FICHE QUESTION
12ème législature
Question N° : 1537  de  M.   Vanneste Christian ( Union pour un Mouvement Populaire - Nord ) QOSD
Ministère interrogé :  éducation nationale
Ministère attributaire :  éducation nationale
Question publiée au JO le :  28/03/2006  page :  3192
Réponse publiée au JO le :  29/03/2006  page :  2236
Rubrique :  enseignement
Tête d'analyse :  politique de l'éducation
Analyse :  perspectives
Texte de la QUESTION : M. Christian Vanneste appelle l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche sur la question des effectifs de postes d'enseignants dans les écoles publiques de sa circonscription, en baisse constante, plus particulièrement pour les collèges Henri-Matisse à Linselles, Jules- Verne à Neuville-en-Ferrain, et enfin Branly à Tourcoing.
Texte de la REPONSE :

EFFECTIFS SCOLAIRES DANS LE NORD

M. le président. La parole est à M. Christian Vanneste, pour exposer sa question, n° 1537.
M. Christian Vanneste. Mon intervention concerne les effectifs dans l'enseignement public et particulièrement dans les collèges. Tout d'abord, je souhaite associer à ma question tous les parlementaires de la majorité et du Nord-Pas-de-Calais, et particulièrement mon collègue Patrick Delnatte.
Voici quelques semaines, nous avons appris que l'académie de Lille allait subir à la rentrée prochaine une diminution significative de 636 postes d'enseignants dans le secondaire, alors qu'elle en a déjà perdu 900 l'année dernière. Les collèges, en particulier, compteront 376 postes de moins. Ainsi, dans le Nord, il s'agit de supprimer 231 postes d'enseignants de collège et 145 dans le Pas-de-Calais, les lycées semblant favorisés au détriment des collèges.
À première vue, certains paramètres semblent justifier ces décisions : baisse du nombre d'élèves, départ à la retraite d'enseignants, compensation nécessaire au profit des vingt-huit collèges " ambition réussite " dans le Nord, pour lesquels il a fallu trouver des moyens nouveaux, malheureusement pris sur l'existant.
Le Nord - Pas-de-Calais, il est vrai, bénéficie également de moyens légèrement supérieurs en matière d'éducation à la moyenne nationale. Toutefois, je le rappelle solennellement, cette région a beaucoup donné à la France. Depuis la crise industrielle, minière, textile et sidérurgique, elle souffre d'un déficit social et culturel considérable. Aussi, c'est avec force et conviction que je demande de prendre en compte cet état de crise sociale. Le Nord-Pas-de-Calais est en proie au chômage de masse, à l'illettrisme, au difficile défi de l'intégration d'une immigration très importante. À situation exceptionnelle, nous demandons donc des moyens exceptionnels. Il y va de l'avenir même du pacte républicain et du principe d'équité.
Dans ma circonscription de Tourcoing, nombreux sont les habitants - parents d'élèves, professeurs et élus - qui s'inquiètent des mesures prévues pour l'année prochaine. Ainsi, à Tourcoing, le collège Branly perdrait quatre postes à la rentrée, soit environ quatre-vingts heures, ce qui se traduirait par le passage de quatorze à douze classes. Quant aux collèges Mendès France et Marie-Curie, ils se verraient supprimer cinq postes à la rentrée prochaine.
Nous ne comprenons pas non plus la disparition, par le jeu des suppressions de postes, d'une classe de troisième et d'une classe de sixième au collège Jules-Verne à Neuville-en-Ferrain, où il y aura désormais plus de vingt-neuf élèves par classe en troisième. Or on sait, quand on a été, comme moi, enseignant, que c'est justement à ce niveau que l'encadrement est le plus nécessaire, parce que c'est là que les élèves sont les plus difficiles.
De même, cinquante-sept heures seront retirées au collège Henri-Matisse de Linselles, où deux classes seront supprimées, l'une en cinquième et l'autre en quatrième. En outre, les itinéraires de découverte, travaux qui associent deux disciplines pour un nombre réduit d'élèves, disparaîtraient, alors qu'il s'agit d'une innovation pédagogique extrêmement pertinente.
