AVENIR DU SERVICE POSTAL DANS LE
HAUT-VAUCLUSE
M. le président. La
parole est à M. Thierry Mariani, pour exposer sa question n° 215,
relative à l'avenir du service postal dans le Haut-Vaucluse.
M. Thierry Mariani.
Monsieur le ministre délégué au budget et à la réforme budgétaire, ma question
de ce matin concerne les difficultés récurrentes que connaissent les bureaux de
La Poste dans les communes de Vaison-la-Romaine, de Piolenc et de
Jonquières dans le département du Vaucluse, mais aussi dans de nombreux petits
villages.
Alors que le
Gouvernement a affirmé à plusieurs reprises sa volonté de maintenir le service
public en milieu rural, La Poste procède dans le Haut-Vaucluse à des
réorganisations, qui non seulement ne répondent plus aux besoins des usagers
mais entraînent pour les agents des difficultés de fonctionnement, aussi bien au
guichet que dans l'organisation de la distribution. J'en donnerai trois
exemples.
Le cas du bureau de
Piolenc illustre parfaitement la gravité de la situation. Vous le savez, ce
village a été durement touché par les intempéries qui se sont abattues, au mois
de septembre 2002, sur les départements du Vaucluse et du Gard. Le bureau
de poste a subi de nombreux dégâts, ce qui n'a fait qu'accentuer les
difficultés. En effet, bien avant les inondations, le bureau connaissait déjà de
réelles difficultés de fonctionnement. Le nombre de tournées à découvert a
dépassé le seuil du tolérable. La population s'impatiente, et les entreprises se
trouvent pénalisées dans le cadre de leur activité.
D'autres dysfonctionnements, en
apparence plus anecdotiques, mais tout aussi significatifs, illustrent le manque
de moyens dont souffrent les agents dans l'exercice de leurs missions. Ainsi un
agent contractuel est doté d'un casque bien trop grand. Malgré sa demande
répétée, l'agent circule avec ce casque inadapté, ce qui met sa sécurité en
danger. Les agents ont dû installer eux-mêmes des points de fermeture sur les
portes, après avoir constaté à plusieurs reprises des intrusions dans le service
et des ouvertures de courrier. Enfin, depuis que l'organisation de
l'approvisionnement en courrier du service a changé, le camion est bien trop
souvent en retard, ce qui perturbe gravement la distribution.
Ces problèmes sont d'autant plus
inadmissibles que La Poste, forte de son statut spécifique, est tenue
d'assurer un fonctionnement régulier du service public. Une des raisons de cette
crise semble le manque d'effectifs. Je souhaite savoir quelles mesures le
Gouvernement entend prendre pour que la distribution du courrier soit enfin
assurée normalement dans la commune de Piolenc.
Mon deuxième exemple concerne la
commune de Jonquières. L'organisation du service postal ne permet plus, là
aussi, de répondre aux réalités locales et aux besoins des clients, particuliers
comme entreprises. Malgré les efforts soutenus des facteurs, une surcharge de
travail les empêche aujourd'hui d'accomplir leurs tournées dans des conditions
de sécurité normales. Ainsi, afin que le trafic soit écoulé quotidiennement, les
temps de repos ne sont plus respectés. Le climat avec la direction est devenu
détestable. Il convient de l'apaiser dans les meilleurs délais en prenant en
compte les revendications du personnel, afin que les objectifs soient enfin
partagés par tout le monde.
Pour
finir, j'évoquerai le bureau de poste de Vaison-la-Romaine. Les facteurs
vaisonnais s'opposent à la distribution de la publicité non adressée et à son
intégration dans les tournées en zone rurale. Le climat est, là aussi,
particulièrement tendu depuis plusieurs mois. La principale critique porte sur
l'inadaptation du local où est préparée la publicité non adressée. Situé au
sous-sol du bureau central, ce local ne possède pas d'issue de secours. En
outre, du fait de la configuration même du lieu, en raison entre autres de la
nécessité de protéger un patrimoine archéologique, il semblerait que le sol ne
puisse plus supporter de poids supplémentaire. Une expertise de la capacité de
résistance au sol des locaux, qui a été demandée par le personnel, n'a toujours
pas été obtenue à ce jour. De plus, la distribution de cette publicité non
adressée représente une surcharge de travail pour les postiers, qui s'ajoute aux
21 550 objets distribués en moyenne par jour. Il s'agit là d'une question
essentielle d'équité territoriale, au moment où le Gouvernement s'attache à ce
qu'un service public de qualité et performant soit rendu partout et à tous.
