DEBAT :
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UNE POLITIQUE POUR LES BANLIEUES M.
le président. La parole est à Mme Marie-George Buffet, pour le groupe
des député-e-s communistes et républicains. Mme Marie-George
Buffet. Monsieur le Premier ministre, nous vivons des événements d'une
extrême gravité : deux adolescents sont morts pour rien. À cette tragédie, qui
s'est abattue sur une population déjà marquée par la souffrance sociale et par
les discriminations, se sont ajoutés, de la part des membres du Gouvernement,
des versions mensongères et des propos stigmatisants. L'inacceptable était
atteint provoquant l'explosion. Son bilan est déjà lourd. Les violences
existent, insupportables et tragiques, comme celle qui a coûté la vie d'un homme
à Épinay. La police et la justice ont besoin de moyens pour les combattre, et
non de déclarations guerrières à visée présidentielle. Un député du
groupe de l'Union pour un mouvement populaire. Alors votez le budget
! Mme Marie-George Buffet. La stratégie de la tension, que
suit le ministre de l'intérieur, est irresponsable. (Protestations sur les
bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.) M.
Jean-Michel Ferrand. Adressez-vous à lui, il est là ! Mme
Marie-George Buffet. Il déclare aller chaque semaine en banlieue, mais
les hommes et les femmes de ces banlieues, dans toute la France, n'acceptent
plus que l'on traite leurs enfants de " racaille " ou de " voyous ".
(Protestations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement
populaire.) Ce qu'ils veulent, c'est que l'on respecte leur droit de
vivre dignement et dans la tranquillité, tout ce qui leur est aujourd'hui refusé
par votre politique, qui ne fait qu'aggraver la ségrégation sociale, les
inégalités territoriales, la précarité. (Protestations sur les bancs du
groupe de l'Union pour un mouvement populaire.) Il faut que toute la
transparence soit faite sur les événements de Clichy. C'est pourquoi François
Asensi et tous les membres de notre groupe ont demandé une commission
d'enquête. Mais, dans l'immédiat, des décisions urgentes sont à prendre pour
faire droit aux attentes des habitants. Monsieur le Premier ministre, vous venez
de parler d'un plan d'urgence. Allez-vous dégager les moyens nécessaires pour
redéployer une police de proximité, pour permettre à la justice et aux services
de protection des mineurs de remplir pleinement leur rôle, pour assurer à chaque
enfant une scolarité de la réussite par la présence d'enseignants et d'adultes
qualifiés en nombre suffisant, notamment dans les collèges,... Mme
Nadine Morano. Que font les parents ? Mme Marie-George
Buffet. ...pour permettre à chaque jeune d'avoir accès à un emploi
stable, pour redonner aux associations les subventions dont elles ont besoin
pour agir sur le terrain avec les familles et les jeunes ? (Applaudissements
sur les bancs du groupe des député-e-s communistes et républicains et sur
quelques bancs du groupe socialiste.) M. le président.
La parole est à M. le Premier ministre. M. Dominique de
Villepin, Premier ministre. Madame la députée, revenons aux
réalités. Mme Marie-George Buffet. La réalité, je la vis
! M. le Premier ministre. Deux enfants sont morts, un homme
a été lâchement assassiné. Ces drames impliquent que nous nous rassemblions tous
autour des valeurs qui fondent notre République. M. Georges
Tron. Très bien ! M. le Premier ministre. Quelle
est la réalité quotidienne pour trop de Françaises et de Français de nos
quartiers ? Ce sont près de 180 voitures qui ont brûlé au cours des derniers
jours, ce sont des commerçants qui ont été agressés, ce sont des enfants qui
n'osent plus sortir, ce sont des mères de famille qui n'osent plus retourner au
travail. Cela n'est pas tolérable ! Rien ne justifie de telles violences, rien
ne justifie de telles dégradations, rien ne justifie de telles atteintes aux
biens collectifs et aux biens d'autrui. (Applaudissements sur les bancs du
groupe de l'Union pour un mouvement populaire.) Le Gouvernement assurera
l'ordre public. Il le fera avec la fermeté nécessaire. C'est la tâche difficile
de Nicolas Sarkozy (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour
un mouvement populaire), qui est pleinement mobilisé ; c'est la tâche
difficile des élus locaux, auxquels je veux rendre solennellement hommage ;
c'est la tâche difficile de tous ceux qui servent dans les quartiers et à qui je
veux réaffirmer ma confiance - les forces de l'ordre, les agents municipaux, les
médecins et les infirmières, les enseignants, les pompiers - et qui doivent être
respectés pour ce qu'ils sont comme pour ce qu'ils font au service des
autres. Le Gouvernement agira aussi dans un esprit de justice. Vous pouvez
compter sur lui pour lutter contre toutes les formes de discrimination et pour
renforcer le service public partout où cela est nécessaire. M.
Bernard Roman. Avec quels moyens ? M. le Premier
ministre. Il y mettra la même ardeur qu'à défendre l'emploi, qui est,
vous le savez, notre priorité absolue. (Applaudissements sur les bancs du
groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
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