LUTTE CONTRE L'ANTISÉMITISME
M. le Président. La parole est à M. René André, pour le groupe de l'Union pour un mouvement populaire.
M. René André. Monsieur le ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés locales, ma question a trait aux actes malheureusement encore trop fréquents d'antisémitisme et de racisme.
L'ensemble du Gouvernement, sous l'impulsion du Président de la République, Jacques Chirac, a, à maintes reprises, affirmé sa détermination à lutter contre toutes les formes de racisme et d'antisémitisme. Cette lutte est d'ores et déjà couronnée de succès puisque les statistiques de 2003 montrent une diminution de ces actes. Ceux-ci sont cependant trop nombreux encore. Nos compatriotes d'origine juive en son malheureusement chaque jour et les témoins et les victimes.
La France entière a en mémoire des faits précis : ici, on s'en prend à un juge parce qu'il porte un nom juif ; là, des professeurs ne peuvent pas sereinement enseigner la Shoah parce que certains de leurs élèves nient la réalité de ce drame ; des cimetières juifs, des synagogues sont régulièrement profanés ; des enfants sont battus ou maltraités dans les cours de nos écoles en raison, uniquement, de leurs origines. Hier encore, une chanteuse, Shyrel, a été grossièrement insultée au seul motif qu'elle serait d'origine juive. Tous ces comportements sont révoltants et inadmissibles. Ils justifient la poursuite de l'action des pouvoirs publics et leur vigilance.
En ce sens, la semaine dernière et sous l'autorité de M. le Premier ministre, le comité interministériel de lutte contre le racisme et l'antisémitisme a tenu sa deuxième réunion. Monsieur le ministre, pouvez-vous nous indiquer les décisions prises par le Gouvernement à cette occasion ? Pouvez-vous préciser ce qui va être fait pour mettre fin aux attentats contre les synagogues et les cimetières juifs, pour réprimer et condamner les auteurs de ces actes de vandalisme, de ces actes criminels racistes et antisémites ? (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés locales.
M. Nicolas Sarkozy, ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure
et des libertés locales. Monsieur le député, en matière de lutte contre l'antisémitisme, il ne faut rien accepter, pas même les facilités de langage. L'antisémitisme, ce n'est pas un affrontement communautaire. D'abord parce que personne n'a jamais vu dans notre pays un juif agresser qui que ce soit. Ensuite parce que nos compatriotes de confession musulmane sont, dans leur immense majorité, décidés à lutter contre toutes les formes de racisme dont hélas ! ils sont parfois eux-mêmes les victimes.
M. Michel Hunault. Eh oui !
M. Nicolas Sarkozy, le ministre de l'intérieur, de la sécurité
intérieure et des libertés locales. L'antisémitisme est donc, ni plus ni moins, un comportement de voyou devant être traité comme un acte délictueux.
En la matière, le Gouvernement a une seule politique : ne rien accepter. En 2003, il y a eu 37 % d'actes antisémites violents en moins. Pour autant, 125 agressions ont été à déplorer. Or tant qu'il y aura encore une seule agression antisémite sur le territoire de la République, nous ne serons pas arrivés au bout de notre action. D'ailleurs, la lutte contre l'antisémitisme n'est pas l'affaire de la communauté juive de France. Elle est celle de la communauté nationale dans son ensemble car, chaque fois qu'un juif est attaqué parce qu'il est juif, c'est une tâche sur la République française dans son ensemble. Ce n'est pas le problème des seuls juifs. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire, du groupe Union pour la démocratie française et sur plusieurs bancs du groupe des député-e-s communistes et républicains.)
Le Premier ministre a décidé de créer un fonds doté de 15 millions d'euros pour aider les collectivités locales qui le souhaiteront à financer des équipements de sécurisation pour tous les établissements sensibles, scolaires ou religieux. Bien sûr, dans l'esprit du Gouvernement, il s'agit de protéger non pas simplement les sites liés à la confession juive, mais tous les sites scolaires ou religieux qui, pour une raison ou pour une autre, auraient besoin d'être sécurisés.
Monsieur le député, c'est simple : nous sommes décidés à éradiquer l'antisémitisme de notre pays, y compris l'antisémitisme mondain qui sévit parfois à la télévision. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire, du groupe Union pour la démocratie française et sur plusieurs bancs du groupe socialiste et du groupe des député-e-s communistes et républicains.)