Texte de la REPONSE :
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PROJET DE RENOVATION URBAINE DES HAUTS DE MAZARGUES A
MARSEILLE M. le président. La parole est à
M. Guy Teissier, pour exposer sa question, n° 1864. M. Guy
Teissier. Lors de sa venue à Marseille, le ministre de l'emploi, de la
cohésion sociale et du logement a validé trois nouveaux programmes de rénovation
urbaine présentés par la ville de Marseille. Cinq autres sont en cours de
validation et vont être étudiés par les services de l'Agence nationale de
rénovation urbaine. J'appelle son attention sur celui qui concerne les Hauts
de Mazargues, dans le 9e arrondissement de Marseille. Situé aux confins du site
classé des calanques, pour lequel nous travaillons à la création d'un parc
national, ce territoire a été fortement urbanisé dans les années 1960 à 1980. Il
comprend près de 2000 logements gérés par une dizaine d'organismes HLM, où les
problèmes familiaux, scolaires, sociaux et de délinquance sont très
importants. Depuis une dizaine d'années, une mutation urbaine a été lancée.
Ainsi, de nombreuses copropriétés ont été construites aux alentours immédiats
des cités de la Cayolle et de la Soude. La zone commerciale des Hauts de
Mazargues s'est agrandie grâce à la modernisation d'une grande surface et à
l'installation de nouvelles entreprises dans la zone d'activité. La
spécificité de ce territoire tient au fait qu'il est composé de microsites à
l'échelle de la cité, et non à l'échelle du quartier. Ces microsites souffrent
de deux phénomènes majeurs qui nuisent à la cohésion sociale de sa population :
l'enclavement et la très forte disparité de revenus entre leurs habitants et
ceux des quartiers environnants. La diversité sociale de l'habitat ne se traduit
pas d'une manière mécanique par de la mixité sociale, mais elle aggrave les
tensions entre les habitants ainsi que le sentiment d'insécurité. Comment
pourrait-il en être autrement lorsque le taux de chômage des moins de vingt-cinq
ans, dans certaines de ces cités, avoisine les 60 % pour un taux moyen de 36 % à
Marseille lorsqu'en matière d'éducation, le niveau de qualification y est
globalement très bas, lorsque, en matière d'urbanisme et de transport, sur
l'ensemble du site, avec deux cités enclavées, il n'existe qu'une seule ligne de
transport en commun et que de nombreux équipements et espaces publics sont
fortement dégradés, lorsque les actes délictueux - trafic de drogue, économie
souterraine, délinquances des mineurs - se perpétuent et renforcent le sentiment
d'insécurité chez une partie de la population ? II existe donc une forte
attente de la part de tous les habitants de voir leur cadre de vie enfin
requalifié. Cela passe bien entendu par la rénovation des cités de la Soude et
de la Cayolle en réhabilitant, modernisant et reconstruisant des centaines de
logements, mais aussi par un meilleur aménagement de l'espace urbain, avec la
création d'espaces verts, de terrains de sport, de transports en commun... C'est
ainsi que nous réussirons une meilleure intégration de ces cités aux quartiers
avoisinants et à l'ensemble de la ville en général. Madame la ministre
déléguée à la cohésion sociale, la ville de Marseille a accompli un travail
important sur les dossiers déjà présentés à l'ANRU. Celui des Hauts de
Mazargues, évalué à 200 millions d'euros, est en fin d'élaboration et sera
présenté très prochainement à l'ANRU. Je souhaite appeler votre attention sur la
nécessité impérieuse de réussir ce projet de rénovation urbaine qui concerne
environ 30 000 personnes dans le seul 9e arrondissement de
Marseille. M. le président. La parole est à M. la ministre
déléguée à la cohésion sociale et à la parité. Mme Catherine
Vautrin, ministre déléguée à la cohésion sociale et à la parité.
Monsieur le député, vous le savez, la rénovation urbaine a été l'un des
actes très forts de cette législature, avec la loi du 1er août 2003 - que vous
avez votée ici au petit matin - par laquelle le Gouvernement s'est engagé sur un
programme pluriannuel de 35 milliards d'euros qui, à terme, nous permettra de
travailler sur près de 500 quartiers. Nous savons tous combien cet effet de
levier, extrêmement puissant, était nécessaire pour changer définitivement la
donne dans les quartiers. Vous venez de l'expliquer fort justement : au-delà
du problème urbain, il y a tout l'accompagnement humain. Au-delà de la
problématique du logement, il faut développer l'accompagnement vers l'emploi ou
encore la formation des tout-petits : c'est tout le sens du plan de cohésion
sociale voté dans la foulée pour apporter des réponses. Vous avez raison de
rappeler que Jean-Louis Borloo, lors de sa visite de Marseille avec le
sénateur-maire, s'est engagé à rénover plusieurs quartiers. En ce qui concerne
les Hauts de Mazargues, nous savons combien il était nécessaire d'intervenir.
Pour cela, il a fallu que l'Agence nationale de rénovation urbaine fasse, là
encore, l'objet de compléments. Dans cet esprit, le Gouvernement a décidé de
prolonger le programme de rénovation urbaine jusqu'en 2013, dans le cadre de la
loi portant engagement national pour le logement. Il a fallu surtout que le
conseil d'administration de l'agence décide, en septembre dernier, de prendre en
compte l'ensemble des projets identifiés localement. Celui des Hauts de
Mazargues pourra donc faire l'objet d'une convention avec l'agence, dès lors
qu'il aura pu être examiné et instruit, en tenant compte du partenariat, que
nous serons à même de développer, avec les autres collectivités territoriales :
région et département. Vous savez combien nous essayons, région après région,
département après département, de maintenir et de développer nos partenariats,
ce qui nous permet d'aller plus loin encore dans ces projets de
rénovation. Monsieur le député, le Gouvernement sera bien évidemment attentif
à ce que ce projet fasse l'objet d'un examen attentionné de la part du conseil
d'administration de l'ANRU dès qu'il aura été présenté. M. le
président. La parole est à M. Guy Teissier. M. Guy
Teissier. Madame la ministre, je vous remercie de votre réponse. Cette
opération est nécessaire pour éviter la fracture dans la fracture. Marseille
connaît une sorte de ligne de démarcation qui ne dit pas son nom et qui
s'appelle la Canebière. Les gouvernements successifs ont apporté beaucoup
d'attention aux quartiers qui se trouvent au nord. À l'est, en revanche, sans
doute parce que l'environnement y est plus agréable, que le massif des Calanques
est comme un parc urbain merveilleux, on semble croire que la misère est plus
acceptable, plus douce et nécessite moins d'attention. Pourtant, la
désespérance, la délinquance, les drames quotidiens y existent tout autant que
dans les quartiers nord. M. le président. La parole est à
Mme la ministre. Mme la ministre déléguée à la cohésion sociale et à
la parité. Bien sûr, monsieur le député, pour le Gouvernement, la
misère n'est pas plus belle au sud qu'au nord, à l'est qu'à l'ouest, et quel que
soit l'environnement. Pour la faire reculer, nous nous sommes engagés dans un
chantier de très grande envergure avec pour objectif d'apporter partout les
réponses les plus complètes. Et plus les collectivités nous accompagneront, plus
nous pourrons agir rapidement ensemble.
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