITORIAUX D'EXPLOITATION
M. le président. La parole
est à M. André Chassaigne, pour exposer sa question, n° 10, relative à
la suspension des contrats territoriaux d'exploitation.
M. André Chassaigne. Les
contrats territoriaux d'exploitation sont de véritables outils de développement,
alliant respect de l'environnement et valorisation économique de l'exploitation
agricole. L'intérêt de ce dispositif réside aussi dans la contractualisation
entre l'Etat et les agriculteurs, qui positionne ces derniers comme des acteurs
alliant la qualité des produits, celle de l'environnement et une production
maîtrisée.
Or la décision de
suspendre les CTE met à mal cette démarche de qualité et de responsabilité dont
l'intérêt a été pourtant reconnu progressivement par les agriculteurs et leurs
organisations syndicales, même si la procédure a été parfois dévoyée.
Monsieur le ministre, vous avez
récemment précisé qu'il ne s'agissait pas de démanteler le dispositif. Dans ces
conditions, l'évolution proposée permettra-t-elle de maintenir la philosophie et
les orientations premières de cette mesure avec une redistribution des soutiens
publics à l'agriculture pour des modes de production plus soucieux de
l'environnemnet, du respect des consommateurs et de l'emploi en zone
rurale ? Les moyens financiers seront-ils à la hauteur des besoins de la
nouvelle génération du CTE ?
Je
souhaiterais vous interroger sur le devenir de certaines actions qui étaient
prévues par les CTE et dont le traitement est désormais incertain.
En premier lieu, les CTE
permettaient d'accompagner un mouvement de fond qui se développe depuis
plusieurs années, à savoir les installations « hors DJA » dites « progressives
», projets hors normes intéressant non seulement des jeunes issus des milieux
agricoles, mais aussi des personnes venues de milieux urbains. Ces nouveaux
installés pratiquent souvent une agriculture paysanne de proximité, avec
transformation des produits et filières courtes. Ces installations hors du
modèle productiviste permettent de compenser des départs de paysans dans les
zones les plus fragiles. Quel accompagnement sera désormais mis en oeuvre ?
En deuxième lieu, la question du
plafonnement des aides, question d'actualité, se pose à plusieurs niveaux :
Celui des critères retenus, au
regard d'une agriculture évoluant vers des projets collectifs, lesquels peuvent
d'ailleurs rester familiaux - GAEC ou EARL avec plusieurs associés. Quelles
seront les orientations du Gouvernement en la matière ?
Celui de la modulation des aides,
qui avait été amorcée et qui permettait d'accompagner des productions
spécifiques, d'encourager une agriculture différente, moins productiviste,
respectueuse de l'environnement, en contrepoint de l'agriculture industrielle,
une agriculture réfléchie et contractualisée, attachée à la qualité plus qu'au
volume de production. Quel sera l'accompagnement des nouveaux CTE pour cette
agriculture innovante ?
En
dernier lieu, les CTE permettaient de conforter la spécialisation herbagère en
zone de montagne, avec des aides à la parcelle pour compenser les handicaps que
connaît cette zone. La prime herbagère agro-environnementale annoncée par le
ministre de l'agriculture ne suffira pas dans les secteurs de montagne très
défavorisés. Comptez-vous, en contrepartie, maintenir des mesures favorables
dans les nouveaux CTE ? Ou augmenter le montant de cette nouvelle prime pour les
exploitations dont la spécialisation en herbe est supérieure à 75 % et qui se
trouvent donc défavorisées par rapport aux bénéficiaires des primes céréales
?
M. le président. La
parole est à M. le secrétaire d'Etat aux personnes âgées.
M. Hubert Falco, secrétaire d'Etat aux personnes âgées.
Monsieur le président, mesdames et messieurs les députés, je vous prie d'excuser
mon collègue Hervé Gaymard, retenu par un Conseil européen et qui m'a demandé de
le remplacer ; mais présidant jusqu'à ces dernières semaines un département
essentiellement agricole, je connais ces sujets.
A son arrivée au ministère,
M. Gaymard a demandé à Bercy un audit sur le dispositif des CTE. Celui-ci a
révélé, d'une part, une complexité excessive qui a brouillé son objectif
agro-environnemental ; d'autre part, ce qui est plus important, un dérapage
budgétaire incontrôlé, qui vous a conduits à voter, au collectif de juillet,
24 millions d'euros supplémentaires.
Dans ces conditions, Hervé Gaymard
a décidé, en août 2002, de suspendre les CTE. 42 000 CTE avaient été
signés, qui seront tous honorés. 7 000 étaient en attente de régularisation. 19
000 dossiers étaient en cours d'instruction. Cet inventaire établi, le ministre
a décidé, en concertation avec les organisations professionnelles agricoles, de
créer un nouveau dispositif contractuel qui allie simplicité d'instruction et de
mise en oeuvre, garantisse une réelle efficacité agro-environnementale et soit
budgétairement maîtrisé.
Le
ministre de l'agriculture souhaite apporter une réponse aux agriculteurs qui ont
déjà déposé une demande de dossier CTE. Pour assurer la plus grande équité
en fonction de l'état réel d'avancement de leur demande, une phase transitoire
sera mise en place dès la mi-octobre en attendant la parution des textes
réglementaires sur le nouveau dispositif contractuel avec un montant moyen
départemental. Il sera également tenu compte de certaines situations
particulières, telle celle des jeunes agriculteurs en cours d'installation.
M. Gaymard informera très prochainement par lettre chaque agriculteur du
sort de sa demande de CTE.
M. le président. La
parole est à M. André Chassaigne.
M. André Chassaigne.
Monsieur le secrétaire d'Etat, cette réponse, d'ordre très général,
reprend des éléments d'ores et déjà communiqués par M. le ministre de
l'agriculture et n'apporte rien de nouveau. J'ai posé, quant à moi, des
questions sur les actions qui étaient incluses dans les CTE et je souhaiterais
obtenir des précisions à ce sujet.