FICHE QUESTION
12ème législature
Question N° : 1390  de  M.   Dasseux Michel ( Socialiste - Dordogne ) QOSD
Ministère interrogé :  intérieur et aménagement du territoire
Ministère attributaire :  intérieur et aménagement du territoire
Question publiée au JO le :  31/01/2006  page :  787
Réponse publiée au JO le :  01/02/2006  page :  505
Rubrique :  sécurité publique
Tête d'analyse :  catastrophes naturelles
Analyse :  reconnaissance. sécheresse de 2003
Texte de la QUESTION : M. Michel Dasseux appelle l'attention de M. le ministre d'État, ministre de l'intérieur et de l'aménagement du territoire, sur la situation de sécheresse exceptionnelle qu'a connue la Dordogne à l'été 2003. Sur les 352 communes qui ont fait la demande d'inscription en catastrophe naturelle, seules 73 communes relevant principalement de la 3e circonscription, qui n'est pas, selon les études du BRCM, touchée au même titre que la 1re circonscription, ont bénéficié des. largesses du ministère de l'intérieur. Or, comment croire que tout le nord du département présente seul un aspect argilo-calcaire alors que tout le monde sait qu'il est avant tout granitique, justifiant ainsi son traitement de faveur. S'il se félicite de cet état de fait pour les citoyens qui bénéficient de cette juste réparation, qu'en est-il des autres périgourdins ? Un avis défavorable a été émis pour 262 communes par un arrêté du 20 décembre 2005, publié au Journal officiel le 31 décembre et signifié aux communes par la préfecture le 10 janvier 2006. Il souhaite connaître la logique de cet arrêté.
Texte de la REPONSE :

