DÉPLACEMENT AUX ÉTATS-UNIS
DU MINISTRE DE L'ÉCONOMIE, DES FINANCES
ET DE L'INDUSTRIE
M. le président. La parole
est à M. Philippe Martin, pour le groupe socialiste.
M.
Philippe Martin. Ma question s'adresse à M. le ministre d'Etat,
ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.
Mes chers collègues, lorsque le
Président de la République a demandé au Parlement d'approuver la position
française de fermeté et d'hostilité à la guerre en Irak, l'unanimité s'est faite
dans notre assemblée et les députés socialistes y ont pris toute leur part.
Monsieur le ministre d'Etat, vous
venez d'effectuer un déplacement remarqué aux Etats-Unis, dont nous n'ignorons
pratiquement plus aucun détail. Ma question porte sur le sens qu'il convient de
donner à ce voyage...
M. Albert Facon.
L'élection présidentielle, peut-être !
M. Philippe Martin. ... et
sur les conséquences politiques de son déroulement. Je suis d'ailleurs certain
de ne pas être le seul dans cet hémicycle à me la poser.
Votre frénésie de notoriété (« Nul ! Minable ! » sur les bancs du groupe de l'Union
pour un mouvement populaire) ne vous aurait-elle pas conduit, cette fois, à
un peu d'aveuglement, au point de ne pas voir que vous placiez les dirigeants
américains en situation de choisir chez nous entre les bons dirigeants, qui ont
droit à des égards de chefs d'Etat, et ceux qui le seraient moins et n'auraient
droit qu'au service minimum ? (Applaudissements sur les
bancs du groupe socialiste. - Protestations sur les bancs du groupe de
l'Union pour un mouvement populaire.)
En procédant ainsi, ne
craignez-vous pas d'avoir pris le risque d'affaiblir la voix du Président de la
République et celle de l'ONU ?
En un mot, monsieur le ministre
d'Etat, un peu plus de modestie ou, à tout le moins, de lucidité, n'aurait-il
pas abouti à un peu moins de succès personnel pour votre expédition mais à un
peu plus de grandeur et de cohérence pour la France ? (Applaudissements sur les bancs du groupe
socialiste. - Huées sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement
populaire.)
M. René Couanau. Ridicule
!
M. le président. La parole
est à M. le ministre d'Etat, ministre de l'économie, des finances et de
l'industrie.
M. Nicolas Sarkozy, ministre d'Etat, ministre de l'économie, des
finances et de l'industrie. Monsieur Martin, vous n'allez pas être déçu de
la réponse ! (« Ah ! » sur les bancs du groupe
socialiste.)
Outre
l'assemblée générale du FMI - je comprends que vous ne soyez pas familier de ces
matières (Protestations sur les bancs du groupe
socialiste) - et le sommet du G 7 avec les ministres des finances, j'ai fait
deux choses dont je n'avais pas pensé rendre compte à l'Assemblée nationale.
Mais puisque vous m'y invitez, je ne vais pas me gêner !
Premièrement, j'ai été l'invité de
la totalité des associations de juifs américains, qui ont souhaité remercier la
France pour le combat déterminé que nous menons contre l'antisémitisme. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour
un mouvement populaire et du groupe Union pour la démocratie française.)
Ils ne se sont pas arrêtés à cela,
monsieur Martin, puisqu'ils ont voulu me remettre une récompense. Et je vais
même vous faire une confidence : ça ne risquait pas d'arriver à M. Vaillant
(Protestations sur les bancs du groupe socialiste),
car après les cinq années du gouvernement de M. Jospin, on était arrivé à
faire croire aux Etats-Unis d'Amérique que la France était un pays antisémite !
(Violentes protestations sur les bancs du groupe
socialiste, dont les membres se lèvent et se dirigent vers la sortie de
l'hémicycle.)
M. Albert Facon. Ça ne
va pas, non ? C'est scandaleux !
M. Bernard Roman. C'est
inadmissible !
M. le président. Monsieur
Roman, monsieur Facon, ne vous en mêlez pas !
M. le ministre d'Etat, ministre de
l'économie, des finances et de l'industrie. Deuxièmement (Le ministre poursuit son propos dans un grand brouhaha),
j'ai tenu à indiquer à nos amis américains qu'on pouvait avoir un désaccord
sur l'Irak - et ce désaccord est incontestable - mais que cela ne nuisait en
rien à l'amitié historique entre les Américains et la France. (Huées prolongées des députés du groupe socialiste, qui se
sont regroupés au pied de la tribune et dans les premières travées.)
M.
Jean-Christophe Cambadélis. Scandaleux !
M. le
ministre d'Etat, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.
Les chefs d'entreprise français qui investissent aux Etats-Unis et
commercent avec eux sont heureux que le ministre des finances français...
M.
Jean-Yves Le Déaut. Voyou !
M. le ministre d'Etat, ministre de
l'économie, des finances et de l'industrie. ... ait dit aux Etats-Unis
d'Amérique que l'actualité c'était un désaccord sur l'Irak, mais que l'histoire
c'était l'amitié entre le peuple américain et le peuple français qui ne se sont
jamais fait la guerre dans toute leur histoire. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour
un mouvement populaire.)
M. le président. Merci,
monsieur le ministre !
M. le ministre d'Etat, ministre de
l'économie, des finances et de l'industrie. Je suis désolé, messieurs,
que vous n'ayez pas voulu rester pour écouter cette réponse qui est une réponse
d'Etat. (Les députés du groupe de l'Union pour un
mouvement populaire et plusieurs députés du groupe de l'Union pour la démocratie
française se lèvent et applaudissent longuement.)
Les
députés du groupe socialiste. Hou, hou !
M.
Jean-Christophe Cambadélis. Espèce de voyou !
M.
Alain Vidalies. Provocateur !
M. le président. Arrêtez !
Ça ne sert à rien ! Sortez tranquillement ! (Clameurs
des députés socialistes, toujours massés au pied de la tribune.)
M.
Henri Emmanuelli. Monsieur le président, vous n'avez pas fait ce qu'il
fallait !
M. le président. Monsieur
Emmanuelli, ne vous en mêlez pas !
M. Henri Emmanuelli. Y en
a marre de ce personnage !
Plusieurs députés
socialistes. Des excuses ! Des excuses !
M. le
président. Cela suffit ! Ou vous sortez, ou vous regagnez vos places
!
Plusieurs députés du groupe
UMP. Dehors ! Dehors !
M. le président. Et vous,
asseyez-vous !
Monsieur Marty,
vous avez la parole pour poser votre question.