DYSFONCTIONNEMENTS DE LA POSTE DU VAL
D'YERRES
DANS L'ESSONNE
M. le président. La
parole est à M. Nicolas Dupont-Aignan, pour exposer sa question n° 211,
relative aux dysfonctionnements de la poste du Val d'Yerres dans l'Essonne.
M. Nicolas
Dupont-Aignan. Monsieur le ministre délégué au budget et à la réforme
budgétaire, je voudrais ce matin vous entretenir des problèmes que connaît ma
circonscription de l'Essonne depuis plusieurs mois avec le service public de
La Poste.
Certes, nous
sommes confrontés depuis plusieurs années à des dysfonctionnements sporadiques :
courrier non distribué, retards, entreprises qui doivent aller chercher
elles-mêmes le courrier au bureau de poste faute de postier pour le distribuer,
etc. Mais depuis quelques mois, la situation s'est singulièrement aggravée et si
je me permets de poser cette question ce n'est pas pour faire de l'agitation,
mais parce que je suis régulièrement interpellé par un grand nombre de mes
concitoyens.
La presse s'est
même emparée du dossier, dans un article, que je vous ai transmis, au titre
évocateur : « Distribution du courrier, le grand cafouillage ».
Je voudrais attirer votre attention
sur trois points.
Premier point
: les particuliers ne sont plus prioritaires par rapport aux entreprises. La
direction départementale de La Poste m'a clairement expliqué que, les
entreprises fournissant 95 % des recettes de La Poste, les particuliers
pouvaient attendre leur courrier deux ou trois jours. J'aimerais savoir si cette
attitude résulte d'une instruction nationale ou si ce n'est qu'une facilité
décidée par la direction départementale de La Poste de l'Essonne ?
Deuxième point : on nous explique
que « l'activité courrier de La Poste, qui se professionnalise, veille à
maintenir le taux des tournées à découvert à un niveau inférieur à 1 % sur le
département ». En clair, on tolère que 1 % de boîtes du département de l'Essonne
ne soit pas distribué chaque jour. Dans ma circonscription, cela représente cinq
cents boîtes qui, chaque jour, ne sont pas distribuées. De manière
confidentielle, on évoque même un taux de non-distribution de 5 % dans ma
circonscription. Est-ce normal ?
Troisième point : on nous indique,
lorsqu'on veut bien nous répondre - de nombreux courriers de particuliers
adressés à La Poste restent en effet sans réponse -, que La Poste est
confrontée à de sérieux problèmes de recrutement. On demande même aux maires de
bien vouloir constituer un fichier de vacataires pouvant suppléer les postiers !
La directrice départementale de La Poste est ainsi venue m'informer qu'elle
cherchait des postiers et qu'à ce titre la mairie lui faciliterait la tâche en
recrutant des vacataires et en les mettant à la disposition de La Poste. Cette
attitude est scandaleuse. Je voudrais savoir ce qu'il en est réellement. Quelles
instructions l'Etat - dont le rôle est de garantir un service public
minimum - peut-il donner à la direction départementale de La Poste ?
On comprend que La Poste puisse
avoir des difficultés au moment où elle doit affronter une concurrence et se
professionnaliser, mais il n'est pas normal que le service public soit ainsi
démantelé, ni, surtout, que la direction départementale de La Poste avoue à ce
point les difficultés sans chercher véritablement à améliorer la situation.
Et, pour vous faire sourire malgré
la gravité d'une question qui affecte l'activité économique des entreprises et
la vie des particuliers, je citerai un paragraphe de la lettre qui m'a été
adressée par La Poste en date du 20 février 2003, et qui mériterait de figurer
dans les annales : « Les difficultés que rencontre le service postal dans le
secteur du Val d'Yerres sont tout à fait exceptionnelles et liées à notre
organisation "en flux tendu. Parfaitement opérationnel, ce type d'organisation
est néanmoins sensible aux impondérables, tels que les maladies ou les
accidents. »
Les maladies et les
accidents n'ayant pas, à ma connaissance, été supprimés de la nature humaine,
j'observe que cette organisation en flux tendu, parfaitement opérationnelle,
n'assure plus correctement le service public dans notre pays.
M. le président. La
parole est à M. le ministre délégué au budget et à la réforme
budgétaire.
M. Alain Lambert, ministre délégué au budget et à la réforme
budgétaire. Monsieur le député, je vais m'efforcer de vous fournir un
certain nombre d'informations de nature à apaiser les inquiétudes de vos
concitoyens dont vous venez de vous faire l'écho et, surtout, à trouver des
solutions, puisque telle est votre préoccupation.
Selon des enquêtes objectives
effectuées par l'institut SOFRES tout au long de l'année 2002, près de huit
lettres sur dix destinées au département de l'Essonne auraient été distribuées à
leurs destinataires dès le lendemain du jour de leur dépôt. Ce traitement montre
que les entreprises comme les particuliers bénéficient d'une qualité de service
comparable à celle de la moyenne nationale, même si je reconnais volontiers que
cette statistique ne change pas grand-chose à l'impatience de ceux qui ne
reçoivent par leur courrier.
La
Poste me confirme que, dans le secteur du Val d'Yerres, que vous connaissez bien
et qui vous préoccupe particulièrement, des difficultés ont été rencontrées en
ce début d'année 2003, difficultés qui seraient à la fois ponctuelles et
exceptionnelles.
La direction de
La Poste de l'Essonne a identifié ces dysfonctionnements. Elle s'attache à
leur apporter les actions correctrices nécessaires, pour revenir à une qualité
de service tout à fait satisfaisante. On me dit même que de sévères mesures
disciplinaires ont été prises.
Je vous confirme donc qu'il
n'apparaît pas que ces difficultés soient de nature structurelle : l'activité
postale de distribution du courrier nécessite de disposer d'un volant de
remplacement pour faire face aux situations d'absence ou de congé et, à cet
égard, des moyens humains affectés aux remplacements du centre de distribution
du courrier d'Yerres sont, me dit-on, tout à fait adaptés aux besoins de
l'établissement. Pour répondre à l'inquiétude que vous avez exprimée tout à
l'heure à cet égard, je veillerai personnellement à ce qu'ils le demeurent.
On m'indique également que, dans le
but de conforter ce volant de remplacement, la direction de La Poste aurait
proposé de conduire, avec les services de votre commune, des actions auprès des
jeunes, pour développer l'emploi local. Je sais l'importance que vous y
attachez. J'espère que cette initiative contribuera à résoudre ces problèmes,
qui, je le répète, sont conjoncturels, et que nous nous appliquerons à ne pas
laisser devenir structurels.
M. le président. La
parole est à M. Nicolas Dupont-Aignan.
M. Nicolas
Dupont-Aignan. Je vous remercie, monsieur le ministre. J'ai pris bonne
note de vos remarques, que je vais m'empresser de transmettre à la population
pour la rassurer.