Rubrique :
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État
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Tête d'analyse :
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décentralisation
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Analyse :
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conséquences. enseignement. personnel
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Texte de la QUESTION :
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M. Jacques Brunhes attire l'attention de M. le ministre de la jeunesse, de l'éducation nationale et de la recherche sur les conséquences de la loi sur l'organisation décentralisée de la République pour l'éducation nationale. À l'image du mouvement de protestation qui grandit partout en France, les professeurs du collège Georges-Pompidou, situé à Villeneuve-la-Garenne dans les Hauts-de-Seine, sont depuis le 23 avril 2003 en grève illimitée pour refuser un projet de décentralisation qui mettrait en péril le principe d'une école équitable. L'école a besoin de faire un saut qualitatif et quantitatif important dans ses progrès visant à la réussite de tous les jeunes. Mais elle est actuellement déjà déconcentrée et décentralisée. La volonté affichée de transférer aux collectivités territoriales la prise en charge de certains membres de la communauté éducative tels que les assistantes sociales, les conseillers d'orientation psychologues, les médecins scolaires, les personnels d'entretien ou de cuisine, en modifiant profondément le contenu de leurs missions, voire en programmant leur disparition des établissements, remettrait en cause toute cohérence dans la mise en oeuvre des politiques d'aide à la réussite à l'école. Les risques sont grands de voir certaines missions disparaître, de privatiser certains services et d'instaurer des disparités d'une collectivité à l'autre en fonction des possibilités financières et des choix politiques laissés à l'appréciation des collectivités territoriales. D'autant plus qu'aucune garantie de véritables mécanismes de péréquation n'a été apportée. C'est l'existence même d'un projet éducatif dans son ensemble qui est compromis au profit d'une vision émiettée, locale et libérale de l'éducation. Aussi, il lui demande quelles mesures il entend prendre pour répondre à la volonté très majoritairement exprimée par l'ensemble des acteurs professionnels, enseignants et non enseignants, de refuser le démantèlement du service public de l'éducation nationale et d'assurer l'égal accès à ce droit fondamental qu'est l'éducation.
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Texte de la REPONSE :
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Le Parlement réuni en congrès le 17 mars 2003 a en effet exprimé, en adoptant la réforme de la Constitution qui lui était soumise, son souhait d'une organisation plus décentralisée de la République. Les réflexions relatives à la décentralisation conduites dans la concertation au cours des assises des libertés locales ont en effet permis de mieux appréhender les attentes des acteurs locaux et de retenir de grandes orientations, inspirées par la volonté de renforcer le service public de l'éducation nationale en prenant mieux en compte les réalités du terrain. Depuis que de nombreuses compétences ont été transférées par les premières lois de décentralisation, les collectivités territoriales partagent avec l'État la charge du service public de l'éducation. Chacun a pu constater que celles-ci ont pleinement assumé leurs responsabilités et démontré leur savoir-faire, notamment en matière de construction et de rénovation des bâtiments scolaires. Au cours du vaste débat ouvert par les assises des libertés locales, beaucoup de départements et de régions ont manifesté le souci de mieux assumer encore leurs compétences. Nombre de collectivités ont ainsi demandé le transfert de diverses compétences relevant aujourd'hui de l'éducation nationale, notamment l'entretien courant des bâtiments et la restauration dans les lycées et les collèges. Les collectivités territoriales, propriétaires des bâtiments scolaires des lycées et collèges depuis les premières lois de décentralisation adoptées en 1983, souhaitent en effet pouvoir assumer l'entretien courant et la maintenance de ce patrimoine immobilier. Le transfert des compétences exercées par les personnels techniciens, ouvriers et de service en matière d'entretien et de restauration s'inscrit donc dans la continuité. En tout état de cause, les personnels ouvriers concernés par les nouvelles mesures de décentralisation continueront à participer directement aux missions du service public d'éducation avec les mêmes compétences et le même engagement au service des élèves et de leurs familles. Il convient de rappeler à cet égard que le statut général de la fonction publique française est unifié comme l'est le service public. Les transferts de compétences qui ont été réalisés à l'occasion des premières lois de décentralisation ont quasiment tous conduit à l'intégration volontaire des agents de l'État concernés dans la fonction publique territoriale. De la même façon, les personnels ouvriers dont les missions seront prochainement transférées aux collectivités territoriales ont vocation à intégrer la fonction publique territoriale. Mais ceux qui souhaiteront néanmoins conserver leur statut de fonctionnaires d'État le pourront, tout en bénéficiant d'un détachement sans limitation de durée dans la fonction publique territoriale. Les modalités de ces dispositions devront être précisées avec les représentants de ces personnels. Des cadres d'emplois spécifiques pourraient être créés au sein de la fonction publique territoriale pour accueillir dans les meilleures conditions les personnels de l'éducation nationale dont les missions sont transférées aux collectivités territoriales.
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