DEBAT :
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SOUDAN
M. le président. La parole
est à M. Paul Quilès, pour le groupe socialiste. M.
Paul Quilès. Ma question s'adresse à M. le ministre des affaires
étrangères. Dix mille morts,
plus d'un million de personnes déplacées à la suite de pillages, d'incendies, de
meurtres et de viols, des centaines de milliers de personnes menacées par la
faim et par la mort : telle est la situation tragique de la région soudanaise du
Darfour. Ce véritable nettoyage
ethnique a commencé il y a plus d'un an et la communauté internationale est au
courant. L'ONU sait, mais l'ONU ne fait rien. Pourtant, son secrétaire général,
Kofi Annan, l'a exhortée récemment « à réagir rapidement et fermement pour
mettre fin aux violations massives des droits de l'homme au Soudan ». Il a même
menacé en disant : « Par réagir, j'entends des mesures qui pourraient inclure
l'action militaire. » Au lieu de
cela, que voyons-nous ? Une ONU qui condamne et qui ne fait rien, une commission
des droits de l'homme de l'ONU qui n'est même pas capable de condamner le Soudan
parce qu'elle comprend une majorité de pays qui, eux-mêmes coupables de graves
violations, bloquent toute décision. Certes, cette région du Soudan n'a
pas de pétrole et ne présente pas non plus un intérêt stratégique majeur pour
les grandes puissances. Est-ce une raison pour abandonner à leur triste sort ce
pauvre pays et des centaines de milliers de victimes probables ? À ce compte,
les droits de l'homme risquent de devenir un simple objet de discours. C'est pourquoi, monsieur le
ministre, je vous demande solennellement ce que peut faire l'Europe et ce que
compte faire la France pour amener l'ONU à se ressaisir et à enfin intervenir ?
Si rien n'est fait, ces crimes contre l'humanité vont se transformer en un
véritable génocide et il ne servira à rien de faire acte de repentance dans
quelques années. (Applaudissements sur les bancs du
groupe socialiste et sur de nombreux bancs du groupe de l'Union pour un
mouvement populaire et du groupe Union pour la démocratie française.) M. le
président. La parole est à Mme la ministre déléguée aux affaires
européennes. Mme Claudie Haigneré, ministre déléguée aux affaires européennes.
Monsieur le député, je réponds à votre question à la demande de Michel
Barnier, qui est actuellement en visite en Afrique. Comme vous le soulignez avec force,
la situation dans le Darfour nous préoccupe gravement, d'une part, parce qu'il
s'agit d'une crise humanitaire tragique et, d'autre part, parce qu'elle menace
la stabilité de la région : le Tchad, la République centrafricaine et, bien
entendu, le Soudan lui-même, compte tenu de la situation dans le sud du pays.
C'est pourquoi le ministre des affaires étrangères, M. de Villepin, s'était
rendu au Tchad et au Soudan, en février dernier. La France a fortement soutenu,
avec ses partenaires européens, la médiation du président Debi, dans les
pourparlers de paix qui ont abouti, le 8 avril dernier, à N'Djamena, à
la conclusion d'un accord de cessez-le-feu humanitaire entre le gouvernement
soudanais et les rebelles. Mais
nous devons rester très vigilants. Cet accord doit être confirmé sur le terrain,
afin d'offrir un accès immédiat aux populations. Plusieurs missions humanitaires
internationales se trouvent actuellement au Darfour. Il convient de s'assurer
qu'elles ont la possibilité de travailler. La situation au Soudan a été
évoquée à la commission des droits de l'homme des Nations unies qui vient de se
réunir à Genève. Elle a donné lieu à une longue concertation entre l'Union
européenne et le groupe africain, qui a abouti à un accord sur un mécanisme
concret de surveillance de la situation des droits de l'homme. C'est un progrès,
qui répond en partie aux préoccupations exprimées par le secrétaire général des
Nations unies, même si ce n'est qu'une mesure partielle. La communauté
internationale doit maintenant soutenir ces mécanismes de suivi du
cessez-le-feu, que l'Union africaine doit mettre en place et, bien entendu, ne
pas abandonner. (Applaudissements sur de nombreux bancs
du groupe de l'Union pour un mouvement populaire et du groupe Union pour la
démocratie française.)
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