Texte de la REPONSE :
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CONSEQUENCES DU PLAN DE PREVENTION DES RISQUES D'INONDATION
A LYON Mme la présidente. La parole est à
M. Jean-Paul Bacquet, pour exposer la question, n° 1268, de Mme Martine David,
relative aux conséquences du plan de prévention des risques d'inondation à
Lyon. M. Jean-Paul Bacquet. Madame la présidente, madame la
ministre, je vous prie de bien vouloir excuser Mme Martine David, qui n'a pu
être parmi nous ce matin et m'a chargé de présenter sa question, qui porte sur
les conséquences de la loi relative à la prévention des risques technologiques
et naturels du 30 juillet 2003. Il semble, en effet, qu'une application stricte
de l'interdiction de construire sur les terrains susceptibles d'être soumis à
des crues millennales pose de graves problèmes aux élus locaux. Dans le cas de
l'agglomération de Lyon, notamment sur les communes de Neuville et Genay ce
dispositif conduirait à restreindre drastiquement l'aménagement d'une zone
industrielle majeure construite et viabilisée à grands frais il y a plus de
trente ans. Les responsables du secteur ont donc sollicité Mme David,
craignant même que les entreprises qui y sont déjà établies voient leur
développement rendu impossible, tandis que toute nouvelle implantation serait
purement exclue. Ils s'étonnent, par ailleurs, que des décisions aussi
contraignantes soient mises en place sans aucune prise en compte des
spécificités locales. En l'espèce, ils estiment qu'il conviendrait sans doute de
considérer les lourds travaux d'enrochement du lit de la rivière Saône, la
lenteur de ses crues ou encore la disproportion entre le gâchis économique et
social qu'entraînerait ce plan de prévention des risques naturels et la
projection toute théorique d'une crue millennale. Madame la ministre, les
remarques et l'argumentaire de ces élus qui connaissent parfaitement leurs
communes ne pourraient-elles pas être davantage écoutés dans un processus
d'adaptation de la réglementation aux réalités de ces territoires
? Mme la présidente. La parole est à Mme la ministre de
l'écologie et du développement durable. Mme Nelly Olin,
ministre de l'écologie et du développement durable. Monsieur le député,
votre question porte sur le plan de prévention des risques des crues du Rhône et
de la Saône dans l'agglomération lyonnaise. Pour le Grand Lyon, deux
références sont retenues : la crue centennale du Rhône et de la Saône et la plus
forte crue connue. Il s'agit, pour la Saône, de la crue de 1840, qui fut
supérieure à une crue d'occurrence centennale et sur laquelle nous disposons
d'une excellente documentation. Cette crue a été reproduite sur la base des
conditions actuelles d'écoulement, ce qui a conduit à baisser significativement
le niveau historique. L'état actuel de la rivière est donc bien pris en
compte. La prise en compte des ces deux références est pragmatique : la crue
de 1840 modélisée est retenue pour déterminer les zones d'expansion des crues à
conserver et pour protéger les sites les plus sensibles comme les installations
nécessaires au secours des populations, tandis que la référence centennale
permet de réglementer les zones déjà urbanisées, en assurant une protection dans
les zones où les risques sont les plus forts et la possibilité de construire,
avec certaines précautions, dans les zones d'aléa modéré. Le coût des
dommages potentiels pour les communes de Genay et Neuville a été estimé à
environ 305 millions d'euros pour une crue centennale et à environ 970 millions
d'euros pour une crue " exceptionnelle " du type de celle de 1840, qui était
loin d'être millennale. J'ajoute que la crue de la basse vallée du Rhône de
décembre 2003 a malheureusement montré que les industriels ne parvenaient pas
toujours à protéger leurs installations, même quand le risque était connu
plusieurs jours à l'avance. Vous comprenez donc le souci de l'État d'éviter
l'augmentation, coûteuse pour la collectivité, de l'exposition des biens en zone
inondable, tout en conciliant, chaque fois que cela est possible, prévention des
risques majeurs et développement économique. Je tiens à ce titre à souligner
que le préfet conduit ce plan de prévention des risques en associant les
collectivités concernées au sein d'un comité de pilotage. La collaboration et le
partage de toutes les décisions entre les représentants de l'État et ceux de la
communauté urbaine du Grand Lyon méritent d'être soulignés. La qualité du
travail est globalement reconnue par tous les partenaires. Toutefois, je sais
qu'il n'y a pas de consensus pour la zone industrielle située dans les communes
de Neuville et Genay. Le préfet a donc souhaité examiner dans le détail les
conséquences du PPR sur la zone industrielle de Lyon Nord. Il a rencontré les
élus de ces communes à la fin de 2004, afin de mieux connaître les projets
industriels d'extensions ou d'implantation. Il est ressorti de ces discussions
que les projets connus étaient compatibles avec le PPR. Cela concerne en
particulier les extensions des sociétés Coatex et Aventis et l'implantation
d'Univar à Genay. Comme vous le voyez, le préfet a eu le souci de prendre en
compte les spécificités locales. Mme la présidente. La
parole est à M. Jean-Paul Bacquet. M. Jean-Paul Bacquet. Je
voudrais vous remercier, madame la ministre, pour les arguments que vous avez
développés et pour l'état des lieux détaillé que vous avez dressé. Je connais un
peu la région, pour avoir travaillé à Neuville pendant quelques mois. Il se
trouve que, par ailleurs, je m'intéresse grandement aux questions liées à l'eau
et à la gestion des risques. Je comprends donc parfaitement ce que vous avez dit
et en retiens certains éléments, que ma collègue Martine David n'aurait pas
manqué de commenter. Il est en effet incontestable qu'une très bonne
connaissance de la modélisation s'impose si l'on veut réaliser de véritables
simulations des crues. Vous avez également parlé des insuffisances dont font
preuve les industriels en matière de protection : cela pourrait s'améliorer
grâce à la concertation. Dans ces conditions, on est en droit d'exiger d'eux
qu'ils aient un peu plus que des notions pour faire face à ces
problèmes. D'autre part, vous avez dit que le préfet avait dirigé un comité
de pilotage et étudié avec une grande attention les conséquences éventuelles des
crues, et que les projets d'extension industrielle sont actuellement connus. Il
est vrai que ce secteur, très industriel, revêt une grande importance de ce
point de vue. C'était autrefois un secteur très résidentiel, et l'on peut penser
que les gens qui, à l'époque, avaient des moyens suffisants pour construire ne
négligeaient certainement pas les risques d'inondation. Madame la ministre,
tout ce que je puis vous demander, au nom de ma collègue, c'est de faire en
sorte que, sans mansuétude ni laxisme, les autorités préfectorales accordent,
dans les circulaires d'application, la plus grande attention aux particularismes
locaux.
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