APPLICATION DE LA LOI RELATIVE
À L'ARCHÉOLOGIE PRÉVENTIVE
M. le président. La
parole est à M. Jean-Pierre Door, pour exposer sa question, n° 12, portant
sur l'application de la loi relative à l'archéologie préventive.
M. Jean-Pierre Door.
Monsieur le président, ma question s'adresse à M. le ministre de la culture
et de la communication.
L'application de la loi du
17 janvier 2001 relative à l'archéologie préventive, avec ses décrets
d'application du 16 janvier 2002, institue une taxation financière
majeure sur l'aménagement de sites d'activités et, par ailleurs, des contraintes
administratives assez lourdes et incomprises. Elle entérine le système de
monopole par la création d'un établissement public, l'INRAP, seul habilité à
réaliser ou faire réaliser des fouilles archéologiques préventives. Elle invite
l'INRAP à proposer aux aménageurs - qui sont souvent des collectivités
locales, mais aussi parfois des particuliers ou des lotisseurs -, des frais
financiers exorbitants pour la réalisation de diagnostics archéologiques ou de
fouilles complémentaires.
J'en
veux pour exemple le parc d'activités économiques Arboria, près de Montargis,
que j'ai l'honneur de présider. Ce projet d'intérêt départemental de
150 hectares, bénéficiant du soutien du conseil général et du conseil
régional, est destiné à recevoir des activités, donc à créer des emplois. Mais
ces fouilles archéologiques remettent en cause l'équilibre de l'opération. Le
projet est même actuellement condamné, car les taxations financières démesurées
qui sont prévues nécessiteraient de rechercher des financements auprès des
collectivités locales, ou alors de se résoudre à augmenter de façon considérable
le prix de cession des terrains, ce qui, bien entendu, les rendrait
invendables.
Est-il envisageable
d'assouplir les décrets d'application, de réduire ou de modifier, par exemple,
les taxations et les contraintes, comme le souhaitent les élus locaux ? Ces
derniers, qui ne cherchent qu'à améliorer l'aménagement de leur territoire et à
favoriser l'installation d'entreprises, sont tous très inquiets.
M. le président. La
parole est à Mme la ministre déléguée aux affaires européennes.
Mme Noëlle Lenoir, ministre déléguée aux affaires européennes.
Monsieur le député, M. Jean-Jacques Aillagon, ministre de la
culture et de la communication, retenu par un engagement absolument
incontournable, vous prie de bien vouloir l'excuser. Il m'a demandé de vous
faire part de sa réponse.
La loi
du 17 janvier 2001 et ses décrets d'application visent à donner une
base juridique à l'archéologie préventive et à concilier les exigences
respectives de la recherche scientifique, de la conservation du patrimoine et du
développement économique et social.
Lorsqu'un projet d'aménagement est
susceptible d'affecter des vestiges archéologiques, des fouilles préventives
sont réalisées afin que ces vestiges puissent être recueillis avant d'être
détruits par les travaux projetés.
Avant l'entrée en vigueur de cette
loi, de telles opérations étaient réalisées par l'Association des fouilles
archéologiques nationales. Cette association, contrôlée par l'Etat, établissait
un devis qu'elle soumettait à l'aménageur à partir d'un cahier des charges
établi par la direction régionale des affaires culturelles. Ce système ne
reposait sur aucune base juridique et était vivement critiqué tant par les
constructeurs et les aménageurs que par la Cour des comptes.
La loi, qui est entrée en
application en février dernier, fixe le principe d'une prescription de fouille
établie par l'Etat et confie à un établissement public, l'Institut national de
recherches en archéologie préventive, le soin de réaliser les fouilles. Elle
prévoit par ailleurs, et vous l'avez indiqué, que l'archéologie préventive sera
désormais financée par une redevance payée par les aménageurs dont les travaux
sont susceptibles de porter atteinte aux vestiges enfouis dans le sol. Elle
dispose enfin que le Gouvernement présentera au Parlement, avant le
31 décembre 2003, un rapport sur son exécution.
Toutefois, l'application de cette
loi suscite un certain nombre de réactions, tant de la part des collectivités
locales que des propriétaires privés. C'est la raison pour laquelle le ministre
de la culture et de la communication a demandé à une mission d'étude de préparer
sans tarder un rapport d'application. Les modalités de calcul de la redevance
seront plus particulièrement examinées. Elles pourront, éventuellement, être
revues dans le cadre de ce bilan.
M. le président. La
parole est à M. Jean-Pierre Door.
M. Jean-Pierre Door.
Madame la ministre, nous ne nions pas, bien entendu, l'intérêt
d'étudier le patrimoine archéologique sur le territoire français. La réponse que
vous nous avez apportée est fort intéressante. Le bilan en cours permettra
peut-être de modifier ces taxations extrêmement lourdes.