EXTENSION DE LA RÉGLEMENTATION «
POINT VERT »
SUR LES DÉCHETS MÉNAGERS
M. le président. La
parole est à M. Jean-Yves Hugon, pour exposer sa question, n° 119,
relative à l'extension de la réglementation « Point vert » sur les déchets
ménagers.
M. Jean-Yves Hugon.
Madame la ministre de l'écologie et du développement durable, ma question porte
sur le fait que la réglementation sur le Point vert ne concerne que les
emballages ménagers proprements dits. Rappelons-le, le Point vert vise les
emballages produits par les fabricants participant au financement du dispositif
de la société Eco-Emballages en vertu d'un contrat signé entre ladite société et
le SYTOM - le système de tri des ordures ménagères - de la région de
Châteauroux. En vertu de ce même contrat, le Point vert permet alors au SYTOM,
pour les emballages concernés, de bénéficier de ressources financières
garanties.
En appliquant
strictement la réglementation, la société Eco-Emballages, contrairement à ce
qu'elle pratiquait jusqu'alors, ne prendra plus en compte les emballages autres
que strictement ménagers. Cette nouvelle application de la réglementation
entraîne donc une perte financière conséquente pour le SYTOM. Ne serait-il pas
plus efficace et pragmatique d'appliquer, comme le préconise l'Association des
maires de France, le Point vert aux déchets assimilés, notamment les cartons non
ménagers et les journaux prospectus ? Ainsi, les collectivités territoriales,
auxquelles incombe la lourde tâche de gérer les déchets, retrouveraient les
moyens financiers d'assurer pleinement leur mission.
M. le président. La
parole est à Mme la ministre de l'écologie et du développement durable.
Mme Roselyne
Bachelot-Narquin, ministre de l'écologie et du
développement durable. Monsieur le député, vous avez fait part de votre
proposition d'étendre l'assiette du Point vert, qui ne concerne actuellement que
les emballages ménagers, aux déchets d'emballages assimilés, aux journaux et
prospectus, et je vous en remercie car il s'agit là effectivement d'un
véritablement problème d'environnement.
Votre interrogation fait suite à la
mise en place récente par la société Eco-Emballages de procédures de contrôle
sur les balles de papiers-cartons, ayant entraîné une baisse des soutiens versés
par cette société.
Comme vous
l'avez souligné, les sociétés agréées du type Eco-Emballages ne sont pas à même
d'intervenir sur les emballages non ménagers, sur lesquels elles ne perçoivent
pas de contribution de la part des producteurs. La mise en place de contrôles en
ce sens correspond donc à la stricte application de la réglementation, et est,
de ce fait, légitime.
Les
parties intéressées étant conscientes de leur intérêt commun à la bonne
poursuite du système, un accord a été conclu entre l'Association des maires de
France et Eco-Emballages qui fixe un seuil de 15 kilos par habitant et par
an, correspondant théoriquement à la totalité des emballages cartons destinés
aux ménages mis sur le marché. Au-dessous de ce seuil, c'est à Eco-Emballages de
montrer que les balles contiennent des papiers-cartons autres que ménagers ;
au-dessus, la charge de la preuve revient en sens inverse aux collectivités.
L'examen, dans les mois prochains,
du renouvellement des agréments des sociétés Eco-Emballages et Adelphe sera
l'occasion, le cas échéant, de définir de nouvelles règles et de réviser le
barème de la contribution des industriels ainsi que le barème de soutien aux
collectivités.
D'ores et déjà,
cependant, il apparaît que votre proposition d'étendre le Point vert aux déchets
d'emballages assimilés est délicate pour deux raisons. D'abord, parce que cela
pose clairement la question du champ et du financement du service-public
d'élimination des ordures ménagères, et notamment de la mise en place de la
redevance spéciale. Vous savez en effet que, si une collectivité locale choisit
d'ouvrir à son service public d'élimination des ordures ménagères, la collecte
et l'élimination de déchets non ménagers, elle doit alors financer ce service
directement auprès de l'industriel ou entreprise-détenteur du déchet. Le
paiement en amont à une société agréée pour la prise en charge de ces mêmes
opérations, qu'attesterait le Point vert, n'a donc pas de justification.
La seconde raison est due au fait
que la cotisation au Point vert des conditionneurs d'emballages intervient au
moment de la mise sur le marché du produit emballé. Or, à ce stade, il n'est pas
possible de savoir quelles quantités de déchets d'emballages seront collectées
en mélange avec les ordures ménagères. Il faut préciser en outre que les
quantités en jeu entre les emballages ménagers et les emballages industriels
sont significativement très différentes. Ainsi, en 2000, dix fois plus
d'emballages papiers cartons ont été recyclés dans le circuit industriel que
dans le circuit des ménages.
Au-delà se pose la question plus
générale des besoins de financement des collectivités locales, dont certaines
ont vu le coût de traitement de leurs déchets exploser depuis plusieurs années.
Les propositions du Conseil national des déchets, que j'ai réuni il y a quelques
semaines, me seront, sur ce point, très utiles et je souhaite que votre
suggestion soit examinée dans ce cadre.
La question concernant les imprimés
publicitaires peut, quant à elle, être réglée de manière différente. Dans le
cadre du projet de loi de finances pour 2003, les parlementaires ont en effet
adopté, en décembre 2002, une disposition visant à instaurer une
contribution financière des producteurs d'imprimés à l'élimination des imprimés
qu'ils distribuent. Malheureusement, cette disposition concernait quasi
exclusivement les imprimés publicitaires et comportait de nombreuses
exemptions.
Par décision du
27 décembre 2002, le Conseil constitutionnel, sans remettre aucunement
en cause le principe de cette mesure, a toutefois annulé cette disposition qu'il
a jugée contraire au principe d'égalité en raison des trop nombreuses exemptions
dont elle était assortie. Sur le fond, j'ai regretté cette décision, même si,
sur la forme, je ne peux que m'y conformer sans porter de jugement. C'est sur la
base de cette position du Conseil constitutionnel que je compte reprendre
rapidement les travaux sur un projet de décret avec un champ le plus large
possible.
M. le président. La
parole est à M. Jean-Yves Hugon.
M. Jean-Yves Hugon.
Je vous remercie, madame la ministre. Je ferai part de vos propositions aux élus
en charge de ce dossier. Le cas échéant, je me tournerai à nouveau vers vous ou
vos collaborateurs.