C'est la raison pour laquelle,
monsieur le ministre, je vous demande de bien vouloir nous indiquer les mesures
que vous entendez mettre en oeuvre pour maintenir un service postal de qualité
dans le Haut-Vaucluse, et notamment à Vaison-la-Romaine.
M. le président. La
parole est à M. le ministre délégué au budget et à la réforme
budgétaire.
M. Alain Lambert, ministre délégué au budget et à la réforme
budgétaire. Monsieur le député, j'ai bien entendu votre inquiétude
mais je puis vous assurer que le Gouvernement veille à la qualité du service
fourni par La Poste.
S'agissant d'abord du cas du bureau
de poste de Vaison-la-Romaine, j'attire votre attention sur le fait que la
publicité non adressée représente le tiers d'une sacoche de facteur. Il s'agit
d'une évolution structurelle du trafic postal, qui apporte à La Poste une
source essentielle de revenus.
A
Vaison-la-Romaine, plusieurs facteurs se sont récemment opposés à la
distribution de la publicité non adressée bien que l'organisation de leur
travail quotidien en place ait été conçue pour prendre en compte cette activité
dans le calcul du temps des tournées de distribution. Une large concertation
s'est engagée sur ce sujet et a permis, me dit-on, de rétablir la situation
depuis le 3 mars dernier. Espérons que cette concertation produira ses
pleins effets.
S'agissant du
local que vous avez évoqué et qui est utilisé à cet effet, je vous confirme sa
parfaite conformité avec les dispositions du code du travail, auxquelles
l'établissement est comme tout autre assujetti. Une expertise externe à
La Poste, conduite par l'entreprise Qualiconsult le 20 mars 2002,
a permis de confirmer la résistance au sol des locaux, ce qui devrait apaiser
les inquiétudes du personnel concerné.
Dans le cas des deux autres bureaux
que vous citez, je vous confirme qu'aucune réorganisation récente n'y a été
effectuée.
Le bureau de Piolenc
a effectivement subi de sérieux dommages lors des graves inondations,- dont
nous nous souvenons tous - qui ont frappé le Gard et le nord du département
de Vaucluse en septembre 2002. De ce fait, l'accueil du public a dû être
réalisé dans des structures provisoires, sous la surveillance du comité
d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail de La Poste. De
nouveaux locaux devraient permettre le retour du public dès le mois d'avril
prochain.
S'agissant du service
de la distribution du courrier, il avait pour sa part bénéficié de l'aide active
de la municipalité, qui a fourni des locaux. Il n'a pas été noté, depuis,
d'incident particulier dans le fonctionnement et la qualité du service.
Je tiens cependant à le redire en
conclusion : le Gouvernement portera toute son attention à ce que les services
publics puissent être rendus dans les meilleures conditions.
M. le président. La
parole est à M. Thierry Mariani.
M. Thierry Mariani.
Monsieur le ministre, j'ai pris bonne note de vos éléments de réponse et je vous
en remercie.
Personne ne
conteste, notamment pas les facteurs bien entendu, la nécessité de distribuer à
Vaison-la-Romaine la publicité non adressée qui, comme vous l'avez indiqué,
cosntitue désormais une part importante du courrier. Ils demandent simplement
que cette publicité non adressée soit « comptée » comme le reste du courrier
dans leur quantité de travail. Vous dites que le problème serait réglé depuis le
3 mars dernier. Permettez-moi d'avoir quelques doutes, mais je
vérifierai.
Je vous assure que,
depuis dix ans que je suis député, je n'ai jamais vu autant de problèmes dans
les petits bureaux de poste. La raison tient bien entendu à l'application de la
loi sur les 35 heures sans moyens supplémentaires et avec un manque de
préparation évident. Je prendrai deux exemples. A Saint-Roman-de-Malegarde, le
seul employé est malade depuis des mois et le bureau est fermé. Au Barroux, un
employé est malade, les tournées n'ont pas été assurées pendant trois semaines
et personne ne reçoit plus de courrier. Où est l'équité du service public ?
Je pourrais citer bien d'autres
exemples de petits villages où se multiplient les problèmes tant le personnel
est tendu. Ma question avait aussi pour but de vous sensibiliser sur la
situation du milieu rural, et je vous assure que ce n'est pas qu'un discours,
les problèmes sont bien réels et sont de plus en plus nombreux.