FICHE QUESTION
12ème législature
Question N° : 1303  de  M.   Merville Denis ( Union pour un Mouvement Populaire - Seine-Maritime ) QOSD
Ministère interrogé :  justice
Ministère attributaire :  justice
Question publiée au JO le :  18/10/2005  page :  9593
Réponse publiée au JO le :  19/10/2005  page :  5349
Rubrique :  système pénitentiaire
Tête d'analyse :  maison d'arrêt du Havre
Analyse :  maison d'arrêt du Havre. délocalisation. perspectives
Texte de la QUESTION : M. Denis Merville appelle l'attention de M. le garde des sceaux, ministre de la justice, sur la délocalisation de la maison d'arrêt du Havre, décidée en 2002. Il est vrai que cette maison d'arrêt est fort ancienne et que les conditions de vie des prisonniers y sont bien difficiles. Après que l'agence d'urbanisme du Havre aient recherché un site favorable sur le territoire de la CODAH, les recherches ont été élargies à la communauté de communes de Saint-Romain-de-Colbosc et c'est le site de Saint-Aubin-Routot-Gainneville qui a été retenu. Toutefois les élus concernés et les populations riveraines ont regretté un certain manque de transparence dans ce dossier et ont eu le sentiment que tous les sites n'avaient pas été étudiés comme ils auraient dû l'être. Certains étaient sans nul doute plus éloignés des habitations que celui retenu. Un certain nombre de réponses ont été apportées, par le secrétaire d'État aux programmes immobiliers de la justice, à leurs interrogations, notamment la mise en place d'un comité de suivi et le dégagement de moyens pour une intégration parfaite de ce centre dans son environnement rural. Dans le dossier de presse, le ministère de la justice évoquait alors 400 places (maison d'arrêt : 200 + centre de détention : 200). Or, au fur et à mesure, il est apparu que l'établissement construit aurait un effectif supérieur (600 places). Ces derniers mois, lors des réunions du comité de suivi, il a été indiqué d'abord en novembre 2004, la programmation d'un établissement de 400 à 600 places, comprenant maison d'arrêt, centre de détention et quartier de semi-liberté. Puis, début 2005, c'est M. Dominique Perben qui a annoncé par voie de presse la construction d'une prison de 700 places. Lors de la réunion de la commission de suivi de travaux chargée d'étudier l'impact socio-économique de cette prison (juin 2005), il a été annoncé 690 places. Tout récemment, lors d'une réunion sur la modification du POS, la possibilité d'un quartier d'hébergement pour femmes avec augmentation du nombre de détenus a été évoquée, ce qui a été démenti par le représentant du ministère de la justice. Lors de l'entretien avec Pierre Bedier, le 16 décembre 2003, les élus avaient évoqué que s'ils étaient conscients de la nécessité de délocaliser la maison d'arrêt du Havre, ils n'avaient pas le sentiment d'une grande transparence dans ce dossier. Ils sont maintenant, sur le secteur concerné, un peu amers de devoir accueillir ce centre de détention, les multiples évolutions de ce dossier les interpellent. C'est pourquoi il l'interroge sur la capacité d'accueil de ce centre de détention et sa nature : centre de détention ou maison centrale.
Texte de la REPONSE :

TRANSFERT DE LA MAISON D'ARRET DU HAVRE

M. le président. La parole est à M. Denis Merville, pour exposer sa question, n° 1303, relative au transfert de la maison d'arrêt du Havre.
M. Denis Merville. Monsieur le ministre, en 2002, nous avons appris que la maison d'arrêt du Havre allait être transférée. Il est vrai que cette maison d'arrêt est fort ancienne et que les conditions de vie des prisonniers y sont difficiles.
Après que l'agence d'urbanisme du Havre a recherché un site favorable sur le territoire de la CODAH, communauté de l'agglomération havraise, les recherches ont été élargies à la communauté de communes de Saint-Romain-de-Colbosc et c'est le site de Saint-Aubin-Routot-Gainneville, sur cette communauté de communes, qui a été retenu.
Toutefois, les élus concernés, les populations riveraines et moi-même avons tous regretté un certain manque de transparence dans ce dossier et avons eu le sentiment que tous les sites n'avaient pas été étudiés comme ils auraient dû l'être. Certains étaient sans nul doute plus éloignés des habitations que celui retenu.
