Texte de la QUESTION :
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L'Iran vient de confirmer avoir procédé à un essai réussi de son missile balistique Shahab 3, d'une portée de 1 300 kilomètres, c'est-à-dire capable de frapper le coeur d'Israël. Devant le refus de Téhéran d'autoriser des inspections à l'improviste de ses installations nucléaires, il est légitime de s'inquiéter de la destination de ces missiles. Aussi, M. Jérôme Rivière demande à Mme la ministre de la défense si, au regard des informations dont la France dispose, on peut craindre qu'une ogive chimique bactériologique ou nucléaire soit fixée à ce vecteur.
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Texte de la REPONSE :
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Le missile balistique Shahab 3, que l'Iran développe en coopération avec la Corée du Nord et qui est officiellement déployé depuis juin 2003, possède les dimensions adéquates pour emporter une arme nucléaire rustique et a fortiori des armes polluantes (charges biologiques ou chimiques). Ce missile, d'une portée comprise entre 1 000 et 1 300 km, en fonction de la charge emportée (de 1 000 à 700 kg), serait un dérivé du Nodong (diamètre 1 300 mm). Les Iraniens ne procéderaient qu'à l'assemblage de composants importés et ne maîtriseraient pas complètement la production industrielle de ce missile. On estime qu'ils ne pourraient disposer que d'une dizaine d'exemplaires déjà assemblés à partir d'éléments fournis par la Corée du Nord. Les missiles balistiques ne constituent pas des moyens bien adaptés pour la dispersion d'armes polluantes. Leur utilisation à cette fin nécessite la mise au point de dispositifs complexes destinés à réduire leur vitesse dans la phase finale du vol afin de permettre une dissémination efficace des produits. Les missiles balistiques sont a contrario mieux adaptés pour l'emport d'une arme nucléaire. Leur importante vitesse de rentrée réduit leur vulnérabilité face à la défense adverse, sauf si celle-ci est spécifiquement conçue contre ce type d'arme (défense antimissiles balistiques). Toutefois, la militarisation d'une charge nucléaire sur un engin balistique pose plusieurs difficultés techniques telles que la stabilité en vol du missile et le déclenchement au moment adéquat de la charge nucléaire. Or, Téhéran ne paraît pas avoir mené les travaux nécessaires pour résoudre ces problèmes. Le recours à un bombardier paraît aujourd'hui la solution la plus vraisemblable pour l'emport d'une éventuelle arme nucléaire iranienne.
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