RÉPARATION DE L'ATTEINTE
À L'HONNEUR D'UNE PERSONNE
M. le président. La
parole est à M. Jacques Desallangre pour exposer sa question,
n° 187, relative à la réparation de l'atteinte à l'honneur d'une
personne.
M. Jacques
Desallangre. Monsieur le ministre délégué à l'enseignement scolaire, je
souhaite appeler votre bienveillante attention sur la demande légitime de toute
la famille Hanse de voir réhabiliter l'honneur de père, époux, frère et fils,
Bernard Hanse, enseignant soissonnais injustement accusé d'attouchement par un
de ses élèves dans un collège de la Marne.
Le 10 juin 1997,
Bernard Hanse se donnait la mort, ne supportant plus que son honnêteté, sa
parole, son intégrité soient bafouées par une dénonciation calomnieuse.
Le 8 juillet 1997, à la suite
de l'enquête de gendarmerie, le procureur de la République mettait en examen le
mineur accusateur pour dénonciation mensongère. Malgré cette procédure
judiciaire en cours, qui aurait pu inciter toute personne publique à la réserve,
des rumeurs faisant état de possibles pressions d'adultes sur l'enfant ont
alimenté la presse. Après cinq années d'instruction, la justice a tranché et
rétabli le défunt dans son droit en confirmant que « l'accusation portée contre
le professeur apparaît ainsi dépourvue de fondement ». Néanmoins, la mémoire de
Bernard Hanse et l'honneur de sa famille restent encore ternis par les propos
tenus publiquement.
Rien ne
saurait racheter la vie d'un homme mais, pour sa mémoire, pour sa famille, je
souhaite respectueusement, monsieur le ministre, que vous prononciez les mots
qui réhabiliteront son honneur, les mots qui permettront à ses vieux parents, à
son épouse, à ses filles, d'en terminer avec un travail de deuil toujours
inachevé et aux enseignants qui ont suivi cette consternante affaire avec peine
et inquiétude de saluer une déclaration qui confirmera que Bernard Hanse était
un homme d'honneur, un enseignant consciencieux. Je vous remercie d'avance pour
votre contribution décisive à l'apaisement d'une peine humaine immense.
M. le président. La
parole est à M. le ministre délégué à l'enseignement scolaire.
M. Xavier Darcos, ministre délégué à l'enseignement scolaire.
Monsieur le député, je connais bien l'affaire que vous évoquez aujourd'hui et
qui a bouleversé l'éducation nationale dans son ensemble. Au-delà même du drame
que représente la perte d'un être cher, d'un homme juste, pour sa famille,
au-delà même de toute polémique sur les causes de cet acte qui serait
aujourd'hui déplacée, je veux, comme vous le souhaitez, saluer, devant la
représentation nationale, la mémoire d'un enseignant qui a été vaincu
injustement par le poids de la rumeur.
Permettez-moi d'abord de rappeler
les faits.
Le
10 juin 1997, Bernard Hanse, professeur d'éducation physique et
sportive au collège de Montmirail, s'est donné la mort après avoir été informé
que le parquet avait été saisi pour des agissements dont l'accusait un de ses
élèves. La cour d'appel de Reims a relevé dans un arrêt du
21 juin 2002 que « l'accusation portée à l'encontre de ce professeur
apparaissait dénuée de tout fondement ».
M. Hanse n'a jamais été
condamné par l'administration et les mesures qui ont été prises, à l'époque,
avaient un caractère conservatoire et usuel dans notre « maison ». Elle
n'étaient ni exceptionnelles ni infamantes. Le recteur de l'académie de Reims a,
dans un courrier du 10 février dernier, déclaré, au nom de l'éducation
nationale, que « M. Bernard Hanse laisse le souvenir d'un enseignant digne
pour lequel l'institution doit exprimer toute son estime ».
De plus, monsieur le député, je
rappelle qu'à l'époque des faits l'ensemble des personnels de l'éducation
nationale a fait preuve de mesure et de discernement en se contentant d'aviser
l'autorité judiciaire, comme l'article 40 du code de procédure pénale leur
en fait l'obligation, des faits portés à leur connaissance. Je souligne que ni
le chef d'établissement ni aucun autre personnel de l'éducation nationale n'a
communiqué publiquement sur les accusations infondées dont M. Hanse avait
été l'objet.
Aujourd'hui, que
faire, sinon redire à l'adresse de sa famille, de sa mémoire, notre peine, notre
regret et la certitude que M. Hanse était un professeur irréprochable.
M. le président. La
parole est à M. Jacques Desallangre.
M. Jacques
Desallangre. Monsieur le ministre, vous avez prononcé les paroles que
la famille attendait et, même si cela n'est pas fréquent dans cet hémicycle, je
vous en remercie du fond du coeur.