TRANSPORTS DE MATIERES DANGEREUSES
DANS L'AGGLOMERATION LILLOISE
M. le président. La parole est à M.
Christian Decocq, pour exposer sa question, n° 1188, relative aux transports de
matières dangereuses dans l'agglomération lilloise.
M. Christian Decocq.
Monsieur le secrétaire d'État aux transports et à la mer, on évalue à plus de
mille le nombre de poids lourds, je devrais dire de " bombes à roulettes ",
transportant des matières dangereuses et traversant quotidiennement
l'agglomération lilloise. Ces matières transportées présentent un risque
d'incendie ou d'explosion dans 60 % des cas ; elles sont toxiques pour l'homme
dans 50 % des cas, et polluantes pour l'environnement dans 60 % des cas. La
probabilité de risque d'accidents routiers a été située, par la direction
départementale de l'équipement elle-même, au niveau le plus élevé.
Pourtant, un itinéraire de contournement du coeur urbain
existe : en venant de l'autoroute A 1, les camions peuvent emprunter l'A 27
jusqu'à Baisieux pour rejoindre l'A 22. Mais, comme cela est facultatif, les
poids lourds, pour des raisons de rapidité, ne l'empruntent pas. Évidemment, cet
itinéraire fonctionne a fortiori, en sens inverse,
pour les poids lourds qui viennent des zones pétrochimiques d'Anvers et de
RotterdaM.
Depuis quatre ans, je mène inlassablement
une action de sensibilisation et d'alerte à destination des pouvoirs publics sur
les risques que représente ce transit pour la population et je demande un
contournement obligatoire de la métropole lilloise.
Dès
la fin de l'année 2001, le préfet, que j'avais interpellé, m'indiquait qu'il y
avait un début de stratégie pour faire en sorte que ces transports s'effectuent
dans les conditions les moins dommageables possibles en cas de malheur.
En janvier 2002, le conseil de la communauté urbaine de
Lille, saisi par moi-même, a souhaité, en séance plénière, mettre en place avec
l'État et les maires compétents pour la police de la circulation un schéma
d'organisation des matières dangereuses.
En octobre
2003, le successeur de ce préfet me faisait part par courrier, après notre
entrevue, de son accord pour une déviation générale du trafic de transit, sans
se limiter aux matières dangereuses. Une première réunion a eu lieu à la DDE en
juin 2004, en vue d'évoquer les modalités de concertation préalable à une mesure
de restriction de la circulation des poids lourds, les effets attendus d'une
telle mesure sur les transports de marchandise et les modalités pratiques de sa
mise en oeuvre, lesquelles ne sont pas simples, j'en conviens.
En février dernier, devant le silence de l'administration,
j'ai de nouveau saisi la DDE. Cette dernière m'a informé que la réunion de
concertation avec les autorités et les collectivités locales belges n'a toujours
pas eu lieu. Aujourd'hui, les riverains et les usagers de la voie rapide urbaine
de Lille attendent des actes. Le principe de prévention nous les impose. Vous
savez très bien que les Français classent le transport des matières dangereuses
au quatrième rang des risques les plus préoccupants. En mars 2004, un accident a
eu lieu, certes sans gravité, mais c'est un signal d'alerte. Des exemples de
prévention existent : à Lyon, les travaux du secrétariat permanent pour la
prévention des pollutions industrielles et des risques, le SPIRAL, ont abouti à
la conception d'un plan de circulation.
Monsieur le
secrétaire d'État, le ministère souhaite-il mettre en place pour l'agglomération
lilloise un itinéraire obligatoire et sécurisé concernant le transit des
matières dangereuses et, plus généralement, tout le transit ; et si oui, quand
?
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'État aux transports et à la mer.
M. François Goulard,
secrétaire d'État aux transports et à la mer.
Monsieur Decocq, le transport des matières dangereuses par la route est
effectivement une vraie préoccupation, en particulier dans les
agglomérations.
L'itinéraire que vous proposez, par les
autoroutes A 1, A 27, A 22, est incontestablement à privilégier et notre
objectif, comme le vôtre, est de le rendre obligatoire pour ce type de
transport. Cela doit être parfaitement clair.
Ainsi que
vous le savez, nos services peuvent veiller à ce que les transports de matières
dangereuses respectent l'obligation d'emprunter cet itinéraire dans le sens
sud-nord. Par contre, il appartient aux autorités belges de veiller à son
respect dans le sens nord-sud.
Une concertation est
engagée entre la direction régionale et départementale du Nord-Pas-de-Calais et
les autorités belges pour la liaison Amiens-Lille-Belgique. Gilles de Robien
s'efforce de convaincre celles-ci du bien-fondé de cette démarche. Un accord
devrait être trouvé dans les meilleurs délais et il pourrait alors rendre
obligatoire l'itinéraire par l'A 1, l'A 27 et l'A 22 pour les transports de
matières dangereuses et, plus largement, pour les poids lourds.
Vous l'avez dit, ces itinéraires spécialisés et
obligatoires existent, notamment dans l'agglomération lyonnaise, et ils
fonctionnent à la satisfaction générale. Ils nous paraissent être la solution à
privilégier pour toutes les agglomérations. C'est dire que nous allons
totalement dans votre sens. Nous n'attendons plus, je le répète, que l'accord
des autorités belges pour rendre obligatoire l'itinéraire que vous avez
proposé.
M. le
président. La parole est à M. Christian Decocq.
M. Christian Decocq.
Je vous remercie, monsieur le secrétaire d'État. J'avoue que je ne m'attendais
pas à une réponse aussi positive car je craignais que l'on ne m'oppose, une fois
de plus, des difficultés de concertation, du reste bien compréhensibles.
J'apprécie donc grandement, et je le ferai savoir, la position du
Gouvernement.
En cette période de campagne pour le
référendum sur la Constitution européenne, je pense qu'un tel travail de
concertation dans les zones frontalières est à mettre en avant. Votre réponse
contribue, par conséquent, à la campagne pour le " oui ".