RELÈVEMENT DU PLAFOND D'ACCÈS
À LA CMU À LA RÉUNION
M. le président. La parole
est à M. Bertho Audifax, pour exposer sa question n° 204, relative au
relèvement du plafond d'accès à la CMU à la Réunion.
M. Bertho Audifax. J'avais
sollicité M. le ministre des affaires sociales, du travail et de la
solidarité, le 11 novembre dernier, sur les conséquences de l'abaissement
du plafond de la couverture maladie universelle à 562 euros par mois.
Cette disposition, héritée du
précédent gouvernement, exclut les personnes handicapées et les personnes
bénéficiaires du minimum vieillesse, soit 568,38 euros, de son champ
d'application et donc de son bénéfice.
Pour quelque 5,62 euros par
mois, ces personnes - environ 25 000 rien que qu'à l'île de la
Réunion - se sont trouvées contraintes de souscrire une mutuelle
complémentaire. Or les démarches de souscription à cette mutuelle paraissent
particulièrement complexes pour des personnes âgées, souvent illettrées ou
handicapées. Quant à son coût, il est démesuré au regard du minimum vieillesse
perçu. Une mutuelle coûte environ 150 euros par mois !
Paradoxalement, l'application de la
CMU a donc entraîné un moins bon suivi médical de ces patients fragiles.
Le Président de la République,
sensibilisé à cette grave anomalie, s'était engagé à la corriger. Le
22 février dernier, M. le Premier ministre, en visite à la Réunion, a
annoncé officiellement que le plafond des bénéficiaires de la CMU serait relevé
afin de soustraire les allocataires du minimum vieillesse et des handicapés de
cette grave injustice - comme le candidat Jacques Chirac s'y était engagé.
Toute l'île de la Réunion s'en est
réjouie et nombre de personnes âgées m'ont chargé de remercier le chef de l'Etat
et le chef du Gouvernement de cette décision. Afin de répondre aux attentes des
Réunionnais, je vous remercie, monsieur le ministre de la santé, de la famille
et des personnes handicapées, de bien vouloir m'indiquer les dispositions et le
calendrier qui seront mis en place sur ce dossier.
M. le
président. La parole est à M. le ministre de la santé, de la
famille et des personnes handicapées.
M. Jean-François Mattei, ministre de la santé, de la famille et des
personnes handicapées. Monsieur le député, la mise en place du dispositif
CMU et CMU complémentaire, dans le cadre de la loi du 27 juillet 1999,
avait pour objectif d'améliorer l'accès aux soins des plus démunis.
Sur le principe, cette loi, votée
sous la précédente législature, apporte des solutions relativement
satisfaisantes en termes de santé publique. Mais elle présente de graves défauts
auxquels le gouvernement actuel souhaite remédier.
Ainsi, le dispositif de CMU
complémentaire assure gratuitement, sous condition de ressources, une couverture
maladie complémentaire,- ticket modérateur et forfait journalier
hospitalier notamment.
Pour
bénéficier de la CMU, une personne seule ne doit pas disposer de revenus
supérieurs à 6 744 euros par an, soit 562 euros par mois. Au-delà, la
loi actuelle ne prévoit rien et les personnes perdent brutalement toute forme
d'aide, risquant ainsi de se trouver éloignées du système de soin. Il y a donc
des effets de seuil, auxquels le Gouvernement souhaite remédier. Une réforme de
la CMU devrait vous être présentée à l'automne.
Par ailleurs, la CMU complémentaire
est venue se substituer à l'aide médicale départementale. Sur l'île de
La Réunion, elle a succédé au système des « bons roses » qui dispensait la
majorité des ménages d'une part importante, voire de la totalité des dépenses
relatives aux soins. De façon paradoxale, la CMU n'apparaît donc pas à
la Réunion comme une mesure de progrès, mais comme une mesure de régression
sociale. C'est pourquoi le Premier ministre, lors de son récent déplacement à la
Réunion, a effectivement annoncé la recherche d'une solution, car nous ne sommes
pas le gouvernement de la régression sociale.
Le Gouvernement y travaille, en
cherchant à prendre en compte au mieux les spécificités de l'île de
La Réunion et des départements d'outre-mer. S'agissant d'une prestation
légale, il convient, en liaison avec le ministère de l'outre-mer, de trouver le
bon niveau d'intervention juridique : décret ou loi. Une solution devrait
intervenir dans les toutes prochaines semaines. Il s'agit en effet de satisfaire
aux engagements du Premier ministre, qui seront honorés.
M. le
président. La parole est à M. Bertho Audifax.
M. Bertho Audifax. Je
vous remercie, monsieur le ministre, de votre réponse. Je suis particulièrement
satisfait d'apprendre que des décisions seront prises dans les prochaines
semaines. Mais il nous faudra veiller à l'avenir, lorsque le minimum vieillesse
augmentera, à ce que le problème ne se repose pas.