J'ai d'ailleurs eu l'honneur de conduire une délégation de maires, d'élus et d'habitants auprès de M. Bédier, alors secrétaire d'État aux programmes immobiliers de la justice, et un certain nombre de réponses ont été apportées à nos interrogations, notamment la mise en place d'un comité de suivi et le dégagement de moyens pour une intégration parfaite de ce centre dans son environnement rural.
Lors de leur venue au Havre, M. Bédier et M. Perben, alors ministre de la justice, ont confirmé que le site de Saint-Aubin-Routot-Gainneville leur convenait et que la maison d'arrêt y serait transférée.
Dans le dossier de presse, que je tiens à votre disposition, le ministère de la justice évoquait alors 400 places, les études de l'AURH à l'origine aussi. Or petit à petit, il est apparu que l'établissement construit aurait un effectif supérieur : 600 places. En novembre 2004, lors des réunions du comité de suivi, il nous a été indiqué la programmation d'un établissement de 400 à 600 places. Puis, début 2005, Dominique Perben annonçait par voie de presse, dans un article du Monde du 4 mars 2005, la construction d'une prison de 700 places.
En juin 2005, lors de la réunion de la commission de suivi des travaux chargée d'étudier l'impact socio-économique de la construction de cette prison, on a annoncé 690 places. Cette évolution à la hausse, décidée sans concertation, ne pouvait pas ne pas nous faire réagir. D'après certains spécialistes, en effet, 600 places représentent une capacité d'accueil maximale. Lors des réunions tenues ces dernières semaines pour évoquer l'adduction d'eau et autres commodités, mes collègues maires ont posé des questions, mais les représentants de la chancellerie ont été incapables de préciser la capacité d'accueil et sa répartition. Tout récemment encore, à l'occasion d'une réunion consacrée à la modification du POS des communes concernées, la possibilité de créer un quartier d'hébergement pour femmes, ce qui aurait entraîné une nouvelle augmentation du nombre de détenus, a été évoquée, avant d'être démentie par le représentant du ministère de la justice.
Au cours de l'entretien qu'ils ont eu avec Pierre Bédier, en décembre 2003, les élus avaient expliqué que, s'ils étaient conscients de la nécessité de délocaliser la maison d'arrêt du Havre, ils regrettaient le manque de transparence dont souffrait un dossier qui, dès l'origine, paraît mal ficelé. Ils étaient déjà un peu amers de devoir accueillir ce centre de détention, mais les multiples évolutions du dossier les inquiètent, car il ne peut être que désagréable d'apprendre que la capacité d'accueil va passer de 400 à 600, voire à 690 ou plus. Pour ma part, j'ai l'honneur d'être maire de ma commune depuis vingt-cinq ans, et je n'agis pas ainsi avec mon conseil municipal.
Les questions que j'ai à poser sont claires. Quelle sera la capacité du centre de détention ? Dans l'espace presse du site internet du ministère de la justice, l'effectif annoncé est toujours de 400 places. S'agira-t-il d'ailleurs d'un centre de détention, d'une maison d'arrêt ou d'une maison centrale ? Qui allons-nous y accueillir ? Où en sont les études d'intégration dans l'environnement ? Les moyens suffisant à une parfaite intégration de cet établissement seront-ils dégagés ? Où en sont les études sur les eaux pluviales, l'eau, l'assainissement, les plantations, les dessertes routières ? Qu'a-t-on prévu pour le site archéologique existant à cet emplacement ? Un diagnostic sera-t-il rendu ? Pourquoi, dans le dossier proposé, la hauteur des miradors n'est-elle pas précisée ? Enfin, quel sera le régime fiscal des bâtiments ? À ce jour, aucune réponse ne nous a été donnée.
Je représente des populations qui demandent à être consultées, un territoire qui n'a pas vocation à accueillir ce dont d'autres ne veulent pas. Nous souhaiterions, aujourd'hui, des réponses précises et, par la suite, une véritable concertation.
M. le président. La parole est à M. le ministre délégué à l'industrie.
M. François Loos, ministre délégué à l'industrie. Monsieur le président, mesdames et messieurs les députés, je voudrais d'abord vous prier d'excuser Pascal Clément, qui m'a demandé de répondre à sa place. Vous vous doutez que ce dossier n'est pas ma spécialité : je vais néanmoins donner lecture du document qui a été préparé et qui apporte des réponses précises à certaines de vos questions tout en en laissant d'autres en suspens. La concertation que vous appelez est évidemment nécessaire et je ferai part à Pascal Clément des questions auxquelles il n'aura pas été répondu.
