SITUATION DES ARTISANS BATELIERS
M. le président. La
parole est à M. Marc Dolez, pour exposer sa question, n° 181, relative
à la situation des artisans bateliers.
M. Marc Dolez.
Monsieur le secrétaire d'Etat aux transports et à la mer, les qualités du
transport fluvial, qui est sûr, économique et écologique, ne sont plus à
démontrer. Malgré cela, la batellerie reste dans une situation extrêmement
préoccupante, suite à la libéralisation du transport fluvial intervenue au
1er janvier 2000 et elle se trouve confrontée à de graves difficultés
économiques et sociales.
Après
une légère amélioration, la situation s'est de nouveau dégradée en 2001 et
la concurrence est telle entre les affréteurs et entre les bateliers que
certains préfèrent désormais travailler à bas prix plutôt que de rester à quai -
d'autres faisant d'ailleurs le choix inverse. La loi du
17 janvier 2001 sanctionne pourtant le fait d'offrir ou de pratiquer
un prix inférieur au coût de la prestation, ne permettant pas de couvrir les
charges entraînées par les obligations légales ou réglementaires.
Ces baisses du prix des frets
provoquent une baisse globale des revenus des transporteurs, en dépit du contrat
de modernisation qui assigne à l'Etat un rôle de régulateur, garant du respect
de la réglementation. Et ces difficultés économiques entraînent des difficultés
sociales. La faiblesse des revenus dégagés par les artisans bateliers leur
permet à peine de régler leurs cotisations d'assurance vieillesse. Dans ces
conditions, nombre d'entre eux ne peuvent assurer le paiement des cotisations
vieillesse de leur épouse en optant pour le statut de conjoint collaborateur. Or
il me semble indispensable de prendre davantage en compte l'une des
particularités du métier de batelier : l'obligation réglementaire de naviguer à
deux fait du conjoint un membre à part entière de l'entreprise, et, à ce titre,
elle devrait lui ouvrir droit à une retraite propre, basée sur le revenu commun
de l'entreprise.
Monsieur le
secrétaire d'Etat, les bateliers sont encore prêts à croire en leur avenir, à
condition qu'on leur donne de bonnes raisons d'espérer. C'est pourquoi je vous
remercie de bien vouloir nous indiquer si le Gouvernement entend prendre des
dispositions pour remédier aux difficultés économiques et sociales que je viens
d'évoquer, tout en insistant aussi sur l'indispensable modernisation du réseau
qui impose de débloquer les investissements nécessaires. A cet égard, la
réalisation de la liaison Seine-Nord constitue une priorité absolue.
M. le président. La
parole est à M. le secrétaire d'Etat aux transports et à la mer.
M.
Dominique Bussereau, secrétaire d'Etat aux
transports et à la mer. Monsieur le député, merci d'avoir posé cette
question. Nous avons, en effet, besoin d'un transport fluvial fort pour empêcher
la thrombose de nos routes.
L'audit qui sera publié dans les
heures à venir est un document de travail réalisé par l'inspection générale des
finances et le conseil général des ponts et chaussées. Parallèlement, deux
rapports parlementaires seront publiés : l'un sur le fret ferroviaire dû aux
sénateurs Haenel et Gerbaud, l'autre sur le cabotage dû au sénateur de
Richemont. Sans compter une étude de la DATAR et un travail du Commissariat au
Plan sur le transport combiné. Autant de pièces versées au débat parlementaire
qui aura lieu ici même au printemps et qui sera l'occasion pour la
représentation nationale de débattre avec le Gouvernement des grands projets
d'infrastructure.L'infrastructure Seine-Nord à laquelle vous êtes également
attaché, monsieur le président, sera naturellement au coeur du débat.
Pour en revenir à votre question,
monsieur Dolez, après une excellente année 2000 et une année 2001
plus contrastée, le transport fluvial a vu ses prix baisser en 2002 tandis qu'il
gagnait plutôt des parts de marché et reprenait sa place économique. Dans les
secteurs soumis à la concurrence internationale, les difficultés ont été les
plus sensibles et des ventes à perte sont vraisemblables.
Les dispositions de la loi du
16 janvier 2001 punissent d'amende les transporteurs fluviaux qui
vendent à perte. Elles sont inspirées de celles qui ont été adoptées il y a une
douzaine d'années dans le transport routier et qui ont contribué à stabiliser
les prix dans une branche dont l'économie est encore plus complexe que celle du
transport fluvial. Afin de faciliter l'application de ce texte de régulation
économique, une enquête est en cours auprès des différents organismes
professionnels concernés pour obtenir des données précises sur les prix et leur
formation. C'est précisément pour disposer de données de référence dans un cadre
regroupant les partenaires de la chaîne du transport fluvial qu'un observatoire
spécifique du transport fluvial a été mis en place au sein du Conseil national
des transports. Sur la base des données recueillies et en liaison avec les
services de la concurrence, les parquets seront saisis des infractions qui
viendraient à être constatées.
Monsieur le député, vous avez
évoqué une seconde question : la conséquence de la baisse des prix sur la
capacité des artisans bateliers à cotiser pour leur retraite. Le régime
complémentaire obligatoire d'assurance vieillesse qui entrera en vigueur à la
fin de l'année sera globalement plus favorable dans la mesure où les droits
constitués au titre du conjoint deviendront accessibles dès la liquidation des
droits du titulaire, alors qu'ils ne l'étaient jusqu'à présent que lorsque le
bénéficiaire atteignait soixante-cinq ans. Cela étant, je suis tout à fait
prêt à associer tous les parlementaires intéressés par les problèmes du
transport fluvial à un travail sur le statut des épouses de batelier. Elles
jouent en effet un rôle particulièrement important, celui de « copilote » de
l'embarcation fluviale.