FICHE QUESTION
12ème législature
Question N° : 120087  de  M.   Cornut-Gentille François ( Union pour un Mouvement Populaire - Haute-Marne ) QE
Ministère interrogé :  santé et solidarités
Ministère attributaire :  santé et solidarités (II)
Question publiée au JO le :  06/03/2007  page :  2331
Réponse publiée au JO le :  03/04/2007  page :  3448
Date de changement d'attribution :  27/03/2007
Rubrique :  drogue
Tête d'analyse :  toxicomanie
Analyse :  traitements de substitution. détournement
Texte de la QUESTION : M. François Cornut-Gentille attire l'attention de M. le ministre de la santé et des solidarités sur l'abus de médicaments légaux. Selon une étude de l'Organe international de contrôle des stupéfiants, l'abus de médicaments délivrés sur ordonnance tels des anorexigènes ou des analgésiques, tend à dépasser la consommation de drogues illicites. L'OICS précise qu'en France 25 % des prescriptions de buprénorphine ou Subutex est détourné vers des marchés illicites. Cette dérive médicamenteuse s'appuie notamment sur la vente par internet des substances pharmaceutiques. Face à ce phénomène en pleine croissance, il lui demande de préciser les mesures prises par le Gouvernement pour enrayer l'abus de médicaments délivrés sur ordonnance.
Texte de la REPONSE : La politique de réduction des risques menée en France depuis dix ans a montré son efficacité, En effet, depuis dix ans, la proportion de toxicomanes infectés par le VIH a été divisée par 4 (de 40 % à presque 10 %). Les overdoses mortelles ont été divisées par 5, le nombre d'interpellations pour usage d'héroïne a été diminué de 75 %, et le nombre de toxicomanes qui s'injectent de la drogue a été divisé par 6. La mise sur le marché des produits de substitution aux opiacés, notamment la buprénorphine à haute dose (BHD, Subutex(R)) en juillet 1995, est un des éléments centraux de cette politique. La contrepartie d'un accès facilité de la BHD est son détournement d'usage et un trafic mené par un petit nombre de personnes. En effet, si la plupart des patients traités suivent correctement leur traitement, une toute petite fraction des bénéficiaires de celui-ci (moins de 5 %, soit moins de 5 000 personnes) utilise le dispositif pour le détourner et alimenter le trafic de rue. La priorité du ministre de la santé et des solidarités est de poursuivre la politique de réduction des risques tout en luttant contre les trafics et en agissant sur les mésusages. Le classement de la BHD comme médicament stupéfiant a été proposé par la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les toxicomanies (MILDT) et par la commission nationale des stupéfiants et psychotropes de l'AFSSAPS. Son objectif était de disposer d'outils judiciaires permettant la répression des plus gros trafics, et de mieux sensibiliser et responsabiliser médecins et pharmaciens sur le respect des règles de prescription et de délivrance du Subutex, sans pour autant les modifier fondamentalement, car elles sont actuellement déjà très proches de celles d'un stupéfiant. Le ministre de la santé et des solidarités a souhaité, avant toute décision, procéder à une concertation avec l'ensemble des parties prenantes à la réduction des risques, en évaluer les conséquences sur le terrain et rechercher l'existence d'alternative à cette mesure. La concertation qu'il a lancée au mois de juin dernier met en évidence le point fondamental suivant : le classement du Subutex, même s'il n'entraîne aucun changement théorique dans l'accès à ce traitement, serait vécu comme une stigmatisation par les usagers et comme un frein par les professionnels de santé qui hésiteraient à le prescrire ou à le délivrer. Ces réactions amènent à penser que le classement induirait de réelles difficultés d'accès à ce traitement, par incompréhension ou réticences de la part des usagers et de certains professionnels de santé. Par ailleurs, il existe d'autres moyens de réduire les trafics et d'agir sur les mésusages qui n'ont pas encore produit tous leurs résultats. Ainsi, la CNAMTS a systématisé ses contrôles sur l'ensemble du territoire par la mise en place d'un plan national. Dès 2005, on a observé une réduction de près de moitié du nombre des personnes se faisant délivrer des quantités trop élevées de produits de substitution. Leur proportion est passée de 2,4 en 2004 à 1,6 % en 2005. Le ministre de la santé et des solidarités souhaite que d'autres mesures soient mises en oeuvre comme par exemple une meilleure formation des médecins et pharmaciens aux traitements de substitution. Il demande également à la commission addictions, composée de professionnels, usagers, associations, sociétés savantes et experts, qui a été mise en place le 15 novembre dernier, de lui faire des propositions d'ici juin sur les moyens de limiter les trafics et d'agir sur les mésusages.
UMP 12 REP_PUB Champagne-Ardenne O