Vous avez appelé l'attention du garde des sceaux sur le projet de construction d'un nouvel établissement dans l'agglomération du Havre. Le programme de construction de 13 200 places de détention, annoncé le 21 novembre 2002, doit permettre de remédier aux difficultés actuelles de surpopulation carcérale.
Ce programme prévoit la construction de 13 200 places, dont 10 800 pour la construction de nouvelles prisons, 2 000 réservées à l'application d'une nouvelle conception de l'enfermement, et 400 destinées à l'accueil des mineurs. Le recensement des besoins et l'analyse de l'état du patrimoine pénitentiaire ont permis d'identifier les zones géographiques les plus touchées par la délinquance ou présentant des établissements vétustes et inadaptés aux normes réglementaires actuelles.
Dans ce cadre, le garde des sceaux a décidé la construction, sur le territoire de l'agglomération du Havre, d'un centre pénitentiaire d'une capacité de 690 places. Le site de Saint-Aubin-Routot-Gainneville a été choisi pour la réalisation de cette structure, à l'échéance 2009.
Le garde des sceaux a également fait le choix d'un calibrage permettant de répondre au mieux aux besoins de l'agglomération havraise, compte tenu des différents profils de délinquants, ainsi qu'à la nécessité d'un accueil adapté des détenus.
En conséquence, un quartier maison d'arrêt de 210 places sera réservé aux prévenus et aux détenus hommes condamnés à de courtes peines. Deux quartiers centre de détention permettront l'accueil de 390 détenus hommes condamnés. En outre, 45 places ont été prévues pour l'exécution de mesures de semi-liberté.
S'ajoute à ce dispositif de prise en charge des détenus hommes un quartier de 30 places spécialement conçu pour atténuer les effets de l'arrivée en détention, où chaque détenu entrant pourra bénéficier d'un encadrement spécifique et adapté pour une période de une à deux semaines.
Enfin, la réalisation d'un quartier de 15 places réservé aux mineurs délinquants permettra de tenir compte des particularités de cette population.
La somme de ces chiffres est bien de 690 places. Cela répond précisément à une partie de vos interrogations. Je transmettrai les autres à Pascal Clément.
M. le président. La parole est à M. Denis Merville.
M. Denis Merville. Monsieur le ministre, je vous remercie pour cette réponse. Vous êtes chargé de l'industrie et non de la justice, et vous avez vous-même dit que vous n'étiez pas un spécialiste de ce dossier. Je remercie également Pascal Clément pour les informations qu'il me donne.
Il confirme que le centre de détention comportera 690 places, mais le site Internet du ministère parle toujours de 400 places : il est fort désagréable pour des élus d'apprendre ainsi que l'on passe de 400 à 600, et maintenant à 690. J'espère qu'on en restera là, et, puisque le ministre le dit, j'ai toutes les raisons de le croire.
Dans sa réponse, il parle de l'agglomération du Havre. Or ce projet doit être réalisé dans la communauté de communes de Saint-Romain, qui n'a pas vocation à accueillir ce dont d'autres ne veulent pas.
Comme il s'agit d'un site rural, nous demandons une parfaite insertion dans l'environnement. M. Bédier nous avait promis que des moyens suffisants seraient dégagés. Divers problèmes se posent : desserte routière, adduction d'eau, assainissement et écoulement des eaux pluviales - question importante dans notre région. À tout cela, il faut accorder une attention particulière.
Enfin, j'ai récemment rencontré les responsables de la gendarmerie, qui souhaitaient eux aussi connaître la nature exacte de l'établissement, car cela conditionne le nombre de gendarmes dont nous aurons besoin dans le secteur. Peut-être faudra-t-il envisager de construire une nouvelle caserne. Tout cela prend du temps.
Monsieur le ministre, je vous remercie de la réponse que vous avez donnée au nom de M. le garde des sceaux et de bien vouloir appeler son attention sur les questions qui restent en suspens. Je souhaite vraiment que la concertation s'engage, qu'il y ait, dans ce dossier, beaucoup plus de transparence qu'il n'y en a depuis deux ou trois ans.

UMP 12 REP_PUB Haute-Normandie O