Texte de la REPONSE :
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RENOVATION DU SITE RICHELIEU DE LA BIBLIOTHEQUE NATIONALE M. le président. La parole est à M. Patrick
Bloche, pour exposer sa question, n° 1621, relative à la rénovation du site
Richelieu de la Bibliothèque nationale. M. Patrick Bloche.
Je tiens d'abord à remercier M. le ministre de la culture et de la
communication d'être venu personnellement répondre à nos questions. La
création du site François-Mitterrand, destiné à abriter les collections
imprimées et audiovisuelles de la Bibliothèque nationale de France, a constitué
la première étape de la modernisation de cette institution. La rénovation du
site Richelieu s'inscrit dans la nécessaire continuité de ce projet et en
constitue la deuxième étape indispensable. Le projet relatif au site
Richelieu, auquel la BNF travaille depuis plus de cinq ans, comprend ainsi un
volet scientifique et fonctionnel ainsi qu'un volet architectural, que je n'ai
pas le temps de détailler. L'urgence de sa réalisation résulte des risques
lourds, et chaque jour croissants, que font courir aux très riches collections
la vétusté des locaux et l'obsolescence des équipements : j'ai pu le constater
en me rendant récemment sur le site. La réalisation du projet permettrait de
créer, en plein coeur de Paris, un pôle documentaire, dédié notamment à
l'histoire de l'art, capable de séduire et d'attirer un public important
d'étudiants, de chercheurs et d'amateurs. Or, ce que l'on appelle le "
quadrilatère Richelieu ", qui accueille plus de 100 000 lecteurs par an et 120
000 visiteurs d'expositions, est considéré comme un " ensemble obsolète homogène
", compte tenu de l'imbrication des infrastructures techniques et de la vétusté
des installations. Ainsi, 60 % du site et plus particulièrement les zones en
fonctionnement, sont encore alimentés - tenez-vous bien, chers collègues - en
100 volts ! Le site n'est pas conforme aux normes régissant les conditions
d'accès au public, et très éloigné des standards définis pour la conservation et
la préservation de collections patrimoniales. Tous les espaces doivent être
traités, et la mise à niveau du site devra être réalisée dans une continuité
opérationnelle. L'état actuel de vétusté du bâtiment comme des installations
techniques place les personnels, le public et les collections - qui sont d'une
valeur inestimable - dans des conditions de sécurité profondément
insatisfaisantes. J'ai par exemple vu une armoire électrique très délabrée, et
donc dangereuse. De nombreux incidents - pannes électriques, problèmes de
climatisation, inondations, pannes d'ascenseur ou de monte-charge - illustrent
quotidiennement cette situation : en 2004, pour ne prendre qu'un exemple, des
filets de protection ont été déployés sur les façades du bâtiment rue de
Richelieu pour préserver les piétons des chutes de pierre, dans l'attente d'une
réfection plus complète. On ne compte plus les incidents - départs de feu,
infiltrations d'eau par les toits, etc. -, incidents jusqu'à présent jugulés,
mais pour combien de temps encore ? Depuis avril 2005, monsieur le ministre,
vous êtes en possession de l'ensemble du dossier nécessaire à une prise de
décision. Le prochain conseil d'administration de l'ÉMOC - Établissement public
de maîtrise d'ouvrage des travaux culturels -, fixé au 8 juin 2006, doit valider
la convention de mandat de maîtrise d'ouvrage relative au réaménagement du "
quadrilatère Richelieu ". Le meilleur moyen de garantir la pérennité de l'effort
budgétaire consiste dans un arbitrage gouvernemental rendu sur l'ensemble du
projet, afin que l'enveloppe budgétaire - supportée à hauteur de 23 % par le
ministère de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la
recherche, et de 77 % par le ministère de la culture - et le calendrier de la
mise à disposition soient définitivement arrêtés. Ma question, comme vous
l'attendiez sans doute, est donc simple, monsieur le ministre : quand cet
arbitrage interviendra-t-il ? Il y a urgence, vous ne l'ignorez
pas. M. le président. La parole est à M. le ministre de la
culture... M. Renaud Donnedieu de Vabres, ministre de la
culture et de la communication. ...et de la communication, puisque la
question concerne la communication au grand public du patrimoine le plus
exceptionnel dont nous disposions. L'ouverture du site François-Mitterrand de
la Bibliothèque nationale de France a libéré en 1998 plus de 61 000 mètres
carrés sur le site Richelieu, qui est le site historique de la BNF. Comme vous
l'avez rappelé, les espaces ainsi disponibles doivent permettre, d'une part la
mise en place d'un grand pôle de recherche, d'enseignement et de documentation
en histoire de l'art - l'Institut national d'histoire de l'art -, et d'autre
part le redéploiement des collections spécialisées de la Bibliothèque nationale
de France. Les questions de sécurité me préoccupent au plus haut point, tout
comme le Président de la République. Je me suis d'ailleurs posé une question
simple : dès lors que des espaces étaient disponibles sur le site
François-Mitterrand, ne devait-on pas y déménager les collections les plus
prestigieuses actuellement conservées à Richelieu, en attendant la
réhabilitation totale de ce site ? Cette solution posant des problèmes
techniques insurmontables, nous en avons envisagé une autre. En 2004, les
unités d'enseignement et de recherche de l'INHA et l'Institut national du
patrimoine se sont installés dans les bâtiments rénovés de la galerie Colbert.
