SITUATION DE L'INDUSTRIE TEXTILE
VOSGIENNE
M. le président. La
parole est à Michel Heinrich, pour exposer sa question, n° 13,
relative à la situation de l'industrie textile vosgienne.
M. Michel Heinrich.
Monsieur le président, ma question s'adresse à Mme la ministre déléguée à
l'industrie, et je voudrais y associer mes collègues vosgiens Cherpion et
Vannson.
La situation du textile
en France, et dans les Vosges en particulier, est très préoccupante. L'industrie
textile vosgienne, qui emploie près de 7 000 personnes, se consacre
principalement à la filature et au tissage du coton. Elle dispose d'un outil de
production très performant, d'une main-d'oeuvre de grande qualité et d'un
savoir-faire reconnu. Mais aujoud'hui, elle ne peut plus faire face à une
augmentation massive des importations de produits à prix très bas en provenance
notamment du Pakistan, de l'Inde et plus généralement d'Asie.
Au cours des dix-huit derniers
mois, ces importations ont augmenté de 17 000 tonnes alors que la
production nationale française est de l'ordre de 50 000 tonnes. Une unité
de production de 200 personnes est ainsi appelée à disparaître chaque
quinzaine. Restructurations, redressements judiciaires, liquidations se
succèdent à un rythme soutenu. De plus, la fin de l'accord multifibres en 2004
aggravera encore la situation.
Je désire savoir quelles mesures
sont envisagées au niveau gouvernemental et européen, notamment pour endiguer
ces importations et redonner espoir aux entreprises. Par ailleurs, pouvez-vous
me dire quelles décisions sont prévues pour favoriser la reconversion des
salariés ?
M. le président. La
parole est à M. le secrétaire d'Etat aux petites et moyennes entreprises,
au commerce, à l'artisanat, aux professions libérales et à la consommation.
M. Renaud Dutreil, secrétaire d'Etat aux petites et moyennes
entreprises, au commerce, à l'artisanat, aux professions libérales et à la
consommation. Monsieur le député, je suis chargé de vous transmettre les
excuses de Mme Fontaine qui ne peut être parmi nous aujourd'hui et de vous
indiquer les éléments de sa réponse.
Sans négliger l'ampleur des
mutations industrielles en cours, le Gouvernement a la conviction qu'un pays qui
a toujours marqué un attachement très profond à la mode peut conserver, à
l'instar de l'Italie, une industrie du textile et de l'habillement forte,
intégrant autant que possible les différents métiers d'un secteur qui, vous le
savez, monsieur le député, emploie aujourd'hui encore plus de 200
000 personnes.
Le
Gouvernement conduit une politique d'allégement des charges sociales
particulièrement nécessaire dans ces secteurs à forte main-d'oeuvre qui passe
par un allégement des charges sur le coût du travail, mais aussi par la réforme
de la taxe professionnelle avec la suppression de la dernière part assise sur
les salaires.
Néanmoins,
l'abaissement du coût horaire du travail ne constitue pas l'unique solution et
d'autres facteurs de compétitivité doivent être développés. Le ministère de
l'industrie renforcera donc son action en faveur, d'une part, de la
structuration accrue du secteur via le Réseau industriel d'innovation
textile-habillement et le développement de plates-formes technologiques
régionales, d'autre part, de la promotion de l'innovation au sens large en
intégrant notamment, outre les aspects technologiques, les dimensions marketing,
création et design. Un programme de relance et de soutien à l'innovation sera
présenté en décembre et vous en aurez très rapidement connaissance.
La formation, la
recherche-développement et l'intelligence économique constituent un capital
collectif indispensable pour permettre à l'ensemble du secteur de s'adapter, et
de mieux appréhender l'environnement économique et la compétition
internationale. L'action des trois organismes auxquels l'Etat apporte une aide
globale de plus de 12 millions d'euros, l'Institut français de la mode,
l'Institut français du textile et de l'habillement et le Centre technique de la
teinture et du nettoyage, seront fortement mobilisés pour contribuer à redresser
un secteur qui connaît, nous le savons, des difficultés structurelles.
Leur concours et celui des
laboratoires des universités doivent notamment contribuer à faire de la France
un leader dans le domaine des textiles dits techniques ou industriels, utilisant
des fibres généralement non naturelles ou mixtes pour la fabrication de produits
tels que les nouveaux vêtements de sport de haut niveau, les textiles pour
l'électronique, les bâches, les géotextiles, etc. D'ores et déjà, avec 24 % de
la production européenne, la France se situe aujourd'hui au deuxième rang après
l'Allemagne et le potentiel de croissance annuelle est estimé à 5 %. Il peut
encore être amplifié.
Au sein de
l'Union européenne, il devient urgent, et nos partenaires allemands l'ont
particulièrement souligné, que s'ouvre un véritable débat de fond pour favoriser
l'émergence, au niveau communautaire, d'une stratégie de compétitivité. La
récente fusion des conseils européens « marché intérieur », « industrie » et «
énergie » au sein d'un unique « conseil compétitivité » nous engage à une telle
réflexion.
M. le président. La parole
est à Michel Heinrich.
M. Michel Heinrich.
Je vous remercie de votre réponse, monsieur le secrétaire d'Etat. Je suis en
effet satisfait d'entendre qu'on est prêt à mettre des moyens importants,
notamment dans le domaine de l'innovation et de la recherche.
En ce qui concerne plus
particulièrement la recherche dans les Vosges, il existe déjà une plate-forme de
recherche bois. Il serait judicieux d'en mettre en place une autre consacrée à
la fibre textile et à la fibre bois parce qu'il y a certainement des
développements potentiels très importants dans les domaines aéronautique,
médical ou automobile, par exemple.