FICHE QUESTION
12ème législature
Question N° : 110987  de  M.   Le Drian Jean-Yves ( Socialiste - Morbihan ) QE
Ministère interrogé :  affaires étrangères
Ministère attributaire :  affaires étrangères
Question publiée au JO le :  21/11/2006  page :  12031
Réponse publiée au JO le :  09/01/2007  page :  225
Rubrique :  politique extérieure
Tête d'analyse :  Colombie
Analyse :  otages détenus par les FARC. attitude de la France
Texte de la QUESTION : M. Jean-Yves Le Drian attire l'attention de M. le ministre des affaires étrangères sur la situation des otages détenus par les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC). Les FARC tiennent aujourd'hui en otage près de 1 600 personnes. L'arrêt de ces pratiques de kidnapping et de séquestration était au coeur des négociations entre le gouvernement colombien et ces factions. Ayant appris dernièrement la décision du président colombien, M. Alvaro Uribe, de rompre les négociations et d'engager une opération militaire dans le but de libérer les otages, il s'inquiète de l'avenir réservé à ces personnes, l'issue d'une telle opération étant plus qu'incertaine. Il souhaite donc connaître les initiatives que compte prendre le gouvernement français dans ce dossier et lui demande d'appuyer toutes les démarches allant dans le sens d'une solution négociée.
Texte de la REPONSE : La recherche de la libération de Mme Ingrid Betancourt et de sa directrice de campagne, Clara Rojas, et, au-delà, le sort de tous les otages retenus en Colombie sont une priorité constante de l'action du ministre des affaires étrangères. Paris, le ministre suit directement et personnellement ce sujet, en liaison étroite avec les plus hautes autorités de l'État. Dans ce contexte, la nécessité de la discrétion demeure essentielle au traitement de cette affaire douloureuse et complexe. C'est animé de cette même forte volonté que le ministre s'est rendu à Bogota le 26 janvier dernier. À cette occasion, il s'est longuement entretenu avec le Président colombien Alvaro Uribe du sort de notre compatriote et des autres otages en Colombie. Il a également rencontré lors de ce déplacement la famille d'Ingrid Betancourt, ainsi que les familles d'autres otages, que le ministre a reçues à la résidence de France. Après avoir pris de nombreuses initiatives, la France a bâti, avec l'Espagne et la Suisse, une proposition précise consistant à délimiter une zone, située dans le département de Valle del Cauca, afin de permettre au Gouvernement colombien et aux FARC d'engager des négociations en vue d'un accord humanitaire pour obtenir la libération de Mme Betancourt et d'autres otages. Le Président colombien avait confirmé personnellement au ministre, lors de leur entretien, l'acceptation de cette proposition, qu'il avait rendue publique le 13 décembre 2005. Le 23 février dernier, à l'occasion du quatrième anniversaire de l'enlèvement de Mme Betancourt, de nombreuses manifestations ont témoigné de la très forte mobilisation des plus hautes autorités de l'État, du Gouvernement et de l'ensemble de notre pays. Le ministre est intervenu sur l'antenne de Radio Caracol l'une des principales radios du pays, pour adresser à notre compatriote, à Mme Clara Rojas, ainsi qu'à l'ensemble des otages en Colombie, un message de solidarité. Le même jour, la présidence de l'Union européenne a publié une déclaration qui a reconnu la nécessité de conclure un accord humanitaire et qui a pleinement appuyé la proposition que la France a faite, avec l'Espagne et la Suisse, pour faciliter l'ouverture d'un dialogue. À un moment où chacun était porté à un relatif optimisme, en raison des déclarations du Président colombien et des FARC à la fin du mois de septembre et au début du mois d'octobre, un attentat dans l'école militaire de Bogota le 19 octobre et les déclarations martiales du Président Alvaro Uribe, le lendemain, ont aggravé notre inquiétude. C'est pourquoi notre pays, comme il l'avait déjà fait à plusieurs reprises dans le passé, notamment par la voix du Président de la République, a tenu, dès le 20 octobre, à marquer sa ferme hostilité à toute opération de sauvetage des otages par la force, qui pourrait mettre leur vie en péril. Soucieuse que les contacts nécessaires et les structures mises en place puissent se développer dans la plus grande discrétion, la France demeure convaincue qu'une solution pacifique est possible en Colombie. Dans cette perspective, et afin d'éviter que les familles des otages ne perdent tout espoir, elle invite de façon constante tous les acteurs à renouer le fil d'un dialogue permettant de conduire à un accord humanitaire. Notre pays témoigne à chaque occasion sa pleine disponibilité pour accompagner la Colombie dans la recherche de chemins de paix, bénéficiant à l'ensemble de sa population.
SOC 12 REP_PUB Bretagne O