Outre les difficultés sociales de notre région, ces suppressions de postes apparaissent bien peu justifiées. Les deux villes que je viens de citer - Neuville-en-Ferrain et Linselles - sont en pleine expansion démographique et nombreux sont les nouveaux lotissements qui, demain, feront venir de nouvelles familles, donc de nouveaux élèves.
Le Gouvernement pourrait-il préciser les choix qui ont inspiré ses décisions s'agissant du Nord-Pas-de-Calais ? En outre, pourrait-il reconsidérer celles arrêtées pour les collèges situés dans la circonscription de Tourcoing ?
M. le président. La parole est à M. le ministre délégué à l'enseignement supérieur et à la recherche.
M. François Goulard, ministre délégué à l'enseignement supérieur et à la recherche. Monsieur le député, je vais vous répondre à la place de Gilles de Robien, qui n'a pu être présent ce matin. Le ministre comprend parfaitement les difficultés spécifiques de votre département. Cela étant, nous sommes contraints d'adapter les effectifs des maîtres à ceux des élèves, afin de ne pas créer des disparités injustifiables entre les territoires.
Dans le département du Nord, les collèges publics ont connu depuis dix ans une baisse de 18 249 élèves, ce qui est considérable. À la rentrée 2006, ils en perdront 2 942. En ce qui concerne les trois collèges situés dans votre circonscription, il est prévu une baisse de quinze élèves au collège Henri-Matisse de Linselles, de quarante-six élèves au collège Jules-Verne de Neuville-en-Ferrain, et de quarante-huit élèves au collège Branly de Tourcoing. Ces prévisions pourront être ajustées au fil des mois.
Au collège Henri-Matisse, la baisse du nombre des élèves s'accompagne d'une baisse du nombre de divisions - quatorze au lieu de seize - et deux mesures de carte scolaire sont prévues, mais elles porteront sur des postes vacants, ce qui ne devrait avoir aucune conséquence sur l'encadrement. La réponse de Gilles de Robien me semble donc de nature à vous rassurer.
Au collège Jules-Verne de Neuville-en-Ferrain, la baisse d'effectifs se traduit par une diminution du nombre de divisions, qui passent de seize à treize, ce qui correspond à trois mesures de carte scolaire.
Quant au collège Branly de Tourcoing, il accueillera à la rentrée douze classes au lieu de treize, ce qui correspond à une mesure de carte scolaire. Mais, comme vous l'avez souligné, monsieur le député, ce collège fait partie d'un réseau " ambition réussite " et bénéficiera à ce titre de moyens complémentaires à la rentrée de 2006. Au total, le nombre moyen d'élèves par classe passe de vingt et un en 2005 à dix-neuf en 2006. Il s'agit d'un effectif parfaitement raisonnable qui permet un enseignement adapté dans des conditions que nous savons difficiles.
Monsieur le député, le Gouvernement est attentif à la situation du département du Nord et prêt à évaluer avec vous dans le détail l'opportunité des mesures prévues.
M. le président. La parole est à M. Christian Vanneste.
M. Christian Vanneste. Monsieur le ministre, cette réponse ne m'a ni satisfait ni rassuré !
Vous affirmez qu'il faut adapter les effectifs des maîtres à ceux des élèves. Mais le principe doit fonctionner dans les deux sens. Or s'il est vrai que les élèves sont moins nombreux dans le secondaire, je note que l'augmentation de 527 élèves dans le primaire ne s'est traduite que par quatre créations de poste.
Par ailleurs, des moyens supplémentaires sont certes apportés aux collèges " ambition réussite ", mais ils sont prélevés sur les autres collèges et ne peuvent donc être considérés comme une réponse suffisante.
Enfin, de par ma profession, je connais bien le monde de l'éducation, et j'ai eu plus d'une fois recours au coefficient H/E. Mais c'est selon moi une grande erreur de calculer les besoins en enseignants en fonction du seul nombre d'élèves. La dimension qualitative de l'éducation est essentielle, en particulier dans des régions difficiles, qui accueillent de nombreux primo-arrivants et où le milieu social de certains élèves n'est pas porteur pour l'école. Il est dès lors tout à fait logique que ces régions soient davantage aidées.

UMP 12 REP_PUB Nord-Pas-de-Calais O