FICHE QUESTION
12ème législature
Question N° : 15962  de  M.   Lang Pierre ( Union pour un Mouvement Populaire - Moselle ) QE
Ministère interrogé :  agriculture, alimentation et pêche
Ministère attributaire :  agriculture, alimentation et pêche
Question publiée au JO le :  07/04/2003  page :  2598
Réponse publiée au JO le :  29/09/2003  page :  7442
Rubrique :  agriculture
Tête d'analyse :  syndicats
Analyse :  décision de la direction générale de la concurrence de la Commission européenne. attitude de la France
Texte de la QUESTION : M. Pierre Lang * attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture, de l'alimentation, de la pêche et des affaires rurales sur les amendes extrêmement élevées infligées par la Commission européenne à six fédérations françaises du secteur de la viande bovine. Le montant total des sanctions est de 16,7 millions d'euros, dont 12 millions pour la seule FNSEA. C'est la première fois que la Commission impose des amendes à des syndicats agricoles ; elle entend ainsi réprimer un accord signé le 24 octobre 2001, qui visait à garantir des prix minima pour la viande bovine française et à limiter les importations, alors que le secteur était secoué par la deuxième crise de la vache folle. Les autorités européennes affirment d'ailleurs avoir tenu compte de ces problèmes sanitaires dans le calcul des amendes prononcées. Si l'entente sur les prix conclue par les syndicats agricoles contrevient au droit de la concurrence, il apparaît tout aussi clair que la Commission européenne a failli dans sa gestion des crises successives de l'ESB, avec pour conséquences un effondrement des prix payés aux producteurs et une chute de la consommation de viande bovine. Cette situation exceptionnelle appelait des mesures exceptionnelles. La décision de la Commission, fondée sur une application stricte des règles de concurrence, n'a donc pas de légitimité au regard des difficultés sans précédent rencontrées par la filière à cette période, et au regard de ses propres responsabilités dans la crise. Les amendes infligées sont ressenties par les organisations concernées comme totalement disproportionnées, et comme une menace sur leur existence même. La FNSEA a d'ores et déjà annoncé qu'elle intenterait une action devant la Cour de justice des Communautés européennes, afin d'obtenir la révision de cette décision. Par conséquent, il souhaiterait connaître la position du Gouvernement sur ces sanctions européennes à l'encontre des syndicats représentant la viande bovine française, et son appréciation sur la manière dont les différentes crises de la vache folle ont été gérées par la Commission. Par ailleurs, dans un tout autre domaine, il aimerait savoir quelles mesures le Gouvernement met en oeuvre pour soutenir les filières porcine et avicole qui connaissent aujourd'hui des difficultés préoccupantes.
Texte de la REPONSE : Les amendes infligées par la Commission européenne à six fédérations agricoles françaises pour avoir pris part à une « entente » conclue le 24 octobre 2001 et fixant un prix minimum « pour certaines catégories de viandes bovines » est la conséquence d'une procédure engagée par la Commission il y a un an et demi, sous l'ancien gouvernement. Le niveau très élevé des amendes ne paraît pas tenir suffisamment compte de la réalité des faits et de leur contexte. En effet, dans le contexte de crise de l'ESB qui a entraîné, comme chacun sait, une très forte chute des cours, la réglementation communautaire avait limité l'accès à l'intervention, privant pour une bonne part le marché d'un instrument de régulation pourtant utile. La Commission reconnaît d'ailleurs elle-même que les mesures prises par ailleurs aux niveaux communautaire et national n'avaient, à l'époque, que très peu d'effet. Perdant de vue l'ampleur de la crise, le traumatisme de la profession, et loin du contexte d'origine, la pertinence de ces amendes semble, sur certains points, sujette à caution. C'est la raison pour laquelle le Gouvernement partage l'émotion du monde agricole et suit avec la plus grande attention les développements de ce dossier et, notamment, les actions contentieuses que s'apprêtent à engager les organisations professionnelles agricoles. Cette décision illustre la nécessité que la réflexion engagée à Bruxelles sur l'avenir de la PAC prenne en compte le besoin d'instruments efficaces de gestion des crises conjoncturelles de marché dans des secteurs qui ne bénéficient pas d'aides directes de la PAC, tels que le porc, la volaille et les fruits et légumes.
UMP 12 REP_PUB Lorraine O