EFFECTIFS DE LA POLICE À IVRY-SUR-SEINE
Mme la présidente. La
parole est à M. Jean-Claude Lefort, pour exposer sa question n° 142,
relative aux effectifs de la police à Ivry-sur-Seine.
M. Jean-Claude Lefort.
Monsieur le minitre délégué aux libertés locales, je souhaite revenir sur le
contenu du courrier du 16 octobre 2002 que j'ai adressé au ministre de
l'intérieur, en concertation avec le maire de la ville, M. Pierre Gosnat,
concernant le besoin avéré d'un renforcement des effectifs de police dans la
principale ville de ma circonscription, Ivry-sur-Seine.
Monsieur le ministre, j'ai pris
connaissance dans la presse d'une circulaire signée par le ministre de
l'intérieur, en date du 24 octobre 2002, qui préconise « d'adapter les modalités
de la mise en oeuvre des actions mêlant prévention et répression pour répondre à
la réalité des besoins de sécurité ». Si je comprends bien, les effectifs de
police, en nombre déjà très insuffisant, peuvent être réaffectés à d'autres
missions. Ils peuvent passer d'une mission d'écoute de proximité à une autre,
par exemple de maintien de l'ordre pur et simple. J'attends des précisions sur
cette circulaire qui semble obérer l'un des éléments essentiels de la sécurité
et la tranquilité de nos villes, à savoir la police de proximité.
Ivry-sur-Seine est une ville de la
proche banlieue parisienne qui compte 52 000 habitants. Son tissu social est
très diversifié et un nombre important de ses résidents rencontrent de réelles
difficultés sur bien des plans, en particulier dans le domaine social.
Cette ville dispose d'un
commissariat mais aussi d'un tribunal de police, ce qui détourne le travail des
policiers de leurs tâches principales. A cela il faut ajouter le personnel dit «
suspendu », qui figure toujours parmi les effectifs du commissariat, de même que
le personnel indisponible. La fermeture, en 2002, de la gendarmerie n'a pas été
sans affaiblir encore les moyens de cette commune. Au total, les effectifs
opérationels du commissariat s'élèvent actuellement à 105 agents.
La municipalité d'Ivry, en
concertation étroite avec la population, a mené une étude très minutieuse et
approfondie en matière de sécurité et de tranquillité des citoyens. Il ressort
de celle-ci qu'il convient d'affecter à ce commissariat un minimum de trente
fonctionnaires nouveaux, ce chiffre n'incluant naturellement pas le remplacement
des départs à la retraite.
Cette
affectation de trente fonctionnaires supplémentaires placerait Ivry au même
niveau que Fontenay-sous-Bois, une autre ville du Val-de-Marne qui abrite une
population égale en nombre et de même composition sociologique. Je souligne
malgré tout que Fontenay-sous-Bois ne dispose pas de tribunal d'instance. J'ai
choisi une ville de la même couleur politique pour ne pas être accusé de vouloir
polémiquer. Cette comparaison montre le réalisme de notre demande et son
adéquation avec nos besoins.
A
cette comparaison, j'en ajouterai une autre : le Val-de-Marne dispose de 2 800
personnels affectés à la sécurité publique, la Seine-Saint-Denis de 3 500 et les
Hauts-de-Seine de 3 200. A population quasiment égale, on note donc un
différentiel très important et trop significatif pour ne pas être pris en
compte, en nette défaveur du Val-de-Marne.
De plus, le Val-de-Marne, qui
attendait 450 adjoints de sécurité, n'en a vu arriver que 250.
Il convient donc de rééquilibrer la
situation. Monsieur le ministre, mon souhait de voir affectés trente
fonctionnaires de police au commissariat d'Ivry, outre qu'il serait un facteur
d'efficacité, est légitime : les effectifs seraient portés à 135 au lieu de 105
agents opérationnels en poste actuellement.
Mme la présidente. La
parole est à M. le ministre délégué aux libertés locales.
M. Patrick Devedjian, ministre délégué aux libertés locales.
Monsieur le député, je comprends fort bien que vous vous battiez pour
que votre département, notamment le secteur d'Ivry-sur-Seine, bénéficie d'une
meilleure sécurité. Mais, monsieur Lefort, permettez-moi de vous dire
qu'alors que l'effectif de référence, dont le chiffre n'a pas été fixé par notre
gouvernement mais par les gouvernements précédents, était de 98 gradés et
gardiens, l'effectif sera de 103 gradés et gardiens au 1er mars, pour
atteindre le chiffre de 105 incessamment. Avec 7 gradés et gardiens
supplémentaires, c'est un effort considérable qui est réalisé. En fait, le
service devrait se stabiliser autour de 120 à 122 fonctionnaires de
police, peut-être pas dans les toutes prochaines semaines mais dans les
prochains mois.
Pour ce qui
concerne la comparaison entre le Val-de-Marne, la Seine-Saint-Denis et les
Hauts-de-Seine, monsieur Lefort, vos chiffres ne sont pas bons. Avec un
effectif réel, fin 2002, de 3 412 fonctionnaires, soit un ratio de
2,78 pour 1 000 habitants, le Val-de-Marne est mieux traité que les
Hauts-de-Seine, mon propre département, dont le ratio est de 2,65 alors que
leurs taux de criminalité sont comparables.
L'augmentation des effectifs
autorisera sans nul doute le rétablissement de la sécurité sur le secteur
d'Ivry-sur-Seine et à ce titre, monsieur Lefort, je voudrais vous rappeler
les bons résultats d'ores et déjà obtenus dans cette circonscription de sécurité
publique depuis quelques mois : après une baisse de 1,23 % en 2002, une
nouvelle diminution de 8,6 % a été notée en janvier 2003 par rapport à la
même période de l'année précédente. Ces chiffres demandent à être confirmés dans
la durée, j'en conviens, car une hirondelle ne fait pas le printemps. Malgré
tout, il semble que nous allions dans le bon sens.
J'ajoute que votre circonscription
bénéficie de moyens supplémentaires, avec les GIR, par exemple, qui agissent
dans l'ensemble du département.
L'augmentation des effectifs, alliée
à une meilleure efficacité des services de police, devrait permettre, dans votre
secteur, - qui est sensible, j'en conviens -, d'obtenir une baisse de
la criminalité.
Mme la présidente. La
parole est à M. Jean-Claude Lefort.
M. Jean-Claude Lefort.
Monsieur le ministre, votre remarque sur les chiffres que j'ai indiqués
concernant les départements de la proche couronne m'incite à me retourner vers
la personne qui me les a fournis, et qui n'est pas un des moindres personnages
de l'Etat. (Sourires.)
Par ailleurs, si je comprends bien
- et dès lors que nous parlons en termes d'effectifs réels et non pas
théoriques -, vous accédez en partie à ma proposition, en accordant la
moitié des effectifs que j'estimais nécessaires. En vérité, cette estimation
n'est pas de mon fait, elle est le résultat d'une enquête menée avec beaucoup de
parties, dont la population, mais aussi tous les personnels compétents, une
étude presque scientifique, en tout cas minutieuse.
Je considère votre réponse comme un
pas en avant. La tendance est effectivement celle que vous indiquiez à
l'instant, et je ne néglige pas le bon travail réalisé par ce commissariat : je
tiens même à le souligner ici. Néanmoins, monsieur le ministre, et vous serez
certainement d'accord avec moi, il est très important d'obtenir une baisse de la
criminalité. Il faut poursuivre, poursuivre et poursuivre encore sur ce chemin.
C'est l'ambition de tout homme politique normalement élu et constitué. (Sourires.)