PROTECTION SOCIALE ET SANITAIRE À
MAYOTTE
M. le président. La
parole est à M. Mansour Kamardine, pour exposer sa question
n° 213, relative à la protection sociale et sanitaire à Mayotte.
M. Mansour Kamardine.
Monsieur le ministre de la santé, de la famille et des personnes handicapées, je
souhaite vous interroger sur la mise en oeuvre de l'ordonnance sociale du
27 mars 2002 relative à la protection sanitaire et sociale de Mayotte et,
par voie de conséquence, sur la situation particulière du centre hospitalier de
Mamoudzou.
Cette ordonnance
traite de l'extension du régime d'assurance maladie, de l'organisation des
soins, de l'assurance vieillesse des salariés, ou bien encore de certaines
allocations telles que l'allocation adulte handicapé et l'allocation spéciale
aux personnes âgées. Autant de mesures vitales qui répondent à une exigence de
justice sociale, à laquelle je vous sais très attaché, monsieur le ministre.
Votre présence en est la preuve ; à travers la réponse que vous allez me donner,
vous témoignez de votre solidarité avec Mayotte. Quelle que soit cette réponse,
je vous adresse d'ores et déjà mes remerciements.
Les Mahoraises et les Mahorais
attendent depuis très longtemps une couverture sociale digne de ce nom. Vous
comprendrez leur impatience. L'une des mesures les plus attendues est le
rattachement des dispensaires au centre hospitalier de Mayotte.
Ce rattachement est primordial, car
il concerne un réseau de soins de premiers secours composé de dix-neuf
dispensaires, de quatorze points de consultation et de quatre cabinets
dentaires. La DASS et le centre hospitalier de Mayotte ont mis en oeuvre une
convention de coopération pour y procéder progressivement, tout en perdant le
moins de temps possible.
Ces
efforts entrepris localement pour améliorer la qualité des soins ne sauraient
toutefois être suffisants sans la parution du décret d'application initialement
prévue au 1er janvier 2003. Ce décret doit, notamment, clarifier la
répartition des compétences et les modalités de financement de ces nouvelles
activités dévolues au centre hospitalier de Mayotte. La collectivité
départementale de Mayotte assure encore pour partie le financement des
dispensaires, alors qu'elle devait en être déchargée depuis plusieurs mois.
Je voudrais appeler votre attention
sur la situation budgétaire du centre hospitalier de Mayotte, et, en
conséquence, sur la qualité de ses services de soins.
A Mayotte, le taux d'équipement en
lits est de 1,51 pour 1 000 habitants, contre 7,57 pour 1 000 en
métropole ! On comprend mieux la situation de saturation permanente de
l'ensemble des services de cet établissement.
Vous trouvez très justement
inhumain que le séjour d'une femme en maternité ne dure que deux ou trois jours.
Sachez que les femmes qui accouchent au centre hospitalier n'y restent qu'une
journée, voire moins ! Cela n'est pas compatible avec la sécurité médicale que
toute parturiente est en droit d'attendre dans un établissement de soins
français. Les conséquences sont très graves et des cas de décès seraient
imputables à cette situation.
Cela n'est pas acceptable, pas plus
que de voir des malades entassés dans les couloirs de l'établissement - en
chirurgie, par exemple - dans des conditions de grande précarité, alors
qu'ils sont censés y trouver réconfort physique et moral.
Face à ce constat très préoccupant
et à la demande de l'établissement, une mission a été diligentée par la
direction de l'hospitalisation et de l'organisation des soins de votre ministère
pour étudier les possibilités d'une meilleure adéquation entre les besoins et
les moyens. De même, le plan directeur des travaux du site de Mamoudzou et des
maternités intercommunales du sud, du centre et du nord, destiné à améliorer la
sécurité médicale de la prise en charge des patients, ainsi que les conditions
d'accueil et d'hébergement, a été mis en oeuvre. Il suppose, notamment, une
augmentation des capacités d'hébergement en médecine et en chirurgie, chacun de
ces services ne dispose actuellement que de cinquante lits, pour une population
de 150 000 habitants !
