DEBAT :
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JOURNEE DE MOBILISATION POUR L'EMPLOI ET LE POUVOIR D'ACHAT
M. le président. La parole est à M. Alain
Bocquet, pour le groupe des député-e-s communistes et
républicains. M. Alain Bocquet. Monsieur le Premier
ministre, mes collègues du groupe communiste et républicain (" Ils sont où ?
" sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement
populaire)... M. le président. Poursuivez, monsieur
Bocquet ! M. Alain Bocquet. On m'interrompt d'emblée,
monsieur le président. M. le président. Vous avez
suffisamment d'expérience de l'hémicycle pour continuer à parler ! M.
Alain Bocquet. Mes collègues manifestent en ce moment aux côtés des
centaines de milliers de personnes qui défilent partout en France pour défendre
leur emploi, leur pouvoir d'achat, leur salaire, leurs droits et les services
publics. En leur nom, je m'adresse à vous, monsieur le Premier ministre, avant
de les rejoindre. (" Ah ! " sur les bancs du groupe de l'Union pour un
mouvement populaire.) Vous aviez annoncé qu'en 100 jours vous redonneriez
le moral aux Français. Force est de constater que c'est raté : 75 % de nos
concitoyens soutiennent la journée de mobilisation unitaire d'aujourd'hui !
(Exclamations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement
populaire.) C'est dire leur inquiétude, leur colère, leurs attentes
! L'aveuglement ultra-libéral de votre gouvernement a sévi durement cet été :
contrats nouvelles embauches qui légalisent les licenciements sans motif,
extension de la précarité, casse du code du travail, démantèlement continu des
services publics, privatisations à marche forcée des autoroutes, d'EDF ou, à
coups de GIGN, de la Société nationale Corse Méditerranée ! (Protestations
sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.) La
sanction des chômeurs répond à votre impuissance face aux diktats des
licencieurs boursiers, tel le groupe Hewlett-Packard devant lequel vous êtes
comme une poule qui aurait trouvé un couteau ! (Exclamations sur les bancs du
groupe de l'Union pour un mouvement populaire.) Les Français, le monde du
travail, n'en peuvent plus de votre politique écrasante toute vouée aux intérêts
des grandes sociétés financières et industrielles et des boursicoteurs. Ils
l'ont d'ailleurs dit en votant majoritairement non lors du référendum. Votre
amie et complice Mme Parisot (" Ah ! " sur les bancs du groupe de l'Union
pour un mouvement populaire), présidente du MEDEF, ose clamer que l'on ne
peut donner ce que l'on n'a pas. Le mépris, ça suffit ! Les entreprises du
CAC 40 attendent cette année un record historique de bénéfices : 75 milliards
d'euros ! Le groupe Total, qui rackette les automobilistes, roule au rythme d'un
milliard d'euros de profits par mois, soit une augmentation de 44 % en un an !
Pendant que les richesses s'accumulent dans les mains d'une poignée de
privilégiés qui vivent dans un luxe insolent, la majorité de notre peuple en
paye le prix : la France est en régression sociale. Pourtant, l'argent existe
! On pourrait l'utiliser autrement. Il pourrait servir à revaloriser les
salaires et à financer les besoins sociaux et collectifs, ce qui donnerait un
sacré coup de pouce à la relance de l'économie ! Monsieur le Premier
ministre, allez-vous enfin prendre la mesure de la lame de fond qui monte dans
tout le pays ? (Exclamations sur les bancs du groupe de l'Union pour un
mouvement populaire.) M. le président. La parole est à
M. le Premier ministre. M. Dominique de Villepin, Premier
ministre. Vous êtes aujourd'hui bien seul, monsieur le président Bocquet,
(Sourires) mais j'ai grand plaisir à tenter de vous apporter quelques
éléments de réponse. Mon gouvernement est mobilisé sur l'ensemble des fronts.
Face aux menaces de délocalisation ou de restructuration, nous agissons pour
l'emploi. Vous l'avez vu à Romans pour les entreprises Kélian et Jourdan, à
Grenoble face à Hewlett-Packard, ou à Marseille avec Nestlé et la SNCM. Je me
souviens d'autres gouvernements, que vous avez soutenus et auxquels vous avez
participé, pour lesquels la réponse n'était pas l'action et qui n'avaient rien
fait d'autre que le constat de l'impuissance publique. M. Claude
Évin. Bavardage ! M. le Premier ministre. Ce n'est
pas le style de mon gouvernement ! (Applaudissements sur plusieurs bancs du
groupe de l'Union pour un mouvement populaire.) Nous agissons aussi pour
les services publics, car il faut les moderniser. Le plan Hôpital 2007, la
rénovation des bâtiments universitaires, le travail fait pour mieux répondre aux
besoins de La Poste et la création d'une banque postale participent de cette
ambition de modernisation. En matière de protection sociale, nous agissons
pour défendre la sécurité sociale et la pérenniser. Le déficit de l'assurance
maladie, qui dépassait 12 milliards d'euros, sera de 6 milliards en 2006. Il en
faut du courage, de la constance, de la détermination pour en arriver là ! Le
projet de budget pour 2006 porte la marque de notre ambition et de notre
volonté. Nous avons fait un choix : nous nous sommes fixé comme objectif une
croissance à 2,25 %. Il en faut de l'audace, il en faut du courage pour faire
cela ! (Sourires sur les bancs du groupe socialiste.) Mais nous serons au
rendez-vous de la croissance, car nous mettons toute notre énergie, tous nos
moyens pour y arriver. Il serait tellement plus facile de rester les bras
ballants au bord du chemin à regarder passer le train de l'histoire, alors que
les autres pays se mobilisent et relèvent le défi ! Mais la France est debout !
Elle travaille, elle avance et elle gagnera ! (Applaudissements sur les bancs
du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
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