Texte de la REPONSE :
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SITUATION DU COLLEGE HENRI WALLON AU HAVRE M. le président. La parole est à M. Daniel
Paul, pour exposer sa question, n° 1741. M. Daniel Paul. Ma
question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement
supérieur et de la recherche. Le Havre compte six collèges classés " ambition
réussite ". Plusieurs ont vu une diminution de leurs moyens dits ordinaires,
qu'il s'agisse de postes d'enseignants ou d'emplois de personnels chargés de la
vie scolaire ; dans le même temps, des moyens supplémentaires étaient annoncés
en professeurs référents et en assistants pédagogiques. Ainsi, alors que vous
pouviez profiter des baisses d'effectifs pour maintenir la cohérence des équipes
pédagogiques et permettre un meilleur encadrement, vous brisez la cohérence des
équipes tout en amenant des moyens nouveaux. M. Éric Raoult.
Oh ! M. Daniel Paul. Et ce sont les collèges classés en ZEP,
non retenus " ambition réussite ", qui ont fourni une grande partie de ces
moyens. Dans ces mêmes quartiers, des dispositifs périphériques d'aide aux
élèves en difficulté - je pense en particulier aux CLIS - ont été fortement
réduits, au prétexte que nous serions, en Seine-Maritime, au-dessus de la
moyenne, comme si cela était affaire de moyenne et que le problème n'était pas,
en réalité, de s'adapter à la réalité des besoins ! En fait, il s'agit pour le
ministre de l'éducation nationale de récupérer des postes ! Les deux collèges
de mon quartier sont classés " ambition réussite " ; ils doivent recevoir trois
postes de professeurs dits " référents " : à ce jour, ces moyens ne sont
toujours pas complets, alors que vous annonciez, au moment du vote de votre
budget, que 974 professeurs référents sur les 1 000 prévus avaient été recrutés
dès le mois de septembre. Ajoutons que les professeurs référents n'ont pas
toujours le profil prévu, pas plus que l'ancienneté, et qu'ils ne sont pas
toujours volontaires - c'est le moins que l'on puisse dire ! Quant aux
assistants pédagogiques, l'insuffisance de leur nombre est tout aussi évidente
et les décisions concernant leurs recrutements sont peu compréhensibles : des
promesses sont faites ici, pas là, loin de la transparence nécessaire. Il semble
qu'après de grands engagements sur les effectifs, les réalités soient moins
belles ! Et pourtant le secteur " vie scolaire " mériterait une autre attention,
tant les situations sont difficiles, tant les problèmes se multiplient. Le
comble est évidemment de mettre fin à des contrats avec des personnes habitant
près du collège, connaissant les élèves, donc plus efficaces, pour en recruter
d'autres qui n'ont pas du tout les mêmes connaissances. Vous demandez un
investissement supplémentaire aux enseignants, oubliant que nombre d'entre eux -
le tiers dans le collège Henri Wallon - partagent leur temps de service avec un
autre établissement. Et s'ils sont en général partants pour aider plus encore
leurs élèves, comment ne pas comprendre leur lassitude devant la dislocation des
équipes résultant de suppressions de postes qui touchent maintenant des
enseignants chevronnés, leur désarroi devant des effectifs lourds - des moyennes
de 26-27 en sixième - et devant les difficultés profondes de leurs élèves, leur
insatisfaction devant le manque de moyens pour y faire face ? Quant aux chefs
d'établissement, ils vous ont fait connaître, il y a quelques jours, la
profondeur de leurs problèmes. Votre logique met à mal la stabilité
nécessaire à l'acte pédagogique en direction des enfants en difficulté, ce qui
ne signifie pas qu'il ne faille pas rechercher la richesse de la diversité des
intervenants, mais celle-ci se construit en préservant la cohérence des moyens
en place et en les enrichissant. Certes, il y a évidemment et heureusement
des collèges qui ont presque les moyens promis, et une chef d'établissement me
disait d'ailleurs il y a quelques jours qu'" il faudrait donner cela à tout le
monde ! ". Elle a raison. Mais ce n'est pas votre politique ! Je vous demande
donc, monsieur le ministre, de permettre au rectorat de Rouen de donner aux
collèges qui ne les ont pas - les collèges Descartes et Wallon dans mon
quartier-, les moyens qui leur ont été promis et qui leur sont nécessaires. Il
faut cesser de pratiquer la politique de la saignée sur des collèges dont les
difficultés sont réelles ! M. Éric Raoult. Tout ce qui est
excessif est insignifiant, monsieur Paul ! M. le président.
