RÉGLEMENTATION
DU
TRANSPORT DE BOIS SUR ROUTE
M. le président. La parole
est à M. Jean Proriol, pour exposer sa question n° 218, relative à la
réglementation du transport de bois sur route.
M. Jean Proriol. Je
souhaite appeler l'attention de M. le secrétaire d'Etat aux transports et à
la mer sur les règles applicables aux transports de bois sur route. On connaît
les difficultés rencontrées par l'ensemble de la profession des transports
routiers : la croissance très forte du secteur, les difficultés de recrutement
qu'elle implique et surtout les incidences de la mondialisation qui font que le
marché est tributaire des règles juridiques et sociales des pays voisins : les
charges y sont bien inférieures aux nôtres et nous souhaitons une harmonie le
plus rapidement possible.
Ces
facteurs menacent la survie des petites et même, dorénavant, des grandes
entreprises de transport françaises.
Or, s'agissant plus spécifiquement
du transport de bois, s'ajoute à ces difficultés une réglementation fondée sur
un respect et un souci de protection de la voirie bien légitime, mais qui
contraint fortement les entreprises et met en péril leur économie. Ce dossier
comporte deux volets, celui relatif aux transports de bois ronds - les
billons - et celui relatif aux transports de bois en grumes : les grands
troncs non coupés, pour les non-spécialistes.
En ce qui concerne le transport de
bois ronds, les choses sont très claires. Lors de l'adoption de la loi
d'orientation sur la forêt du 9 juillet 2001, l'article 17 a donné
satisfaction aux transporteurs de bois ronds puisqu'il autorise pour une durée
de cinq ans le transport desdits bois sur des itinéraires identifiés avec un
poids total roulant jusqu'à 52 tonnes pour des ensembles de véhicules à
cinq essieux et jusqu'à 57 tonnes pour six essieux. Cet article répondait
aux souhaits de la profession en permettant un transport supérieur à
40 tonnes pour une garantie de rentabilité, tout en respectant l'intérêt
général puisque le surplus de tonnage octroyé est raisonnable en termes de
sécurité et que la définition des itinéraires autorisés est renvoyée aux «
autorités publiques compétentes » sur le terrain. Cependant, la loi a nécessité
un décret d'application : ce projet de décret a été présenté au Conseil d'Etat
et a obtenu en décembre 2002 un avis favorable. Or, il n'est toujours pas
publié. Le temps presse car l'autorisation de cinq ans, faute d'une prise de
décision rapide par le gouvernement de la gauche plurielle, ne porte donc déjà
plus que sur trois ans.
En ce
qui concerne le transport des bois en grumes, leur grande longueur les classe
dans la catégorie des transports exceptionnels. Le poids n'est donc pas le
critère déterminant. Ainsi, si le dépassement de la longueur normale est bien
autorisé, le dépassement d'un chargement de 40 tonnes, lui, ne concerne pas
l'ensemble des transports de bois en grumes. Seule une augmentation à 44 et
48 tonnes est accordée pour cinq et six essieux.
Une telle différence de traitement
entre bois ronds et bois en grumes semble pour le moins injustifiée puisque le
matériel utilisé pour le transport du bois en grumes est identique à celui
servant au transport du bois rond. Je souhaiterais savoir où en est la mise en
oeuvre du dispositif autorisant l'augmentation du tonnage pour le transport de
bois ronds et quand une harmonisation entre transport de bois ronds et en grumes
sera établie.
M. le président. La
parole est à M. le secrétaire d'Etat au tourisme.
M. Léon Bertrand, secrétaire d'Etat au tourisme. Monsieur le
député, la loi d'orientation sur la forêt du 9 juillet 2001 prévoit
dans son article 17, pour une durée de cinq ans, le transport de bois ronds
avec des véhicules dont le poids total roulant peut aller jusqu'à 50 tonnes
ou 72 tonnes selon les itinéraires arrêtés par les autorités
compétentes.
Un décret
réglementant cette circulation par dérogation au code de la route et de façon
temporaire a été établi en concertation avec les professionnels du transport du
bois. Ce décret a reçu l'avis favorable du Conseil d'Etat ainsi que le visa de
M. Bussereau. Il est actuellement en cours de signature et sera publié
prochainement. Les contraintes particulières qu'engendre la fréquence de ces
transports sur les ouvrages d'art et sur les chaussées fait qu'une
généralisation plus favorable ne peut être envisagée de façon permanente.
Par ailleurs, le transport de bois
en grumes de grande longueur reste, quant à lui, soumis à la réglementation des
transports exceptionnels qui prévoit la possibilité de convois allant jusqu'à
48 tonnes sur un itinéraire donné, sous réserve de l'obtention des
autorisations correspondantes.
Ce type particulier de transport
n'a pas été intégré dans le cadre de l'application de la loi sur la forêt pour
prendre en compte les dispositions européennes fixant les dimensions maximales
en trafic national et international, et les poids maximaux autorisés en trafic
international.
M. le président. La
parole est à M. Jean Proriol.
M. Jean Proriol. Vous
avez, monsieur le secrétaire d'Etat, confirmé à la représentation nationale que
la signature du décret aurait lieu incessamment. Je vous en remercie.
Je constate par contre que,
concernant le transport des bois en grumes, il n'y a pas d'avancée. Je le
déplore et me réserve le soin de revenir sur cette question lors de l'examen du
projet de loi sur le développement rural que prépare M. le ministre de
l'agriculture.
En tout cas,
j'invite M. le secrétaire d'Etat aux transports et à la mer,
M. Bussereau, à travailler à l'harmonisation de la législation concernant
ces deux types de transport : utilisant les mêmes véhicules et les mêmes
itinéraires, ils devraient avoir les mêmes autorisations de tonnage.