Texte de la QUESTION :
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M. Jean-Pierre Dufau interroge Mme la ministre de l'écologie et du développement durable sur la protection de l'environnement, en particulier dans les zones humides. Notre pays a connu des difficultés pour remplir ses obligations européennes dans le zonage Natura 2000. En effet, nos compatriotes, s'ils comprennent le bien-fondé de ces classements, souhaitent connaître précisément les « règles du jeu ». À une question écrite posée le 5 avril 2005, elle a répondu que les « pratiques de la chasse et de la pêche sont des activités qui peuvent se poursuivre, bien évidemment dans le respect de la réglementation existante, et ne constituent pas de ce fait des activités perturbantes ou ayant de tels effets, comme cela est clairement spécifié dans l'article 414-1, alinéa 5, du code de l'environnement ». Dans cet esprit, des comités de pilotage réunissant les élus, les professionnels (agriculteurs...), les usagers (pêche, chasse, loisir...) ont établi des principes de gestion de ces sites. Ceci étant acquis, de nouvelles réglementations comme les zones de protection spéciale (ZPS) viennent se superposer aux zones Natura 2000. Il est à craindre que tout le travail de concertation pour une gestion partagée des zones Natura 2000 puisse être remis en question par la réglementation des ZPS. Si tel était le cas, le crédit de l'État et de l'Europe serait gravement entamé par ceux qui ont sincèrement accepté de participer à la définition de gestion des zones Natura 2000. Il lui demande que les ZPS ne remettent pas en question les accords obtenus dans les zones Natura 2000 et notamment l'exercice du droit de pêche et de chasse.
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Texte de la REPONSE :
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MAINTIEN DES ACTIVITES DE CHASSE ET DE PECHE DANS LES ZONES
NATURA 2000 M. le président. La parole est
à M. Jean-Pierre Dufau, pour exposer sa question, n° 1618, relative au maintien
des activités de chasse et de pêche dans les zones Natura 2000. M.
Jean-Pierre Dufau. Madame la ministre de l'écologie et du développement
durable, nous sommes très attachés à la protection de l'environnement, en
particulier des zones humides. Vous savez comme moi les difficultés que notre
pays a pu connaître pour remplir ses obligations européennes dans le zonage
Natura 2000. En effet, nos compatriotes, s'ils comprennent le bien-fondé de ces
classements, souhaitent en connaître précisément les " règles du jeu ". À une
question écrite que je vous ai posée le 5 avril 2005, vous avez répondu que les
" pratiques de la chasse et de la pêche sont des activités qui peuvent se
poursuivre, bien évidemment dans le respect de la réglementation existante, et
ne constituent pas de ce fait des activités perturbantes ou ayant de tels
effets, comme cela est clairement spécifié dans l'article 414-1, alinéa 5, du
code de l'environnement ". Dont acte. Dans cet esprit, des comités de
pilotage réunissant les élus, les professionnels - notamment les agriculteurs -,
les usagers, c'est-à-dire les personnes pratiquant la pêche, la chasse, ou
d'autres activités de loisir, ont établi dans la concertation des principes de
gestion de ces sites. Cela paraissant acquis, de nouvelles réglementations
telles les zones de protection spéciale, dites ZPS, viennent maintenant se
superposer - j'insiste sur ce terme - aux zones Natura 2000. Il est à craindre
que tout le travail de concertation pour une gestion partagée des zones Natura
2000 puisse être remis en question par la réglementation des ZPS. Si tel était
le cas, le crédit de l'État et de l'Europe serait gravement remis en question
par ceux qui, ayant sincèrement accepté de participer à la définition de gestion
des zones Natura 2000, pourraient s'estimer floués. Pouvez-vous m'assurer,
madame la ministre, que les ZPS ne remettront pas en question les accords
obtenus dans les zones Natura 2000, notamment en ce qui concerne l'exercice du
droit de pêche et de chasse ? M. le président. La parole est
à Mme la ministre de l'écologie et du développement durable. Mme
Nelly Olin, ministre de l'écologie et du développement durable.
Monsieur le député, la contribution de la France au réseau écologique
européen Natura 2000 a franchi une étape décisive au cours des derniers mois -
ce qui n'a pas été sans difficultés, comme vous l'avez souligné. La forte
mobilisation du Gouvernement, des autorités déconcentrées et des acteurs locaux
permet aujourd'hui de présenter un réseau cohérent de sites Natura 2000
susceptible, nous l'espérons, de voir la Commission européenne éteindre enfin
les contentieux extrêmement lourds qui couraient à ce sujet. Le réseau
comprend ainsi, depuis le 30 avril 2006, 1 307 sites proposés au titre de la
directive " Habitats-faune-flore ", soit environ 4,9 millions d'hectares, qui
constitueront des zones spéciales de conservation, dites ZSC. Par ailleurs, 367
sites désignés au titre de la directive " Oiseaux ", représentant environ 4,5
millions d'hectares, constituent des zones de protection spéciale, dites ZPS. Je
dois reconnaître que tout cela est un peu compliqué et qu'un lexique regroupant
ces appellations ne serait pas sans doute pas superflu. Le régime juridique
applicable aux sites Natura 2000 est le même, qu'il s'agisse de zones spéciales
de conservation ou de zones de protection spéciale. Ce régime innovant est
principalement fondé sur la définition, site par site, par un comité de pilotage
constitué localement, des orientations de gestion qui permettent à la fois
d'assurer un bon état de conservation des espèces et des habitats ayant justifié
la désignation du site, et de garantir la poursuite et le développement des
activités humaines sur le site. Ces orientations de gestion, réunies dans le
" document d'objectifs " du site, déterminent en particulier les objectifs pour
lesquels des contrats ou des " chartes Natura 2000 " peuvent être signés avec
l'État - toujours librement, je le rappelle - par des exploitants ou des
propriétaires ainsi que les conditions de leur signature. Comme vous le
savez, les collectivités territoriales auront désormais la possibilité de
désigner un de leurs représentants à la présidence du comité de pilotage. Je
vous confirme que la désignation d'une zone de protection spéciale là où
préexistait un site proposé au titre de la directive " Habitats-faune-flore " ne
conduit pas à remettre en cause les travaux effectués jusqu'alors au sein du
comité de pilotage. Bien au contraire, les travaux réalisés au titre de la
directive " Habitats-faune-flore " doivent se poursuivre, être menés à leur
terme et être complétés des dispositions propres aux espèces et habitats
d'oiseaux. En tout état de cause, je vous confirme que les activités de pêche
et de chasse ne constituent pas des activités perturbantes ou ayant de tels
effets lorsqu'elles sont pratiquées dans les conditions et sur les territoires
autorisés par les lois et règlements en vigueur, qu'il s'agisse de sites
désignés au titre de l'une ou de l'autre des deux directives. M. le
président. La parole est à M. Jean-Pierre Dufau. M.
Jean-Pierre Dufau. Madame la ministre, je vous remercie de votre
réponse qui paraît rassurante. J'espère que ces directives ne vont effectivement
pas se télescoper lors de leur application. Pour conclure sur une note d'humour,
si la pêche et la chasse ne sont pas des activités perturbantes, j'espère que ni
les pêcheurs ni les chasseurs ne seront eux-mêmes perturbés par l'application
des directives.
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