La parole est à M. le ministre délégué à l'enseignement supérieur et à la
recherche. M. François Goulard, ministre délégué à
l'enseignement supérieur et à la recherche. Monsieur Daniel Paul, Gilles de
Robien vous prie d'agréer ses excuses, il n'a pu être ici ce matin et m'a
demandé de répondre à votre question. Comme vous le savez, la relance de
l'éducation prioritaire s'inscrit dans le grand principe républicain de
l'égalité des chances, qui est une priorité du Gouvernement, tout spécialement
de Gilles de Robien. Cette politique a permis, dès la rentrée 2006, de mettre en
place 249 réseaux " ambition réussite ", qui prennent en compte les publics les
plus fragiles. Ces réseaux, quoi que vous en pensiez, ont bénéficié de moyens
renforcés, dans l'optique de concentrer le maximum d'efforts là où les
difficultés sociales et scolaires, et les deux vont souvent de pair, sont les
plus grandes. L'objectif est que tous les élèves acquièrent les connaissances et
les compétences définies par le socle commun, qui résulte de la loi, de façon à
leur permettre d'envisager, sans exception, toutes les voies de formation et d'y
réussir. Le nombre de ces réseaux peut être actualisé sur la base de critères
objectifs de difficultés sociales et scolaires. Il y a donc bien transparence.
Dans cet esprit, nous poursuivrons à la rentrée 2007 la démarche d'adaptation
progressive de l'éducation prioritaire pour répondre le plus concrètement
possible aux besoins des élèves touchés par ces diverses difficultés. C'est
en référence à cet objectif, qui donne tout son sens à la relance de l'éducation
prioritaire, que pourront être envisagées quelques sorties pour des
établissements dont l'environnement socio-économique aura été particulièrement
et durablement modifié, mais également des entrées dans le dispositif si la
situation inverse se rencontrait. Je vous confirme, au nom de Gilles de
Robien, que la relance de l'éducation prioritaire doit porter sur tous les
autres établissements actuellement en zone d'éducation prioritaire ou en réseau
d'éducation prioritaire : il s'agit des niveaux EP2 et EP3, pour lesquels une
réflexion dans les académies est en cours de façon à apporter des réponses
proportionnelles aux difficultés constatées. Il n'est pas question d'une
restructuration profonde de la carte de l'éducation prioritaire, mais d'un
pilotage qui soit le plus exact possible en fonction des situations de terrain.
Le pilotage de la réflexion est conduit par les recteurs de façon à bien prendre
en compte les réalités locales. Cette démarche fera l'objet d'une concertation
approfondie dans les académies, à partir, je le répète, de critères objectifs et
incontestables des difficultés, et nous souhaitons un diagnostic partagé par
tous les acteurs. S'agissant plus particulièrement du collège Henri Wallon,
je vous rappelle qu'il a été intégré, dès la rentrée 2006, dans un réseau "
ambition réussite ". À ce titre, il fait l'objet de toute l'attention du
ministre de l'éducation nationale, d'autant que, vous le savez, des incivilités
y ont été récemment signalées au ministère, ce qui induit un accompagnement
particulier des équipes éducatives. Sachez que, pour le ministre de l'éducation
nationale, c'est la priorité des priorités, et qu'il est particulièrement
attentif aux difficultés dont vous avez fait état. M. le
président. La parole est à M. Daniel Paul. M. Daniel
Paul. Je suis sidéré, monsieur le ministre. M. Patrick
Roy. Moi aussi ! M. Daniel Paul. Sidéré que vous
fassiez une réponse aussi vague, aussi générale,... M. Éric
Raoult. Oh ! M. Patrick Roy. Cette remarque vous
gêne, monsieur Raoult, mais c'est vrai ! M. Daniel Paul.
...alors que vous reconnaissez, à la fin de vos propos, les difficultés précises
et réelles auxquelles est confronté ce collège - ce n'est pas le seul
d'ailleurs. Il a vu ses moyens réduits à la rentrée dernière alors même qu'on
l'intégrait au réseau " ambition réussite ", et il est aujourd'hui confronté à
une difficulté réelle parce que c'est un des seuls collèges du Havre auxquels
les moyens promis n'ont pas été fournis. Il faut quand même le faire !
L'objectif de ma question, c'était tout simplement, en mettant en exergue les
réalités de votre projet " ambition réussite ", de vous demander en urgence de
faire le nécessaire auprès de l'académie de Rouen pour y remédier. Je ne sais
pas, si vous avez regardé la télévision dimanche soir : les deux tours frappées
par la foudre au Havre étaient situées à vingt mètres du collège. Le principal
adjoint, que j'ai eu tout à l'heure au téléphone, m'a indiqué que, dès dimanche
soir, les personnels avaient reçu des cailloux, alors qu'ils se rendaient dans
l'établissement pour s'assurer que tout se passait bien. Voilà la réalité
! M. le président. Monsieur Paul, il faut
conclure. M. Daniel Paul. À la place de ces propos vagues et
lénifiants, je vous demande donc une nouvelle fois de faire en sorte que les
promesses au sujet des moyens - je ne porterai pas de jugement sur la nature
même de l'opération -, au sujet des postes d'enseignants et d'assistants
pédagogiques soient tenues.
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