DEBAT :
|
REDEVANCE ARCHÉOLOGIQUE
M. le président. La parole
est à M. Philippe-Armand Martin, pour le groupe socialiste. M.
Philippe-Armand Martin. Ma question s'adresse à M. le ministre de
la culture. Elle a trait à la perception de la redevance archéologique,
instaurée par la loi 2001-1944 du 17 janvier 2001. En effet, il apparaît que, dans un
souci de détection, de conservation ou de sauvegarde du patrimoine, peuvent être
inscrites des mesures de fouilles archéologiques. Dans ce cadre, il est prévu la
perception d'une redevance permettant de financer le Fonds national pour
l'archéologie préventive. Son montant a été fixé à 0,32 euro le mètre carré.
Elle porte sur la totalité de la superficie des projets de réalisation
d'aménagements, d'ouvrages ou de travaux. Or de nombreux projets s'inscrivent
dans un espace très étendu, alors même que leur implantation foncière est très
réduite. Les promoteurs doivent néanmoins s'acquitter de la redevance pour
l'ensemble de la surface. Je prendrai l'exemple de la réalisation de sites de
loisirs ou de sport mais, bien entendu, le problème se pose en termes identiques
pour de nombreux autres aménagements. De ce fait, la redevance
archéologique engendre des effets non mesurés et risque de nuire à la
réalisation de projets d'aménagements créateurs d'emplois pour de nombreuses
régions et départements. Dès à présent, elle met en difficulté des entreprises
immobilières qui se sont engagées dans des projets assis sur une grande
superficie sans pour autant comprendre de grandes implantations foncières. Ma question ne vise pas à remettre
en cause la redevance archéologique, mais à engager un débat sur les nécessaires
assouplissements de ses conditions d'exigibilité. Monsieur le ministre, pouvez-vous
nous indiquer si des aménagements portant sur l'assiette de la redevance
archéologique sont envisageables, notamment pour les projets s'inscrivant sur
une grande superficie et ne comprenant qu'une implication immobilière limitée,
afin, d'une part, de permettre leur réalisation, et, d'autre part, d'assurer la
pérennité des entreprises réalisatrices ? (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe de l'Union
pour un mouvement populaire.) M. le président. La
parole est à M. le ministre de la culture et de la communication. M.
Renaud Donnedieu de Vabres, ministre de la
culture et de la communication. Monsieur le député, ne pas pénaliser notre
histoire tout en permettant la naissance dans chaque commune de nombreux projets
: tel est le défi. Vous soulevez une réelle difficulté de la loi du
1er août 2003, dont l'objectif était, je le rappelle, de préserver une
discipline essentielle de notre patrimoine et de notre mémoire, de nos racines
et donc de notre fierté nationale. M. Robert Pandraud. Très
bien ! M. le ministre de la culture et de
la communication. Cette loi avait fait l'objet d'un important travail
de préparation et de concertation préalable dans le cadre des travaux menés par
votre mission d'évaluation et de contrôle, coordonnés par mon collègue Laurent
Hénart. M. Michel Bouvard. M.
Aillagon n'a pas écouté la commission des finances ! M. le
ministre de la culture et de la communication. C'est d'ailleurs pour
pallier l'impossibilité dans laquelle se trouvaient des communes de financer les
fouilles d'archéologie préventive dans l'ancien système qu'il a été choisi de
créer un fonds de mutualisation financé par la redevance générale d'archéologie,
prélevée désormais sur l'ensemble des aménageurs et non plus seulement sur ceux
qui sont exposés à un « risque » archéologique, le risque pouvant bien sûr être
une chance. M. Michel Bouvard. Ce
n'est pas la question ! M. le ministre de la culture et de
la communication. Je vais répondre à la question avec beaucoup de
précision, mais je pense qu'il fallait rappeler quel est exactement le
problème. M. le président. Monsieur
le ministre, veuillez poursuivre, parce que l'heure tourne. M. le
ministre de la culture et de la communication. Ce principe de
mutualisation est juste, mais l'assiette choisie pour le calcul de cette
redevance a créé, j'en suis parfaitement conscient, des situations de réelle
injustice. M. Michel Bouvard. Eh oui
! M. le ministre de la culture et de
la communication. C'est la raison pour laquelle nous avons entrepris,
avec mon collègue chargé de l'équipement, une vérification précise, au cas par
cas, des situations locales, afin de prévoir certains aménagements. M.
Robert Pandraud. Très bien ! M. le ministre de la culture et de
la communication. Je tiens néanmoins à rappeler deux éléments très
importants. D'abord, l'assiette de la redevance d'archéologie préventive ne
porte que sur des terrains d'une superficie égale ou supérieure à 3
000 mètres carrés. Ensuite, les communes réalisant un lotissement ou une
zone d'aménagement concerté peuvent également bénéficier d'exonérations pour la
construction de logements à usage locatif. Cela dit, je reste attentif, comme
vous l'avez indiqué, aux problèmes issus du terrain et nous serons amenés devant
vos commissions et, le cas échéant, devant la représentation nationale, à faire
des propositions de correction. (Applaudissements sur
plusieurs bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
|