RECONNAISSANCE DE L'ETAT DE CATASTROPHE NATURELLE DE COMMUNES DE DORDOGNE

M. le président. La parole est à M. Michel Dasseux, pour exposer sa question, n° 1390.
M. Michel Dasseux. Ma question concerne également la sécheresse, mais il me semble que le cas que je vais évoquer est plus grave encore. Je tenais à interroger le ministre d'État, ministre de l'intérieur et de l'aménagement du territoire, sur un sujet qui, parmi d'autres, agite le département de la Dordogne. Il s'agit de la déclaration de catastrophe naturelle à la suite de la sécheresse de l'été 2003. Des désordres importants ont en effet été constatés et ne cessent de s'aggraver au fil du temps. La sécheresse de 2005 n'a rien arrangé.
Une association de défense des victimes de cette sécheresse s'est créée, qui compte aujourd'hui 546 adhérents. Les maires ont introduit des recours gracieux directement auprès du ministre ou par l'intermédiaire de leur union. En même temps, ils ont déposé des requêtes en Conseil d'État. En effet, le flagrant manque d'équité de traitement des diverses communes concernées amène à penser que les critères officiels retenus n'ont pas été respectés, notamment pour ma circonscription.
Pour avoir une chance d'être éligibles, les communes devaient répondre à trois critères essentiels : il fallait que des sols argileux soient présents ; le rapport de la moyenne de la réserve hydrique du troisième trimestre 2003 sur la moyenne de la réserve hydrique normale devait être inférieur à 20 % ; le nombre de décades de l'été 2003 durant lesquelles le réservoir hydrique était égal à 0 devait se situer au premier ou au second rang de la période 1989 2003. Il faut vraiment sortir de Polytechnique pour se dépatouiller dans ces calculs !
Or, en consultant la carte du Bureau de recherches géologiques et minières sur le site internet www.argiles.fr, on constate que la première circonscription - celle de la Vallée de l'Isle - est classée en aléa fort et que, de plus, plusieurs communes sont assujetties au PPR pour le retrait-gonflement des argiles.
Je ne veux pas épiloguer sur le cas de certaines communes de la troisième circonscription - notamment celles du nord - qui, bien que situées en milieu granitique et classées en aléa faible, ont été retenues, ce dont je me réjouis pour les heureux bénéficiaires. Un arrêté du 31 décembre 2005 publie une liste excluant 260 communes, toutes situées dans le centre et le sud du département, alors que de l'argile est présente dans la zone centrale, où l'aléa est donc fort. Par courrier du 10 janvier 2006, M. le préfet de la Dordogne a bien voulu motiver la décision de rejet en s'appuyant sur les rapports de Météo-France qui, dans le cadre du réseau Aurore, rattache ma commune à la station de Bergerac, située à 50 kilomètres au sud, la partie nord de la limite de zone étant rattachée à la station de Montemboeuf, en Charente, distante d'environ 60 kilomètres.
Il faut savoir que, le 6 septembre 2003, au cours de la décade considérée, un violent orage s'est abattu sur la ville de Bergerac, ce qui permet de dépasser de 5 % le seuil retenu pour le critère de réserve hydrique. Il s'agit bien d'une décade, c'est-à-dire de dix jours sur trente que compte le mois de septembre. Si une autre décade avait été considérée, il en aurait été autrement, puisque, excepté l'orage du 6, il n'a pas plu un seul jour à Bergerac au cours du mois de septembre 2003. Par ailleurs, dans cette zone Aurore, on ne compte pas moins de vingt stations météos dont les observations n'ont pas été prises en compte, notamment celle située sur ma commune de Coulounieix-Chamiers. Quand on analyse les résultats de celle-ci, on s'aperçoit que le rapport de la réserve hydrique du troisième trimestre 2003 sur la moyenne de la réserve hydrique des troisièmes trimestres de la période 1993-2003 est de 4 %, ce qui est bien en dessous de 21 %, seuil retenu pour qu'une commune soit reconnue.
Monsieur le ministre délégué aux collectivités territoriales, je ne remets pas en cause les limites des zones Aurore, mais comment expliquez-vous que, de part et d'autre d'une ligne virtuelle traversant la Vallée de l'Isle, on puisse classer ou rejeter des communes en s'appuyant sur des phénomènes météorologiques constatés à plus de 100 kilomètres ?
Je vous demande de bien vouloir faire affiner l'étude scientifique au plus près du terrain. On ne peut reconnaître l'état de sécheresse pour des communes dont les aléas argileux sont faibles pour la seule raison que, à plusieurs dizaines de kilomètres, une station météo n'a pas enregistré de fortes précipitations, et rejeter des communes dont les sols argileux sont en aléa fort sous prétexte que, à 50 kilomètres de là, on a constaté un orage en quatre vingt-dix jours.
Dans ma circonscription et en Dordogne, les citoyens croient encore en la République, qui se doit de les traiter équitablement. Faites en sorte de ne pas les décevoir.
M. le président. La parole est à M. le ministre délégué aux collectivités territoriales.
M. Brice Hortefeux, ministre délégué aux collectivités territoriales. Monsieur le député, vous appelez l'attention du ministre d'État sur le phénomène de sécheresse qui a affecté le département de la Dordogne en 2003.
Il m'apparaît utile de rappeler que la loi du 13 juillet 1982 modifiée, relative à l'indemnisation des victimes de catastrophes naturelles, considère " comme les effets des catastrophes naturelles [...] les dommages matériels directs non assurables ayant eu pour cause déterminante l'intensité anormale d'un agent naturel ". Les derniers termes de cette définition mettent en avant l'aspect technique de l'instruction de ces dossiers qui, en ce qui concerne les sécheresses, se fonde sur des rapports météorologiques et géotechniques, dans la mesure où seuls les sols argileux subissent des mouvements de terrains différentiels consécutifs à la sécheresse.
S'agissant de la sécheresse de 2003, les critères permettant de déterminer l'intensité anormale du phénomène ont été revus à la baisse à deux reprises, permettant ainsi de reconnaître plus de 3 750 communes, contre 200 seulement si l'on avait laissé la commission interministérielle s'en tenir aux critères antérieurs. Ces chiffres prouvent bien que, dans ce dossier, personne n'a été autiste.
Je rappelle également que les critères météorologiques s'appuient sur un zonage de Météo-France, dit zonage Aurore, chaque zone correspondant à un ensemble géographique homogène d'un point de vue climatique. Ainsi, les 353 communes du département de la Dordogne qui ont sollicité la reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle au titre de la sécheresse de 2003 sont rattachées à six zones et donc à six stations météorologiques différentes. Les communes rattachées aux stations météorologiques de Brive-la-Gaillarde, Bergerac et Gourdon ne répondent pas aux critères que j'ai rappelés. À l'inverse, les stations de Châteaubernard, Mérignac et Montemboeuf ont donné des résultats significatifs.
C'est sur ces bases que soixante-dix-neuf communes de la Dordogne ont été reconnues en situation de catastrophe naturelle et que 263 ne l'ont pas été et figurent dans l'arrêté interministériel du 20 décembre 2005 auquel vous avez fait allusion.
Il convient de noter que cet arrêté a été pris conformément à loi du 13 août 2004, qui rend obligatoire la publication de l'ensemble des décisions relatives aux catastrophes naturelles, ainsi que leur notification et leur motivation auprès des maires des communes concernées.
Comme je viens de le rappeler en réponse à la question posée par Julien Dray, le Gouvernement a fait adopter, par le biais de l'article 110 de la loi de finances pour 2006, une procédure complémentaire d'aide aux victimes de la sécheresse de 2003.
Je rappelle également que ce sont, au total, 180 millions d'euros qui seront consacrés à cette indemnisation.
Monsieur le député, le Gouvernement a voulu répondre rapidement aux cas les plus difficiles. Pour cela, reconnaissez que nous avons choisi une procédure simple et rapide. Ainsi, avant la fin du premier semestre de 2006, chaque propriétaire sinistré connaîtra le montant de l'aide accordée.
M. le président. La parole est à M. Michel Dasseux.
M. Michel Dasseux. Les explications que vient de nous donner M. le ministre nous avaient déjà été fournies par les textes que nous lisons avec une grande attention et par M. le préfet. Je souhaiterais cependant que les services du ministère se rendent sur place. Ils pourraient constater que ces communes sont situées en zone d'aléa fort puisqu'elles ont des sols argileux. De nombreux effondrements ont été constatés dans ma commune qui ont été reconnus comme une conséquence de la sécheresse. En même temps, toute la partie nord du département est en aléa faible ou nul. Cette inégalité de traitement - qui s'explique par des raisons que je n'évoquerai pas ici, pour ne pas être désagréable - nous choque profondément : des zones granitiques, donc non argileuses, ont été reconnues en état de catastrophe naturelle, alors que des zones vraiment argileuses ne l'ont pas été. Il ne peut s'agir que d'une erreur, et nous espérons qu'il y sera remédié.

SOC 12 REP_PUB Aquitaine O