INSUFFISANCE DES EFFECTIFS
DE MAÎTRES NAGEURS SAUVETEURS
M. le président. La parole
est à M. Jacques-Alain Bénisti, pour exposer sa question, n° 236, relative
à l'insuffisance des effectifs de maîtres nageurs sauveteurs.
M.
Jacques-Alain Bénisti. Monsieur le ministre des sports, ma question est
liée à la situation alarmante à laquelle je dois faire face, en tant que maire
de Villiers-sur-Marne, commune de 28 000 habitants, pour assurer le
fonctionnement de la piscine municipale, faute de disposer de personnels
qualifiés pour enseigner la natation et y surveiller les bassins. Cette
situation alarmante se rencontre d'ailleurs dans d'autres villes du Val-de-Marne
et sur l'ensemble du territoire national.
Vous n'êtes pas sans savoir que les
établissements publics souffrent d'une pénurie d'effectifs qualifiés de maîtres
nageurs sauveteurs, les MNS, diplômés du brevet d'Etat d'éducateur sportif des
activités nautiques, le BEESAN, ce qui a pour conséquence de ne pas permettre
d'assurer une parfaite sécurité du public et des classes scolaires qui
fréquentent les piscines municipales. En ce qui me concerne, cela m'oblige, en
tant que maire, à fermer de plus en plus fréquemment la piscine municipale, ma
responsabilité pouvant être recherchée non seulement devant la justice
administrative, mais aussi, le cas échéant, devant la justice pénale.
Cela dit, il est très regrettable
que, pour des problèmes d'équivalence de diplômes et de reconnaissance des
capacités professionnelles, notre piscine municipale soit contrainte de modifier
ses prestations et de réduire de moitié la fréquentation des enfants scolarisés
de la ville, et ce à des âges ou l'enseignement sportif est si important, et
alors que nous sommes dotés des infrastructures suffisantes pour les
accueillir.
J'appelle votre
attention sur le fait que ce problème semble assez général. En effet, j'ai fait
réaliser une étude dans quelques villes de ma circonscription d'où il ressort
que plus de 40 % d'entre elles connaissent les mêmes difficultés, au point
d'être obligées de réduire les créneaux horaires d'ouverture des piscines
municipales au public, notamment les week-ends et lors des vacances scolaires,
périodes durant lesquelles ces établissements sont particulièrement fréquentés.
Un centre nautique est même dans l'obligation de fermer complètement entre le
1er février et le 30 juin.
A l'heure de la décentralisation et
de la réforme de l'Etat, et alors que plusieurs ministres du Gouvernement
prônent le retour à la qualité du service public et la simplification des
procédures administratives, il est urgent de trouver des modalités simples
permettant d'intégrer des personnels diplômés d'Etat dans la fonction publique
territoriale et de mettre fin à la précarité de la profession en question,
notamment en modernisant le recrutement, le dispositif de titularisation et le
système d'évolution de carrière des maîtres nageurs sauveteurs.
Aussi, monsieur le ministre, face à
cette situation alarmante qui ne fait qu'empirer depuis plusieurs années,
permettez-moi de vous poser les trois questions suivantes.
Premièrement, comment comptez-vous
redonner un peu d'attrait à la profession de maître nageur sauveteur et mettre
fin à la précarité qui la caractérise ? Vous n'ignorez pas que les MNS sont très
fréquemment employés comme contractuels. Pour bénéficier du statut d'agent des
collectivités territoriales, ils doivent, en plus du diplôme dont ils sont
titulaires, passer un concours de la fonction publique territoriale, ce qui est
difficile à faire comprendre et décourage nombre de candidats.
En outre, les quotas qu'instaure la
loi sur la filière sportive limitent leurs évolutions de carrière, ce qui
n'incite pas à s'engager dans cette filière. Notre enquête a d'ailleurs révélé
que, pour pallier les manques réguliers ou occasionnels, 73 % des établissements
interrogés font appel de façon régulière à des contractuels ou à des personnels
titulaires du brevet national de secourisme et de sauvetage aquatique, lesquels
ne peuvent enseigner. C'est bien la preuve, s'il fallait encore la faire, du
malaise que nous vivons.
M. le président. Mon cher
collègue, veuillez conclure.
