FICHE QUESTION
12ème législature
Question N° : 1290  de  M.   Gantier Gilbert ( Union pour la Démocratie Française - Paris ) QG
Ministère interrogé :  économie
Ministère attributaire :  économie
Question publiée au JO le :  29/04/2004  page : 
Réponse publiée au JO le :  29/04/2004  page :  3176
Rubrique :  politique économique
Tête d'analyse :  politique industrielle
Analyse :  perspectives
DEBAT :

POLITIQUE INDUSTRIELLE

    M. le président. La parole est à M. Gilbert Gantier.
    M. Gilbert Gantier. Ma question s'adresse à M. le ministre d'Etat, en sa qualité de ministre de l'industrie.
    En réponse à l'un de nos collègues qui vous interrogeait hier sur la fusion Sanofi - Aventis, vous avez déclaré, monsieur le ministre d'Etat, qu'il s'agissait d'une « très bonne nouvelle ». Car il convient, avez-vous dit, de créer des « champions » français, européens et mondiaux.
    L'UDF approuve votre position et souhaite elle aussi une politique industrielle volontariste contribuant à la croissance de notre économie comme au développement de l'emploi et à celui de la recherche, indispensable à tout progrès économique.
    Pour lutter contre ce que l'on appelle parfois le déclin de la France, il nous faut en effet des champions comme Total, quatrième entreprise pétrolière mondiale, comme notre industrie automobile ou notre industrie nucléaire, l'une des plus performantes au monde, comme Air France qui vient de fusionner avec KLM, comme Airbus dont les appareils sont directement extrapolés de la Caravelle, construite entièrement en France.
    Nous tenons également beaucoup, monsieur le ministre d'Etat, à Alstom, constructeur du TGV et aussi du Queen Mary II, à Saint-Nazaire, le plus grand paquebot jamais construit au monde.
    Ma question est la suivante : comment concilier une politique industrielle volontariste avec les convoitises que suscitent parfois à l'étranger quelques-unes de nos plus belles pépites industrielles ? (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe Union pour la démocratie française et du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
    M. le président. La parole est à M. le ministre d'Etat, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.
    M. Nicolas Sarkozy, ministre d'Etat, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. Depuis vingt ans, la France a perdu environ un million d'emplois industriels. Fort heureusement, des emplois ont été créés dans d'autres secteurs et, malgré tout, elle demeure la cinquième puissance industrielle du monde.
    Nous avons identifié trois menaces.
    Tout d'abord, notre pays ne dépose pas assez de brevets par rapport à ses partenaires européens : 6 % contre 18 % pour l'Allemagne par exemple.
    M. Maxime Gremetz. Forcément, avec votre politique de la recherche !
    M. le ministre d'Etat, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. C'est ce qui a conduit le Gouvernement à soutenir une grande politique de recherche. (Vives exclamations sur les bancs du groupe socialiste et du groupe des député-e-s communistes et républicains.)
    Ensuite, les centres de décision quittent notre pays. C'est la raison pour laquelle le Gouvernement s'est battu pour que Sanofi et Aventis parviennent à un accord, dont la première conséquence sera que le centre de décision demeure en France.
    M. Jean Leonetti. Très bien !
    M. le ministre d'Etat, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. Enfin, c'est une vérité qu'il faut regarder en face, les coûts salariaux ont augmenté de 4 % en France depuis 1998 contre 2 % seulement en Allemagne, de par la faute de nos prédécesseurs. (Protestations sur les bancs du groupe socialiste.)
    M. François Hollande. Bien sûr, c'est la faute de la gauche !
    M. le ministre d'Etat, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. Je comprends que cela vous gêne, mais la France a perdu de ce fait en compétitivité. (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste. - Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
    Il nous faut donc poursuivre la politique de baisse des charges afin de créer des emplois en France. La meilleure politique sociale, c'est la création d'emplois, ce ne sont pas des promesses inconsidérées.
    Il y a aussi le volontarisme industriel et la question d'Alstom, à la fois essentielle et extrêmement difficile. D'ailleurs, si elle avait été résolue par nos prédécesseurs, nous n'aurions pas à nous en préoccuper aujourd'hui ! (Vives exclamations sur les bancs du groupe socialiste.)
    M. François Hollande. Encore la faute de la gauche !
    M. le ministre d'Etat, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. Enfin, pour ce qui concerne les délocalisations, autant on peut comprendre qu'une entreprise délocalise pour gagner des parts de marché, autant ce n'est pas acceptable quand il s'agit seulement de faire du dumping social avec pour conséquence la destruction d'emplois en France. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire et du groupe Union pour la démocratie française.)
    M. Emile Zuccarelli. Très bien !
    M. le ministre d'Etat, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. Notre politique en ce domaine ne sera pas d'interdire, mais de favoriser et de récompenser les entreprises qui développent l'emploi dans notre pays. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire et du groupe Union pour la démocratie française.)

UDF 12 REP_PUB Ile-de-France O