La rénovation du quadrilatère Richelieu qui doit permettre l'installation de la
bibliothèque de l'INHA et le redéploiement des départements spécialisés de la
BNF est une opération complexe et lourde : elle concerne un bâtiment dont
plusieurs parties sont classées ; elle doit se faire en assurant une continuité
de service pour les lecteurs fréquentant le site ; enfin, elle représente pour
l'État une charge supérieure à 150 millions d'euros, hors dépenses au titre des
monuments historiques. La décision de conduire à bien ce chantier est prise :
la réhabilitation du site Richelieu de la BNF a été inscrite à l'ordre du jour
de la communication sur la politique du patrimoine que j'ai présentée en conseil
des ministres le 13 septembre dernier. Bien entendu, la sécurité des personnes
et des biens sera au coeur de cette opération. Afin de prendre en compte les
nombreuses contraintes techniques, notamment celles liées à la sécurité, les
différentes parties concernées - la BNF et l'INHA -, les services de mon
ministère chargés de conduire les travaux, en liaison avec les autres ministères
de tutelle - celui de l'éducation nationale et celui de l'enseignement supérieur
et de la recherche -, ont élaboré un phasage particulièrement précis, arrêté
depuis le mois de mars dernier. Au titre de l'année 2006, mon département
ministériel a affecté un budget de 3,3 millions d'euros destiné aux ultimes
études indispensables au lancement des travaux. En raison de son importance, ce
chantier s'échelonnera évidemment sur plusieurs années. Afin d'assurer au
mieux la sécurité des personnes et des collections pendant ce chantier, mon
ministère veille à ce que la Bibliothèque nationale de France, gestionnaire du
site, affecte chaque année les budgets nécessaires au renouvellement et à la
maintenance des équipements de sécurité. Ainsi, en 2006, 1,3 million d'euros est
affecté à la mise en sécurité du site et à la protection des trésors nationaux
conservés dans le quadrilatère Richelieu. Bref, nous traitons l'urgence par
des mesures appropriées aux questions de sécurité. La réhabilitation globale du
site et le renforcement de son attractivité sont décidés : les mesures entreront
en vigueur dans les années qui viennent. M. le président. La
parole est à M. Patrick Bloche. M. Patrick Bloche. Ma
question ne vous visait pas personnellement, monsieur le ministre : elle
concernait l'intérêt général. J'ai bien noté que la décision relative au
phasage était prise. Mais vous avez déclaré que les travaux interviendraient "
dans les années qui viennent ". Or ma question portait sur la définition d'un
calendrier précis. Vous le savez comme moi, le bâtiment est très vétuste et
de nombreuses installations sont dans un état critique : j'évoquais une armoire
électrique inquiétante, qui expose à d'évidents risques d'incendie. Or, chaque
année, ces détériorations vont de mal en pis. Elles obligent à des travaux
imparfaits, coûteux et provisoires. La vulnérabilité des installations est
croissante et met gravement en péril un pan essentiel du patrimoine
national. Ce problème concerne donc aussi la bonne utilisation des deniers
publics : plutôt que de mobiliser des fonds de votre ministère pour des travaux
d'attente, pourquoi ne pas aborder la rénovation complète du site Richelieu ? Il
y a urgence. Mais peut-être n'êtes-vous pas en mesure de me donner les
indications de calendrier que j'espérais, et qui permettraient d'engager la
réhabilitation complète du site dès 2007.
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