M. Jacques-Alain Bénisti.
Deuxièmement, que comptez-vous faire pour supprimer la discrimination qui
existe, à qualification égale, entre les trois catégories de la fonction
publique ? Il semble injuste de refuser à un maître nageur sauveteur titulaire
d'un BEESAN l'agrément pour enseigner parce qu'il est titularisé en catégorie C,
alors qu'on le permet aux personnels des catégories A et B. Ne faudrait-il pas
modifier l'article L. 363-1 du code de l'éducation, qui fixe les critères
de qualification des personnes chargées d'enseigner et d'encadrer les activités
physiques et sportives, afin de supprimer cette discrimination ?
Troisièmement, enfin, pourriez-vous
nous informer de l'évolution des réflexions menées ces dernières années par
votre ministère pour aménager la loi du 24 mai 1951 - notamment les dispositions
relatives au épreuves et aux programmes des concours, ainsi qu'aux mécanismes de
recrutement -, afin de rendre plus cohérentes et plus facilement empruntables
les passerelles qui permettent aux personnels diplômés du ministère de la
jeunesse et des sports d'avoir accès à la fonction publique territoriale ?
M. le
président. Permettez-moi, mon cher collègue, de faire une remarque de
pure forme pour l'avenir : on peut dire la même chose avec moins de mots. Si
chaque orateur s'exprimait aussi longuement, nous ne pourrions pas examiner dans
la matinée les trente questions inscrites à l'ordre du jour.
M.
Jacques-Alain Bénisti. Je suis d'accord, monsieur le président, mais
chaque mot compte.
M. le président. La parole
est à M. le ministre des sports.
M. Jean-François Lamour, ministre des sports. Monsieur le député, vous
avez bien voulu appeler mon attention sur la situation difficile à laquelle vous
devez faire face, en tant que maire de Villiers-sur-Marne, s'agissant du
fonctionnement de la piscine municipale de votre ville, du fait du manque de
personnels propres à assurer l'enseignement de la natation et la surveillance
des bassins.
Conscient de ce
problème que rencontrent un très grand nombre de maires en matière de
surveillance des plans d'eau et des baignades, j'ai engagé, dès ma prise de
fonction, une concertation sur cette question avec le ministère de l'intérieur,
dont vous savez qu'il est également chargé de la filière sportive
territoriale.
Sur la base des
conclusions rendues par un groupe de travail, mes services organiseront le
27 mars prochain une réunion - j'ai d'ores et déjà reçu les
représentants des organisations syndicales qui y participeront - consacrée
à la rénovation de l'ensemble de la filière des activités aquatiques. Cette
réunion rassemblera les acteurs concernés : fédérations sportives, organisations
professionnelles, Association des maires de France, ministère de l'intérieur,
ministère de l'éducation nationale, et, bien évidemment, ministère des
sports.
Elle devrait permettre
de préciser les besoins des collectivités locales en matière de surveillance des
bassins et d'enseignement des activités de natation, et ainsi de mieux définir
les qualifications nécessaires à leur encadrement.
A cette occasion, nous étudierons
la révision de la loi du 24 mai 1951 et de l'ensemble du cadre
réglementaire relatif aux activités aquatiques, ainsi que les modalités de mise
en oeuvre de la validation des acquis de l'expérience, dont vous savez qu'elle
est de plus en plus demandée au sein des directions régionales et
départementales de la jeunesse et des sports.
Je ne manquerai pas, à l'issue de
cette réunion, de vous faire part des décisions qui auront été prises dans ce
cadre.
En ce qui concerne la
situation particulière de votre commune, la direction départementale de la
jeunesse et des sports du Val-de-Marne est en relation avec les services
communaux de Villiers-sur-Marne pour évoquer les difficultés rencontrées et pour
envisager les éventuelles dérogations qui pourraient être accordées aux
titulaires du brevet national de sécurité et de sauvetage aquatique, le BNSSA,
afin que la surveillance des bassins soit assurée pendant la période
estivale.
Depuis trois ans une
formation au brevet d'Etat d'éducateur sportif des activités de la natation, le
fameux
BEESAN, a été mise en
place par la DDJS pour mieux répondre aux besoins des maires de votre
département en matière de surveillance des baignades.
Il est à noter,
monsieur le député-maire, que des éducateurs sportifs territoriaux de
Villiers-sur-Marne participent d'ores et déjà à cette formation et que plusieurs
stagiaires ont suivi leur stage pratique à la piscine de votre commune.
M. Jacques-Alain
Bénisti. Merci, monsieur le ministre.