Vous
l'avez bien compris, monsieur le ministre : il faut donner au centre hospitalier
de Mayotte les moyens de réussir sa mission. Je sais que vous êtes attentif à
nos préoccupations : nous l'observons chaque semaine lors des questions
d'actualité.
Aussi, je vous
demande de bien vouloir me préciser les mesures que vous entendez prendre pour
améliorer la protection sociale à Mayotte dans des délais raisonnables et
garantir l'avenir financier du centre hospitalier. Cette amélioration passera
sans nul doute par la confirmation du financement du plan directeur des travaux,
tant pour ce qui concerne les subventions que les surcoûts en exploitation,
ainsi que par une réévaluation reconductible et donc pérenne de sa dotation
globale de financement.
Pouvez-vous, enfin, monsieur le
ministre, me préciser la date de publication des textes relatifs à la mise en
place de la sécurité sociale ?
M. le président. La
parole est à M. le ministre de la santé, de la famille et des personnes
handicapées.
M. Jean-François Mattei, ministre de la santé, de la famille et des
personnes handicapées. Monsieur Kamardine, votre question porte sur deux
points : les textes d'application de l'ordonnance 2002-411 du
27 mars 2002 sur la protection sanitaire et sociale à Mayotte et le
centre hospitalier de Mayotte.
Les textes d'application de
l'ordonnance du 27 mars 2002 vont être prochainement publiés. Ainsi,
le décret relatif au régime de l'allocation adulte handicapé et le décret
relatif à l'assurance viellesse et à l'allocation spéciale pour les personnes
âgées sont en cours de signature. En ce qui concerne l'assurance maladie et
maternité, un premier décret sur les indemnités journalières de maternité et les
cotisations est en cours d'élaboration et devrait être signé le mois prochain.
Le second décret relatif aux indemnités journalières maladie, au contrôle
médical et au ticket modérateur devrait être publié au printemps 2003.
C'est dans ce cadre que sera traitée la question du rattachement des
dispensaires à l'hôpital.
Localement, et pour ne pas
pénaliser les usagers et les bénéficiaires d'anciennes prestations d'aide
sociale, des dispositions provisoires ont été prises par convention entre la
collectivité départementale, la caisse d'allocations familiales de Mayotte et la
caisse de prévoyance sociale de Mayotte, de manière à maintenir le versement des
prestations antérieures à titre d'avance sur les prestations nouvellement
créées.
L'offre publique de
soins à Mayotte connaît depuis quelques années une progression considérable. Il
est nécessaire de poursuivre l'effort déjà réalisé pour tenir compte de
l'augmentation de la population et rattraper progressivement le retard accumulé.
Ainsi, la deuxième tranche de construction du centre hospitalier de Mayotte est
financée par le contrat de plan Etat-région 2000-2004, signé entre l'Etat et la
collectivité territoriale de Mayotte. Une dotation complémentaire sera reprise
dans le cadre des investissements au titre du plan Hôpital 2007.
Concernant le financement des
dépenses de fonctionnement du centre hospitalier, plusieurs éléments doivent
être rappelés, qui témoignent de l'attention particulière que le Gouvernement
porte à la collectivité territoriale de Mayotte : entre 2000 et 2002, les
dépenses autorisées pour le fonctionnement se sont accrues de plus de 65 %
et le budget a augmenté de 39 % pendant la seule année 2002.
Cet effort exceptionnel a pour
double objectif de permettre à cet établissement de disposer de moyens en
rapport avec l'évolution de son activité et, plus globalement, de consolider le
niveau de ses moyens de fonctionnement.
Début 2003, j'ai envoyé sur
place, comme vous l'avez mentionné, une mission d'expertise financière de la
direction des hôpitaux et de l'organisation des soins. Celle-ci a permis
d'étudier les derniers ajustements financiers qui devraient déboucher sur une
affection significative de crédits. C'est désormais dans le cadre d'un budget
assaini, qui devra être maîtrisé, que sera améliorée la qualité de soins et
d'accueil à laquelle tous les Mahorais peuvent prétendre.
M. le président. La
parole est à M. Mansour Kamardine.
M. Mansour Kamardine.
Merci, monsieur le ministre. Votre réponse ne me surprend pas du tout. Je sais
combien vous avez à coeur de faire bénéficier les populations de Mayotte des
meilleurs soins.